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© Antonio Masiello
Le Mouvement 5 étoiles et la Ligue sont les vainqueurs des élections législatives. Mais une majorité n’émerge pas de ces résultats
La victoire des populismes et de l’euroscepticisme marquent les élections législatives italiennes de dimanche. Près d’un électeur sur deux s’est en effet prononcé en faveur d’un parti se présentant comme anti-establishment. Le Mouvement 5 étoiles (M5S), formation créée par l’humoriste Beppe Grillo il y a bientôt une dizaine d’années sur le rejet de la classe dirigeante, et la Ligue, parti xénophobe et anti-euro désormais nationaliste et non plus régionaliste, ont largement remporté cette tournée électorale. Le Parti démocrate (PD, centre gauche) au pouvoir durant cinq ans en paie les frais, enregistrant une débâcle historique.
Le Mouvement 5 étoiles devient le premier parti du pays
Au Sénat comme à la Chambre des députés, le M5S recueillent près de 31% des voix, dépassant les attentes. Il devient le premier parti d’Italie, devant le PD, passé sous la barre des 20% et désormais deuxième formation de la péninsule. Dans la nuit, alors que les bulletins de vote étaient encore dépouillés, les représentants du mouvement étoilés n’ont ainsi pas trouvé de mots assez forts pour qualifier leur victoire.
Ces chiffres sont «extraordinaires, voire même historiques», lance Alfonso Bonafede, député et ministre de la justice d’un gouvernement fantôme formé par Luigi Di Maio, le leader du M5S. Avec les autres membres du parti, il suit les résultats depuis un hôtel du centre-ville de la capitale.
La Lega s’impose
«Tout le monde devra venir nous parler», se réjouit peu après Alessandro Di Battista, superstar du mouvement s’étant retiré de la politique en fin de mandat. Le M5S sera-t-il chargé par le président de la République de former un gouvernement? Si rien n’est moins sûr, l’ancien député laisse entendre que sa formation n’est plus le principal parti d’opposition, mais désormais un acteur incontournable de la vie politique italienne.
Comme l’est devenue la Lega de Matteo Salvini. Le secrétaire fédéral a fait passer son parti de 4% en 2013 à plus de 18% ce dimanche. Son pari de transformer sa Ligue de parti régionaliste et fédéraliste en parti nationaliste sur le modèle du Front national français de Marine Le Pen est remporté. Cette stratégie lui permet même de dépasser Silvio Berlusconi et Forza Italia, son allié historique. Le Cavaliere fait quand même partie de la coalition dite de centre-droit, vainqueur des élections avec plus de 37% des votes. Mais il en perd le leadership et ne pourra pas imposer son candidat-premier ministre, ce privilège revenant maintenant au premier de la coalition, Matteo Salvini. Il s’est lui-même désigné pour ce poste.
Mais il n’y a pas de majorité
Les scores du Mouvement 5 étoiles comme de la coalition de centre-droit sont élevés, mais pas assez pour remporter la majorité. Qui du premier parti d’Italie ou de la coalition gagnante sera alors le plus apte à former un gouvernement et lui faire obtenir la confiance du parlement? Le président Sergio Mattarella en décidera après avoir entendu chaque parti. Mais ces consultations ne devraient pas commencer avant fin mars ou début avril. Les deux nouvelles chambres devront d’abord se réunir, le 23 mars, pour élire leur président. Ces deux scrutins permettront de voir si une majorité se dessine déjà.
Sur le banc des élus, le parti démocrate devrait occuper les sièges de l’opposition. Son score sous les 20% est bien en deçà des attentes. Matteo Renzi visait au moins un quart des voix pour égaler le score de 2013. Il devra désormais faire face à un règlement de compte au sein du parti, déjà victime d’une scission. S’il perdra son rôle de leader démocrate, il siègera néanmoins au Sénat, élu grâce à une victoire écrasante dans son collège de Florence, dont il a été le maire. Il dépasse le candidat du centre droit d’une vingtaine de points. Mais sa formation de centre-gauche a pratiquement disparu de la carte électorale.
Au lendemain du vote, la péninsule est coupée en deux, avec un Nord aux couleurs de la droite désormais tendance extrême-droite et un Sud aux couleurs des étoiles.