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Conseil de sécurité, Les Etats-Unis, Russie, Syrie, veto russe
Le vote du conseil de sécurité à l’ONU à New York, le 16 novembre. /REUTERS /Lucas Jackson
Les projets de résolution américain et russe ont été rejetés au Conseil de sécurité de l’ONU jeudi. Le Japon a demandé une extension de 30 jours pour trouver un compromis sur le sort du JIM
Deux projets de résolution concurrents, l’un américain, l’autre russe, visant à prolonger d’un an le mandat des experts internationaux enquêtant sur les attaques chimiques en Syrie ont été rejetés au Conseil de sécurité de l’ONU jeudi. La séance a été houleuse.
Le Japon a ensuite fait circuler un projet de résolution demandant une extension de 30 jours qui permettrait de trouver un compromis sur le sort de ce groupe d’enquêteurs, appelé JIM, qui regroupe des experts de l’ONU et de l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques). Ce texte charge le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de soumettre au conseil dans 20 jours «des propositions sur la structure et la méthodologie» mise en place par le JIM.
La Russie avait d’abord mis son veto, le dixième concernant la Syrie, à un texte américain, approuvé par onze pays et qui a fait l’objet de deux votes contre (Russie et Bolivie) et de 2 abstentions (Chine et Egypte).
Lors d’un deuxième scrutin, le projet russe avait été rejeté, recueillant 4 votes pour, 7 contre et 4 abstentions. Il fallait une majorité de 9 voix pour faire adopter le texte sans veto d’un membre permanent.
«Un spectacle médiatique»
Selon des diplomates, le mandat du JIM s’achève vendredi soir et non jeudi comme indiqué jusqu’alors. Le conseil devrait se pencher sur la proposition nipponne vendredi matin.
Tout au long de l’après-midi, les échanges au sein du Conseil de sécurité avaient été acrimonieux. «Triche», «trahison», «malhonnêteté» ont figuré parmi les amabilités échangées entre les ambassadeurs au langage d’habitude plus policé. Le représentant égyptien a déploré «un spectacle médiatique», son homologue bolivien qualifiant la séance d’«inhabituelle».
«La Russie a tué le mécanisme d’enquête qui avait un soutien général dans ce conseil», a lancé l’ambassadrice américaine, Nikki Haley. «Le message est clair: la Russie accepte le recours aux armes chimiques en Syrie!»
Le JIM présente «des lacunes fondamentales», avec le recueil de témoignages douteux, des approximations dans le travail d’enquête, a rétorqué l’ambassadeur russe, Vassily Nebenzia. «La Russie ne pouvait pas voter le projet américain et tout le monde le savait», a-t-il insisté.
Le veto russe indigne
Plusieurs pays ont souligné l’isolement de la Russie, l’un des principaux soutiens de la Syrie, et chaque grande puissance a tenté de rejeter la responsabilité de l’échec du conseil sur l’autre.
«La France est consternée par ce résultat dû au veto russe», a souligné l’ambassadeur français, François Delattre. «La Russie a échoué à promouvoir la paix en Syrie» en «refusant d’être constructive», a abondé son homologue britannique, Matthew Rycroft.
Derrière cette question de l’avenir du JIM, c’est l’ensemble du régime de non-prolifération établi par les Nations unies pour interdire dans le monde le recours aux armes chimiques qui est en jeu, selon des diplomates.
Les deux projets de résolution des Etats-Unis et de la Russie étaient très différents. Ils ne s’accordaient que sur un point: un an de renouvellement. Le texte russe réclamait une révision en profondeur de la mission du JIM et un gel de son dernier rapport impliquant le régime de Bachar al-Assad dans une attaque au gaz sarin en avril. Washington s’y opposait et, soutenu par les Européens, réclamait des sanctions contre les responsables d’utilisation d’armes chimiques en Syrie.
La Russie dénonce les approximations du rapport du JIM
En jouant leur «spectacle» sur le prolongement du mandat des experts chargés d’enquêter sur les attaques chimiques en Syrie, les alliés de Washington souhaitent exclure la Russie du règlement politique dans ce pays, estime l’ambassadeur russe à l’Onu.
Les États-Unis ont présenté au Conseil de sécurité de l’Onu leur projet de résolution sur le prolongement du mandat de la commission d’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie afin de remettre en question le rôle de Moscou dans le règlement politique de ce pays, a déclaré vendredi l’ambassadeur russe à l’Onu, Vassili Nebenzia.
M. Nebenzia a fait remarquer que son homologue britannique avait «lâché le mot» en disant que la Russie n’avait pas sa place dans le processus politique en Syrie, et c’est là, selon le diplomate russe, la raison du «spectacle» joué à l’Onu, dont l’objectif serait de «remettre en question le rôle de la Russie dans le processus politique du règlement syrien».
Source: agences