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Des Palestiniens brûlent des affiches à l’effigie de Donald Trump et de Benyamin Nétanyahou.

À Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, des Palestiniens brûlent des affiches à l’effigie de Donald Trump et de Benyamin Nétanyahou en réaction à l’intention des États-Unis de déménager leur ambassade à Jérusalem. Photo : Reuters/Ibraheem Abu Mustafa

Tout indique que Donald Trump est sur le point de prendre une décision historique et explosive. En dépit de multiples mises en garde, notamment celle du pape François, le président américain doit rompre mercredi à 13 h avec des décennies de diplomatie américaine et internationale et reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

Radio-Canada avec Agence France-Presse

Il tiendra ainsi son engagement de campagne et ne fera là que reconnaître « une réalité » à la fois historique et contemporaine, a dit un responsable américain sous le couvert de l’anonymat.

La communauté internationale n’a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël ni l’annexion de sa partie orientale conquise en 1967, si bien que les ambassades étrangères sont installées à Tel-Aviv.

Si Israël considère la Ville sainte comme sa capitale « éternelle » et « réunifiée », les Palestiniens estiment au contraire que Jérusalem-Est doit être la capitale de l’État auquel ils aspirent.

Un juif ultra-orthodoxe, chofar à la main, à Jérusalem.

Un juif ultra-orthodoxe, chofar à la main, célèbre la décision de Donald Trump de déménager l’ambassade à Jérusalem. Photo : Getty Images/Lior Mizrahi

Bien qu’une loi du Congrès américain adoptée en 1995 prévoit de déménager l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, son application est systématiquement bloquée tous les six mois depuis plus de 20 ans.

L’échéance pour un nouveau blocage est passée, lundi, sans que Trump prenne de décision.

Satisfaire sa base

Il semblerait en fin de compte qu’il ira de l’avant avec ce que le professeur d’histoire à l’Université de Montréal Samir Saul qualifie de « geste désespéré ».

« Trump est en difficulté sur le plan politique, la corde se resserre autour de son cou et sa destitution devient de plus en plus proche », explique-t-il.

Il essaie quelque chose pour consolider sa base et satisfaire les religieux évangéliques en particulier. Il joue n’importe quelle carte pour créer un sentiment d’unité derrière lui.

Samir Saul, professeur d’histoire à l’Université de Montréal

C’est une décision qui coûtera très cher aux États-Unis, poursuit M. Saul, et qui fera reculer les États-Unis dans la région. Actuellement, la politique de Trump au Moyen-Orient est de dresser le monde arabe contre l’Iran, explique le professeur. Or ce genre de politique amènerait le monde arabe et l’Iran à se rapprocher.

« Jérusalem n’est pas qu’un enjeu politique, qu’un enjeu israélo-palestinien, c’est aussi un enjeu religieux qui concerne tout le monde arabe et tout le monde musulman », conclut Samir Saul, qui prévoit des manifestations partout dans le monde à la suite de cette annonce.

Aucun allié

Mardi et mercredi, un concert de voix s’est élevé pour s’alarmer notamment du risque de violences causé par la question de Jérusalem, chaudron diplomatique.

L’Iran, bête noire de M. Trump, ne s’est pas privé de pincer la corde religieuse, en déclarant qu’il « ne tolérera pas une violation des lieux saints musulmans ».

Les groupes palestiniens ont appelé à trois « jours de rage ». Dans la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens en colère ont brûlé des drapeaux américains et israéliens et des portraits de Donald Trump.

Un rassemblement est prévu jeudi à Ramallah, en Cisjordanie, territoire occupé par l’armée israélienne depuis 50 ans.

Alors que chacun guettait sa réaction, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou est au contraire resté silencieux sur le sujet depuis le début de la semaine.

M. Nétanyahou, à la tête du gouvernement considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël, a aussi ordonné la discrétion à ses ministres pour ne pas attiser les tensions, selon les médias.

Le roi Salmane d’Arabie saoudite, grand allié de Washington, a prévenu qu’une telle décision risquait de provoquer « la colère des musulmans » et la Turquie a brandi le spectre d’un « incendie » régional en jugeant qu’une reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël « ferait le jeu des groupes terroristes ».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan veut réunir un sommet des dirigeants des principaux pays musulmans le 13 décembre à Istanbul. Une réunion d’urgence de la Ligue arabe pourrait avoir lieu samedi.

La Chine, le Royaume-Uni et le Pakistan ont joint leur voix au concert de réprobation.