DROITE Laurent Wauquiez n’imaginait sûrement pas que son cours à l’EM Lyon serait aussi relayé et commenté ! Mais les propos enregistrés à l’insu du président des Républicains et diffusés vendredi par l’émission «Quotidien» ont déclenché des réactions en cascade. Il faut dire que Laurent Wauquiez n’avait pas pour habitude de parler sur les plateaux télévisés aussi ouvertement.

Emmanuel Macron, Gérald Darmanin, Angela Merkel, Les Républicains, tout y passe. La chancelière allemande ? « Pour lui trouver du charisme, il faut vraiment se lever de bonne heure. » Le ministre de l’Action et des Comptes publics visé par une enquête pour abus de faiblesse ? « C’est du Cahuzac puissance 10. Le type sait très bien ce qu’il a fait, il sait très bien ce qui va arriver, […] lui, je ne lui promets pas un grand destin. Ça va faire très mal, et ça va devenir l’incarnation de ce qu’a été Cahuzac. […] Il va tomber. » La défaite de François Fillon à la présidentielle ? « Que Fillon gagne la primaire et que derrière (Emmanuel Macron) le démolisse, je suis sûr et certain qu’il l’a organisé. Je pense qu’ils ont largement contribué à mettre en place la cellule de démolition. J’ai aucun doute que le machin a totalement été téléguidé. »

Si pour le sénateur UDI de Paris Yves Pozzo di Borgo, « c’est au moins drôle et sans langue de bois, et c’est comme ça que l’on parle dans le milieu politique », d’autres responsables ont moins ri. À l’image de Nicolas Sarkozy, très mécontent des affirmations de Laurent Wauquiez. Devant les étudiants de l’école de commerce lyonnaise, le patron de LR avait affirmé que l’ex-président, quand il était à l’Élysée, « en était arrivé au point où il contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en Conseil des ministres. Il les mettait sur écoutes pour pomper tous les mails, tous les textos et vérifier ce que chacun de ses ministres disait au moment où on rentrait en Conseil des ministres. » Des allégations « totalement ridicules » pour l’entourage de l’ex-président qui les a aussitôt démenties.

« Suites judiciaires »

Samedi matin, Laurent Wauquiez a donc téléphoné à Nicolas Sarkozy pour s’excuser. L’ex-chef de l’État, furieux, l’a très fraîchement accueilli et lui a tenu de vifs propos avant de prendre « bonne note des excuses », selon son entourage. De quoi faire un peu retomber la tension… « J’ai compris le vif mécontentement de Nicolas Sarkozy mais j’ai perçu les regrets sincères de Laurent Wauquiez », résume Brice Hortefeux après avoir eu Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez au téléphone.

Conscient que ses déclarations pouvaient entacher sa relation avec les sarkozystes, le président des Républicains est aussi revenu sur ses propos : « il n’a jamais été question dans mon esprit de soutenir qu’on ait fait surveiller des membres du gouvernement dans le cadre du Conseil des ministres », a-t-il expliqué dans une réaction à l’AFP ajoutant qu’il se réservait le droit de « suites judiciai- res » à donner après la diffusion de propos enregistrés contre son gré.

La réaction de Laurent Wauquiez n’a pas clos pour autant la polémique. Au sein même des Républicains, ses propos ont semé le trouble tout le week-end. « On a besoin de rassembler, pas de diviser », a réagi Éric Woerth, président de la commission des finances de l’Assemblée. « Il n’y aurait pas ces propos, ce serait peut-être mieux », a-t-il encore fait valoir sur France 3, arguant que Laurent Wauquiez lui-même « était un peu ennuyé par l’avalanche de commentaires ».

À l’extérieur de LR, les élus ont été nombreux à condamner les déclarations du chef du parti. Pour Xavier Bertrand, qui n’a plus la carte LR, les propos auraient avoir pu avoir été tenus par « un des membres de la famille Le Pen : c’est la même tonalité, la même violence ». Le président des Hauts-de-France sur BFMTV a ajouté pour qui « c’est pire que du Trump ». Quelques heures plus tôt, le délégué général d’En marche !, Christophe Castaner, trouvait dans cet épisode « la vraie nature de Wauquiez », déplorant qu’il « décrédibilise toute la politique ». De son côté, Laurent Wauquiez n’a pas prévu de s’exprimer à nouveau sur cette histoire.