Etats généraux de l’alimentation: Hulot dans une situation inconfortable

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Joel Cossardeaux

 

Après avoir boudé les Etats généraux de l’alimentation et jugé que le compte n’y était pas, le ministre de la Transition écologique parle d’un « consensus merveilleux » et évacue l’hypothèse d’une démission.

Nicolas Hulot se souviendra longtemps des Etats généraux de l’alimentation (EGA) . Au lendemain de la clôture de cette grand messe, où se jouait l’avenir de toute une filière et sans doute une partie du sien, le ministre de la Transition écologique s’est retrouvé dans une situation d’un inconfort inégalé depuis son entrée au gouvernement d’Edouard Philippe.

L’ancien ambassadeur pour le climat de François Hollande a indiqué vendredi matin être «100% en phase » avec le premier ministre qu’il venait de rencontrer. Ce n’est pourtant pas l’impression donnée par les déclarations qu’il avait faites quelques heures plus tôt au journal « Le Monde ». S’agissant de ces EGA, qu’Edouard Philippe était venu clôturer en personne jeudi, «le compte n’y est pas », a expliqué le ministre d’Etat sur le site internet du quotidien.

Perte de contrôle

C’est à cause de ce manque de résultat,  montré du doigt par les ONG , qu’il explique son absence à la séquence conclusive de cette manifestation. Une absence très remarquée. D’abord parce que les Etats généraux de l’alimentation figuraient à l’agenda hebdomadaire du ministre communiqué à la presse avec la mention «horaire à confirmer». 

Ensuite, parce que ce rendez-vous est sa grande affaire. Nicolas Hulot comptait sur cette manifestation, aboutissement de plusieurs mois de concertation, pour commencer à faire émerger l’agriculture durable et raisonnée qu’il appelle de ces voeux, en rupture avec le modèle productiviste dominant.

 Ne pas aller faire le beau

Sauf qu’elle a échappé à son contrôle depuis le début et ce, au profit de son rival sur ce dossier, Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture. Dans le « Monde », Nicolas Hulot dresse ce qui ressemble fort à un constat d’échec. « Les conclusions ne sont pas à la hauteur de la qualité du travail extraordinaire et des propositions qui ont été faites dans les ateliers », considère le ministre. « Je ne vais donc pas aller faire le beau ou aller dire dans un micro que le compte n’y est pas ».

Rétropédalage en règle

Ce matin, Nicolas Hulot a toutefois commencé à dédramatiser son absence de la veille car il y a péril. Sa défection risque d’être interprétée comme un début de politique de la chaise vide au sein du gouvernement. Une position intenable à laquelle le ministre de la Transition écologique,  qui n’en est pas à son premier sujet de friction avec le ministre de l’Agriculture , a tourné le dos ce vendredi, en se livrant à un singulier exercice de rétropédalage au sortir d’un entretien avec Edouard Philippe, à Matignon. « Un travail absolument exceptionnel (…) a été fourni dans les différents ateliers, avec une production d’aspirations, de préconisations et un consensus merveilleux », a t-il assuré, en qualifiant de « fantasme médiatique » l’hypothèse de sa démission.

Et, comme souvent, Nicolas Hulot joue le coup d’après. « Il faut maintenant que par rapport à ce travail inédit qui a été fourni, sa traduction politique soit à la hauteur. Il faut un peu de temps de plus et c’est simplement ce que j’ai voulu dire »,  a souligné le ministre.

 

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