Étiquettes
A la demande de l’Arabie Saoudite,Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé sa démission . Il dit craindre pour sa vie, au moment où il se trouve en Arabie saoudite. Photo d’archives AFP / ANWAR AMRO
« J’annonce ma démission du poste de Premier ministre », a déclaré M. Hariri, qui se trouve actuellement en Arabie saoudite, dans un discours retransmis par la chaîne satellitaire al-Arabiya.
« Malheureusement, j’ai réalisé que des compatriotes sont mains dans la main avec l’Iran qui cherche à soustraire le Liban de son environnement arabe. Peuple glorieux du Liban, le Hezbollah a réussi, grâce à ses armes, à imposer une situation de fait ».
« J’annonce ma démission de la présidence du gouvernement en étant convaincu que la volonté des Libanais est la plus forte, et qu’ils réussiront à surmonter la tutelle, qu’elle vienne de l’intérieur ou de l’extérieur ».
Réactions
Le chef de l’Etat, Michel Aoun, a reçu un appel téléphonique de la part de M. Hariri qui l’a informé de sa démission. M. Aoun attend le retour de M. Hariri au Liban afin d’évoquer avec lui les circonstances de sa démission pour en tirer les conséquences, ajoute le communiqué de la présidence.
Il n’est toujours pas clair si Saad Hariri compte retourner au Liban.
Le chef du Législatif libanais, Nabih Berry, qui se trouve actuellement en Egypte, a annoncé pour sa part qu’il rentrait immédiatement au Liban afin de suivre les derniers développements.
Walid Joumblatt, a, lui, jugé que « ce n’est pas le moment pour Saad Hariri de démissionner, cela va avoir des répercussions graves sur l’économie libanaise et sur le Liban. Saad Hariri avait dit à l’époque que l’objectif de son gouvernement était d’assurer la stabilité du pays, et aujourd’hui, c’est cette stabilité qui doit primer ».
« C’est honteux. Saad Hariri doit se respecter et respecter le Liban. C’est honteux qu’il ait présenté sa démission à Riyad et pas à Beyrouth. » C’est en ces termes virulents qu’une source proche du 8 Mars a de son côté commenté à chaud la démission du Premier ministre. « Nous sommes patients et raisonnables, mais il y a des limites. Ils nous accusent d’être liés à l’Iran, mais l’Iran n’a jamais dicté au Liban ce qu’il doit faire ou pas », a tonné cette source qui a requis l’anonymat.
Vendredi, Ali Akbar Wilayati, conseiller diplomatique du guide suprême iranien, Ali Khamenei, était en déplacement à Beyrouth. A l’issue d’un entretien avec Saad Hariri, le responsable iranien avait rendu un vibrant hommage à ce dernier et avait loué le gouvernement libanais car regroupant les coalitions adverses du 8 et du 14 Mars.
Depuis plusieurs jours, le ministre d’État saoudien pour les Affaires du Golfe, Thamer el-Sabhane, tenait des propos virulents à l’encontre de l’Iran et du Hezbollah. Il avait ainsi appelé le gouvernement libanais à exercer sa pression sur le parti chiite. Thamer el-Sabhane avait également lancé : « Ceux qui croient que mes tweets représentent mon propre point de vue se font des illusions. Ils verront dans les prochains jours ce qui va se passer. Quelque chose d’extraordinaire va se produire. »
Saad Hariri avait rencontré lundi à Riyad le prince héritier d’Arabie, Mohammad Ben Salmane, et avait affirmé être totalement en phase avec Riyad pour ce qui a trait à la stabilité du Liban. Saad Hariri avait également été reçu le lendemain par Thamer el-Sabhane.
Le premier ministre libanais était régulièrement contesté même au sein de son propre camp en raison de la présence de ministres du Hezbollah dans le gouvernement, et était soumis à de nombreuses pressions, tant locales que régionales, sa société Oger Saudi en quasi faillite ne bénéficiant d’aucune aide publique en Arabie Saoudite.
