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Dr Bachar al-Jaafari

Bonsoir à vous tous,

Hier et aujourd’hui, nous avons eu avec Monsieur l’envoyé spécial du Secrétaire général [de l’ONU] des pourparlers aussi constructifs que possible, d’autant plus que nous sommes à la veille de la tenue du congrès de Sotchi.

Naturellement, nous avons profité de cette rencontre pour répondre à ses questions ; lesquelles portaient principalement sur les résultats attendus du « Congrès national syrien » à Sotchi. À ce stade, il n’a pas été possible de répondre à certaines de ces questions puisque, comme vous le savez, ce congrès n’a pas encore eu lieu.

En réalité, les résultats du congrès de Sotchi seront la résultante du dialogue entre les participants syriens eux-mêmes, car son but est le dialogue entre Syriens sans ingérences étrangères. Sont attendus environ 1600 invités représentant les différentes composantes du peuple syrien.

Ce n’est pas par hasard que ce congrès de Vienne 3 a coïncidé avec la fuite ou, plutôt, la distribution préméditée d’un document non officiel [no paper document] tournant autour de la relance du processus politique de Genève relatif à la Syrie ; lequel document a été conçu par les représentants d’États qui se sont réunis à Washington, puis à Paris.

Il s’agit de représentants des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Arabie saoudite et de la Jordanie. Et ce sont tous, comme vous le savez, des partenaires dans l’effusion du sang syrien en mon pays ; ce qui est en soi conforme à la comédie noire que nous vivons dans un nouvel épisode de la série de complots contre la Syrie. En effet :

• Comment serait-il possible qu’un État comme l’Amérique, qui a créé Daech, a protégé Daech, a soutenu Daech et qui continue à se battre sur le sol syrien pour Daech… un État qui viole militairement la souveraineté syrienne sur son sol en défiant ostensiblement toutes les chartes, les lois et les conventions internationales… comment serait-il possible qu’un tel État dont les propres mains et celles de ses instruments ont trempé dans le sang syrien, un État qui a agressé directement la Syrie… comment serait-il possible que cet État puisse parler de solution politique et d’avenir en Syrie ?

• Comment serait-il possible que des États comme la Grande-Bretagne et la France qui suivent la politique américaine tel un aveugle dirigeant un autre aveugle… comment serait-il possible que ces deux États puissent imaginer une quelconque solution ou un quelconque horizon en Syrie ?

• Comment serait-il possible qu’un État comme la Jordanie qui abrite la cellule secrète d’opérations militaires MOK, qui a accueilli des terroristes venus de toutes parts sur son territoire devenu un refuge tranquille pour sept camps d’entrainement militaire, avant de les envoyer en Syrie… comment serait-il possible, fondamentalement parlant, qu’un tel État puisse parler de souveraineté et participer à une solution politique en Syrie ?

• Enfin et surtout, la Saoudie, perle de la couronne, summum de la démocratie, phare de la liberté en Orient… la Saoudie, modèle de l’État de droit, parangon des constitutions et de la justice sociale, oasis du bien-vivre et de l’égalité des sexes, icône des élections et de la transmission du pouvoir… comment serait-il possible que ce pays de l’ignorance [jahili de Jahiliya : période antéislamique dans le Coran ; NdT] puisse participer à l’élaboration d’une constitution moderne pour la Syrie ? C’est assurément une comédie noire !

Ledit document non officiel en rapport avec « la relance du processus politique de Genève pour la Syrie », tel est son intitulé, est totalement inacceptable et ne mérite même pas l’encre de son écriture, car notre peuple n’accepte pas et n’acceptera pas que des solutions lui arrivent par parachutes ou sur le dos des tanks.

En tous cas, Mesdames et Messieurs, le langage utilisé par les concepteurs de ce document non officiel indique qu’ils se sont comportés de manière irresponsable. Le processus politique de Genève est présenté comme s’il était mort. Ils tentent, en vain, de donner l’impression qu’ils cherchent à le relancer ; mais, comme dit le proverbe, ils l’assassinent et défilent à ses funérailles.

De notre côté, nous pensons que c’est là une tentative vouée à l’échec. Son but est de torpiller les pourparlers de Genève, le Congrès de Sotchi et toute perspective de solution politique en Syrie, car c’est en accord avec leurs politiques destructrices dans la région.

Je pense que le résumé que je viens de vous présenter nous évitera les questions et réponses, pour aujourd’hui.

Merci beaucoup

Dr Bachar al-Jaafari
26/01/2018
Envoyé permanent de la Syrie auprès des Nations unis et chef de la délégation syrienne à Vienne.

Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal