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Président du groupe LR à l’Assemblée, réaffirme son soutien à Laurent Wauquiez et dénonce le recours aux ordonnances pour réformer la SNCF.

PROPOS RECUEILLIS PAR JANNICK ALIMI

« Soit la réforme des institutions ne débouchera sur rien, soit elle entraînera un bouleversement total de la Ve République. Dans les deux cas, je ne me prêterai pas au jeu », prévient Christian Jacob.

APRÈS LA RÉACTION vigoureuse d’Alain Juppé aux propos tenus devant des étudiants lyonnais par Laurent Wauquiez, le député de Seine-et Marne, membre du bureau politique, défend bec et ongles le leader des Républicains. Il fustige, en revanche, Emmanuel Macron qui, juge-t-il, « va de reculade en reculade ». Les propos de Laurent Wauquiez devant des étudiants ont provoqué un malaise au sein de LR. Qu’en pensez-vous ?

Je reviens de dix jours en Nouvelle-Calédonie avec Manuel Valls, cela apprend à relativiser ce type de questions. Tout cela est du passé et je ne constate aucun signe de malaise au sein du groupe. La mobilisation qui a eu lieu lors de l’élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti n’est certainement pas remise en cause.

Alain Juppé a qualifié de « lamentables » et « vulgaires » les propos de Wauquiez. N’est-ce pas le signe d’un fossé qui se creuse chez LR ?

Alain Juppé a été un homme d’Etat tout à fait remarquable et j’ai beaucoup de respect pour lui. Mais il faut passer à autre chose. Laurent Wauquiez a toutes les qualités pour remettre notre famille politique sur les rails après deux défaites à la présidentielle et deux défaites aux législatives.

La réforme de la SNCF voulue par Emmanuel Macron est celle que la droite n’a pas réussi à mener en 1995. Vous la voterez ?

Comme toujours depuis qu’Emmanuel Macron a été élu, j’attends de voir le texte. Sur la SNCF, cela va assurément dans le bon sens. Sur la réforme du statut, les retraites… Mais je ne fais aucune confiance ni au chef de l’Etat ni au Premier ministre qui vont de reculade en reculade. On l’a vu sur la réforme du droit du travail : Emmanuel Macron avait promis de réviser les 35 heures et de défiscaliser les heures supplémentaires. On n’en a pas vu trace. Tout cela, c’est du vent. Macron lance trois réformes par semaine ! La semaine dernière, on a eu droit à la réforme de la fonction publique, à l’organisation de l’islam en France, aux hôpitaux. Cela peut séduire le microcosme mais les sondages montrent que les Français sont de plus en plus sceptiques.

Approuvez-vous l’usage des ordonnances pour faire passer une telle réforme ?

C’est « liberté toute » pour le gouvernement, le mépris de l’opposition et l’humiliation de la majorité. Si Macron pouvait se passer du Parlement, il serait plus heureux. Ces ordonnances sont la preuve aussi qu’il n’a aucune confiance dans ses propres troupes qui sont composées, politiquement, de bric et de broc. Pour le chef de l’Etat, les députés de la majorité doivent être des figurines Playmobil, ils sont là pour lever et baisser la main.

La semaine prochaine, l’examen du projet de loi Asile et Immigration se poursuit à l’Assemblée. On ne vous a pas trop entendu sur le sujet…

Parce que le texte du gouvernement est assez anecdotique. Sur les 270 000 demandes de titre de séjour par an, le texte ne va traiter que les 30 000 qui obtiennent le droit d’asile et pour lesquels il prévoit d’élargir les possibilités du regroupement familial. Il n’apporte aucune réponse sur les vrais sujets comme le suivi des déboutés du droit d’asile. Rien non plus sur les défaillances des accords de Schengen. Rien sur le coût exponentiel de l’AME (NDLR : aide médicale de l’Etat, qui permet l’accès aux soins des personnes en situation irrégulière). Je ne vois vraiment pas comment nous pourrions voter ce texte.

Les discussions se poursuivent entre l’exécutif et les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat sur la réforme des institutions. Vous y êtes favorable ?

En tant que président de groupe, je n’ai jamais été consulté sur le sujet ! Nous travaillons de concert avec mon homologue au Sénat, Bruno Retailleau, et le président du Sénat, Gérard Larcher. Mais j’ai une ligne rouge, c’est la proportionnelle. Un tel scrutin fait la part belle aux partis politiques plutôt qu’à l’ancrage territorial et il est de nature à ne dégager que des majorités de circonstance, mais pas de majorité stable. Par ailleurs, la convocation d’un congrès pour voter la réforme ne serait qu’une opération marketing destinée à vendre une nouvelle fois le « Macron nouveau ». Soit cette réforme sera, comme souvent avec Macron, du vent, et elle ne débouchera sur rien, soit elle entraînera un bouleversement total de la Ve République. Dans les deux cas, je ne me prêterai pas au jeu.

http://www.leparisien.fr