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Avec la mort de Johnny Hallyday, dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 décembre, à l’âge de 74 ans, c’est une légende de la chanson française qui disparaît. L’artiste était devenu un mythe vivant en France, ayant conquis un très large public qui appréciait autant sa personnalité et sa sensibilité que ses chansons. Sa carrière est phénoménale, il a enregistré plus de mille titres, composé une centaine de chansons et vendu 110 millions de disques.

« Johnny Hallyday est parti, a déclaré l’épouse du chanteur Laeticia Hallyday dans un communiqué à l’Agence France-presse (AFP). J’écris ces mots sans y croire. Et pourtant c’est bien cela. Mon homme n’est plus. Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité. » L’artiste, qui est décédé des suites d’un cancer du poumon, avait été hospitalisé pour détresse respiratoire, il y a un mois. Après six jours passés dans la clinique Bizet du 16e Arrondissement de Paris, il avait décidé de rentrer à son domicile de Marnes-la-Coquette. Depuis sa femme n’avait plus communiqué via les réseaux sociaux.

Johnny Hallyday posant sur le plateau de l'émission de variétés « Show Johnny Hallyday » réalisée par Jean-Christophe Averty, en 1965.

Johnny Hallyday, pseudonyme de Jean-Philippe Smet, est né le 15 juin 1943, à Paris, d’un père belge et d’une mère française. Ses parents se quittent après sa naissance. L’absence de son père l’obsédera toute sa vie. Jean-Philippe est élevé par sa tante paternelle Hélène Mar, qui s’installe à Londres. Les deux filles Mar sont danseuses classiques. Il découvre avec elles, et l’époux de l’une d’elles, Lee Halliday, le monde du spectacle. Il s’inspirera de son surnom pour choisir son propre nom de scène.

En 1957, c’est le retour à Paris. Il se fait des amis, dont Christian Blondieau, alias Long Chris, Claude Moine, le futur Eddy Mitchell, et Jacques Dutronc. Il adore le cinéma et découvre le rock’n’roll dans les films d’Elvis Presley. Il fréquente assidûment les lieux culte du rock français comme le Golf-Drouot, où il interprète des chansons de Presley.

« Souvenirs souvenirs »

En 1959, il participe à l’émission télévisée « Paris cocktail » et se fait remarquer par le directeur artistique de Vogue, qui l’engage pour un an. En mars 1960 sort un premier disque, avec notamment les titres T’aimer follement et Laisse les filles. La même année, en juin, il sort un deuxième disque, Souvenirs souvenirs, qui est son premier tube. C’est le vrai début de sa carrière. Il commence à se produire sur scène, et triomphe lors du premier festival rock organisé au Palais des sports, en 1961. Il se produit à l’Olympia et sort l’album Salut les copains, en référence à la célèbre émission de radio créée en 1959 sur Europe 1. Il devient l’« idole des jeunes ».

En 1965, il épouse la chanteuse Sylvie Vartan. Leur fils, David, naît en août 1966. Johnny est alors le chef de file des « yéyés », les héros des baby-boomers. Il évolue vers la pop et le rythm’n’blues avec l’album Génération perdue.

En 1969, la chanson Que je t’aime marque son tour de chant. Le journaliste Philippe Labro, avec qui il partage sa passion de l’Amérique, lui écrit des chansons, puis c’est l’auteur-compositeur Michel Mallory qui l’influencera beaucoup. En 1971, il se fait acteur devant la caméra de Claude Lelouch dans L’aventure c’est l’aventure. Les tournées continuent mais cette vie tumultueuse a raison de son couple. Johnny et Sylvie finissent par divorcer en 1975. S’il garde son public, son rock ne paraît plus dans l’air du temps. Il est plus un chanteur de variétés. Pourtant le succès est encore là. En 1977, la chanson Elle m’oublie est un énorme tube, un des plus importants de la décennie.

« Quelque chose de Tennessee »

Au début des années 1980, le chanteur connaît une période creuse. Mais à partir de 1984, c’est la renaissance. Il rencontre Michel Berger, créateur de Starmania, qui lui compose des titres inoubliables comme « Quelque chose de Tennessee », de l’album Rock’n’roll attitude. Jean-Jacques Goldman lui compose également des titres, dont Laura, chanson dédiée à sa fille Laura Smet, née en 1983, de sa liaison avec l’actrice Nathalie Baye, rencontrée sur le tournage du film Détective, de Jean-Luc Godard. Le chanteur revenu en grâce intéresse la presse à sensation pour ses multiples liaisons.

En 1986, il se sépare d’avec Nathalie Baye, et en 1990 il épouse Adeline Blondieau, fille de son ami Long Chris. Après un divorce, il se marie en 1996 avec la mannequine Læticia Boudou, son épouse actuelle. Le public continue de l’adorer. Il s’offre le Parc des Princes en 1993 pour ses 50 ans et triomphe au Stade de France en 1998. Il collabore désormais avec Pascal Obispo. Monument du rock français, il reçoit en 1997 la médaille de chevalier de la légion d’honneur.

En 1998, il accorde un entretien au Monde, où il se révèle et confie prendre de la cocaïne pour « travailler, relancer la machine, tenir le coup ». Mais Johnny Hallyday tient bon malgré ses excès et ses problèmes de santé grâce au public qui l’adule. En 2000, il fête ses quarante ans de carrière. Le 10 juin, il donne un spectacle gratuit à la tour Eiffel devant 500 000 spectateurs. En 2002, il sort le 43e album de la carrière A la vie, à la mort, qui se vend à 1,5 million d’exemplaires. Il marque son retour à la chanson après deux années de pause consacrées au cinéma.

En 2004, il change de maison de production et passe chez Warner Music. Il enregistre en 2007 Avec le cœur d’un homme, un disque aux influences blues. Sa santé se dégrade et, en 2009, il est hospitalisé pour un cancer, dont il se rétablit après une longue convalescence. 2010 est l’année de retour sur scène après ses ennuis de santé. C’est aussi sur scène qu’il fête ses 70 ans en juin 2013. L’artiste tourne ensuite en France et à l’étranger. Les tournées comme « Le rester vivant tour » ou en 2017 « La tournée des vieilles canailles » avec ses amis Mitchell et Dutronc sont des succès. Mais la santé de l’artiste se détériore encore et en mars 2017, il révèle être soigné pour un cancer du poumon.

 

 

les réactions

Je suis très triste d’apprendre le décès de Johnny Hallyday. Il était un géant du show-business … une véritable légende! J’ai une pensée pour sa famille, ses proches et ses millions de fans qui l’adorent. Il nous manquera beaucoup, mais ne jamais oublié. – Céline xx…

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Quelle chance immense de t’avoir connu…un HOMME inoubliable, exceptionnel , aux valeurs et conseils si précieux.
MERCI pour tout.
Tu vas tant nous manquer Johnny…
Nos pensées & Notre affection à Laeticia, Jade, Joy, Laura, David et tous ses proches.

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Farewell Dear @JohnnySjh. Your friendship, sweetness and support are imprinted in my heart. It is an honor to have known you and to have spent time with you and your beautiful family. Your soul is pure Rock and Roll. Repose en paix. 📷: @candyTman

Johnny, nous faisons semblant de pleurer car tu fais semblant de mourir.

Ce matin, le monde tourne aussi bien ou aussi mal que d’habitude, mais sans Jean d’O et Johnny il est un peu moins enchanteur.

« C’est quelqu’un qui a traversé le temps, qui avait des gens dans son public de toutes les générations », affirme Monique Giroux, animatrice à ICI musique.

Pour l’auteure-compositrice-interprète, Isabelle Boulay, qui a partagé la scène avec Johnny Hallyday, « C’est quelqu’un qui avait la force du Phœnix, il s’était relevé de tellement d’épreuves qu’on avait l’impression qu’il allait échapper à la mort. C’est presque irréel qu’il ne soit plus là ».

Pour nous, il était frappé du sceau de l’immortalité.

Isabelle Boulay, auteure-compositrice-interprète
La réaction d’Emmanuel Macron

« On a tous en nous quelque chose de Johnny »

« On a tous en nous quelque chose de Johnny », a affirmé le président français Emmanuel Macron dans un communiqué publié par l’Elysée.

« De Johnny Hallyday nous n’oublierons ni le nom, ni la gueule, ni la voix, ni surtout les interprétations, qui, avec ce lyrisme brut et sensible, appartiennent aujourd’hui pleinement à l’histoire de la chanson française. Il a fait entrer une part d’Amérique dans notre Panthéon national », ajoute le texte.

On a tous en nous quelque chose de Johnny Hallyday. Le public de fans et de fidèles qu’il s’était acquis est en larmes. Nous n’oublierons ni son nom, ni sa gueule, ni sa voix. Le voici au panthéon de la chanson où il rejoint les légendes du rock et du blues qu’il aimait tant.

Un artiste d’exception, une légende du rock et de la chanson, un visage de la culture en France nous quitte. Johnny Hallyday a su faire chanter, danser, pleurer notre pays tout entier. Il a su parler à toutes les générations. Il nous laisse une flamme qui brillera longtemps.

Ce matin c’est un peu comme si Paris perdait sa Tour Eiffel. Avec la disparition de Johnny Hallyday, la France perd un monument national de la chanson, du rock et de la culture populaire. Mes pensées vont à sa famille et ses proches.

Le taulier de la chanson française n’est plus. Un chanteur venu du peuple et que le peuple aimait. Hommage à Johnny Hallyday pour sa carrière.

Une pensée pour sa femme et ses enfants, car si les Français perdent un monument de la chanson, ils perdent un mari et un père. MLP

L’as des as de la chanson française est parti allumer le feu au paradis. J’ai un problème, je suis sûre que je l’aime 💕 Il brûle mon esprit et toute ma vie j’aurai quelque chose de Johnny ❤️merci l’artiste

Johnny est parti . Le voile de tristesse recouvre la France ce matin . Merci pour tout . Que La Croix qu’il portait lui ouvre le ciel 🙏

Des retrouvailles manquées entre Johnny et la Belgique de son père

AFP/Archives

 

Johnny Hallyday, décédé dans la nuit de mardi à mercredi, n’a jamais vraiment renoué avec la Belgique, le pays de son père qui l’a abandonné après sa naissance, comme l’illustre sa bataille controversée pour acquérir la nationalité belge avant de finalement renoncer, il y a dix ans.

« Je l’ai inventé tout entier/Il a fini par exister/Je l’ai fabriqué comme j’ai pu/Ce père que je n’ai jamais eu », a chanté « l’idole des jeunes » qui n’a jamais fait mystère de cette blessure inconsolée.

« Ne pas avoir eu de père a marqué toute ma vie. La déchirure… », écrit Johnny, né le 15 juin 1943 à Paris, dans son autobiographie.

Léon Smet — un artiste de cabaret bruxellois proche des Surréalistes, monté à Paris avant la Deuxième guerre mondiale — a déserté le foyer familial huis mois après la naissance de son fils, qu’il a d’ailleurs tardé à reconnaître à l’état-civil.

En réalité, Jean-Philippe Smet, le nom de Johnny, sera élevé par sa tante paternelle belge Hélène, qui vivait alors à Paris avec son mari et ses deux filles. Le petit garçon déménagera ensuite avec cette famille d’artistes à Londres, où ses deux cousines étaient devenues danseuses de music-hall.

Après la guerre, son père qui avait travaillé pour une télévision lancée par l’occupant nazi à Paris, se réfugie en Espagne comme de nombreux Français craignant d’être poursuivis pour collaboration, selon ses biographes.

– ‘Obsédé’ –

Léon Smet revient ensuite à Bruxelles, où il ouvre une école d’art dramatique, mais sans jamais vraiment reprendre contact avec son fils.

« Toute ma vie, j’ai été obsédé par l’absence de mon père, jusqu’à sa mort. Je ne l’ai pas connu, sinon dans des moments désagréables. Il était alcoolique, séducteur, ingérable et un grand artiste, comme me l’avait un jour confié Serge Reggiani, qui l’avait eu comme professeur de comédie à Bruxelles », a raconté Johnny au Journal du dimanche en 2014.

« Ça ne m’a pas empêché de pleurer à ses funérailles », le 20 novembre 1989 au cimetière de Schaerbeek à Bruxelles, a confié le chanteur. « Ce jour-là, j’étais le seul à avoir fait le déplacement. Pas une femme, pas un ami. La solitude absolue devant la mort. Je n’aimerais pas finir comme ça ! ».

Cette filiation frustrée a été au coeur d’un feuilleton hyper-médiatisé en 2006 et 2007, lorsque Johnny a décidé — à la grande surprise de ses fans — de demander la nationalité belge pour « raisons sentimentales ».

Mais en pleine campagne électorale, le chanteur, qui avait affiché un soutien appuyé au candidat de droite Nicolas Sarkozy, a été accusé de vouloir par ce biais échapper au fisc français.

Johnny Hallyday venait alors de s’installer dans la station de ski huppée de Gstaad (Suisse) et ses détracteurs lui prêtaient l’intention d’une domiciliation à Monaco, où les Belges jouissent, contrairement aux Français, d’une fiscalité très clémente.

Mais l’affaire se corse rapidement. Faute d’avoir sa résidence principale en Belgique, Johnny doit prouver des « attaches véritables avec la Belgique ». Son cas litigieux doit être tranché au plus haut niveau, par la Commission des naturalisations du Parlement belge.

– ‘Sincérité’ –

« Ma filiation me lie de façon certaine à la Belgique, pays de mes racines », avait fait valoir la star dans une lettre manuscrite adressée aux députés, soulignant qu’il aurait pu lui aussi « être belge le jour de (sa) naissance, en 1943, s’il n’y avait pas eu de discrimination, à cette époque, entre les enfants légitimes et ceux nés hors mariage ».

Après 21 mois d’attente et alors que les parlementaires belges doutaient ouvertement de la « sincérité » de sa démarche, Johnny Hallyday avait tout simplement fini par renoncer en octobre 2007.

« Je suis Français. Je reste Français. J’ai changé d’avis. On m’a assez traîné dans la boue, avait-il expliqué, ajoutant: « Je me suis demandé ce qu’avait fait, après tout, mon père pour moi. J’ai eu le temps de réfléchir… Je suis très bien comme je suis! ».

Belge ou pas, Johnny est resté très populaire au pays de Jacques Brel, Salvatore Adamo, Frédéric François et Plastic Bertrand. En témoigne l’hommage spontané organisé par des centaines de motards à son arrivée à Bruxelles en juin dernier pour un concert.

« Il a plus un tempérament belge que français. Il a plus d’humour », raconte à l’AFP Nadine Kerwyn, une fan inconditionnelle depuis les années 1960.

Mais « ça n’a aucune importance qu’il soit français ou belge. Il est francophone, c’est tout », estime cette retraitée de la région de Tournai (sud de la Belgique).