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Des images tournées le 15 décembre dans le village de Nabi Saleh montrent la jeune Ahed en compagnie de sa cousine Nour Naji Tamimi, 21 ans, s’approcher de deux soldats israéliens – apparemment dans la cour de la maison des Tamimi – les bousculer, puis leur donner des coups de pied et de poing et des gifles. Nariman Tamimi, 43 ans, la mère de Ahed Tamimi, intervient, cherchant à s’interposer et à repousser les soldats. Ces derniers, armés et casqués, demeurent impassibles, puis s’éloignent à reculons.
Dans un article intitulé « Trois raisons pour qu’une adolescente palestinienne rende Israël fou de rage » et publié dans le quotidien israélien Haaretz, le journaliste Gideon Levy revient sur les mythes et les préjugés qui, selon lui, viennent d’être brisés par cet incident.
Le journaliste dénonce d’abord le silence des médias israéliens sur des violences qui ont eu lieu quelques jours auparavant, et qui ont fait plusieurs victimes palestiniennes : des civils, non armés, blessés ou même tués par les soldats israéliens.
« La jeune fille est une héroïne, une héroïne palestinienne qui a réussi à rendre fou les Israéliens, écrit ainsi le journaliste. Elle a de l’audace », poursuit-il.
Il se déchaîne par la suite contre ceux qui sont choqués par l’action de la jeune fille. « (Ahed) Tamimi était censée tomber amoureuse du soldat qui occupait sa maison, lui lancer du riz, mais, bien ingrate qu’elle est, elle le récompensa d’une gifle, se moque Gideon Levy. Soudain, les Israéliens ont vu l’ennemi cruel et dangereux auquel ils sont confrontés : une fille de 16 ans aux cheveux bouclés », poursuit le journaliste.
« Les Israéliens ont perdu la tête. Ce n’est pas ce qu’on leur a dit. Ils ont l’habitude d’entendre parler de terroristes, de terreur et de meurtriers. Il est difficile d’accuser Ahed Tamimi de tout ça ; elle n’avait même pas de ciseaux dans ses mains. Où est la cruauté palestinienne ? Où est le danger ? Où est le mal ? (…) Soudain, toutes les cartes ont été remaniées : pendant un moment rare, l’ennemi semblait si humain. »
Et avec une clarté saisissante, il explique comment Ahed Tamimi a « brisé plusieurs mythes pour les Israéliens », estimant à la fin : « Peut-être que l’intifada des gifles réussira là où toutes les autres méthodes de résistance, violentes et non violentes, ont échoué. »