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Par   Marcelo Wesfreid

Le ministre de la Transition écologique a surpris en annonçant le report de l’objectif de réduction du nucléaire dans le mix énergétique. Il a donné des arguments à ses détracteurs.

Ses anciens amis écologistes ne sont pas contents. Pas contents du tout. L’annonce du report de la réduction de la part de nucléaire dans le mix énergétique – 50% à l’horizon 2025 – par le ministre de la Transition écologique et solidaire leur apparaît comme un vrai renoncement. Voire, une énième couleuvre avalée par l’ex animateur d’Ushuaia. «Nicolas Hulot est en train d’enterrer une loi votée il y a deux ans (la loi de transition énergétique), tempête l’eurodéputé EELV Yannick Jadot. C’était quasiment la seule chose que l’ancien président avait faite en matière d’environnement.» Et d’ajouter: «Nicolas Hulot est la carte magique, la caution d’un gouvernement qui ne fait rien en matière écologique. Regardez les reculades sur les perturbateurs endocriniens, le glyphosate, la transition écologique!». De son côté, l’ex ministre de l’Écologie Ségolène Royal reste interdite et réserve ses déclarations: «J’étudie les raisons des annonces de Nicolas Hulot», dit-elle au Figaro.

Irréaliste

En réalité, cette mise au point n’est pas tout à fait une surprise. Cela faisait plusieurs mois que l’entourage du ministre le plus populaire du gouvernement laissait entendre que la réforme votée par François Hollande, dont Emmanuel Macron avait repris les objectifs chiffrés dans sa campagne, était irréaliste. Déçu, contrarié par certains arbitrages, Hulot avait au passage laissé filtrer ses états d’âme, ses envies de claquer la porte du gouvernement. Sans pour autant mettre ses menaces à exécution.

Pour tenir le rythme de fermeture des centrales, Nicolas Hulot avait rappelé publiquement la nécessité de fermer au moins 17 réacteurs, dans les plus brefs délais. Seulement voilà: aucun réacteur n’a encore été fermé et le développement de l’éolien peine à décoller en raison d’un trop grand nombre de recours administratifs. D’où une réalité: le gouvernement s’étant engagé à fermer toutes les centrales à charbon, le nucléaire demeure toujours un pilier de la production énergétique nationale.

Reculer pour mieux sauter

Le numéro 3 du gouvernement, qui s’est exprimé en marge du conseil des ministres, flanqué de ses deux secrétaires d’État, n’a pas formulé de nouveau calendrier pour une sortie progressive du nucléaire. «L’objectif est décalé dans le temps», a-t-il simplement assuré. «Personne ne peut douter de la sincérité de Nicolas Hulot, commente le marcheur de la première heure Arnaud Leroy. Il démontre qu’on peut faire de l’écologie responsable. Il n’est pas question de se retrouver avec un black-out dans le pays, où les gens seraient plongés dans le noir.» Le député Matthieu Orphelin, proche de Hulot, note que selon RTE, le gestionnaire des lignes à hautes tensions, il existe un scénario de réduction du nucléaire qui permettrait de tenir les engagements de réduction de moitié à l’horizon «2025-2030», en «multipliant par trois les énergies renouvelables».

La star de l’écologie Nicolas Hulot, qui assume une forme de «réalisme», va maintenant devoir démontrer qu’il s’agit de reculer pour mieux sauter. Le ministre annonce pour l’an prochain un plan de programmation pluriannuelle qui permettra d’avancer réellement. Et il rejette la responsabilité sur le quinquennat Hollande, qui a inscrit dans l a loi des objectifs ambitieux sans penser à instaurer de «dispositifs» concrets pour y parvenir.

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