Maison-Blanche, la valse des départs

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La liste des départs à la Maison-Blanche s’allonge.
© MICHAEL REYNOLDS/EPA

Yates, Flynn, Bharara, Walsh, Comey, Dubke, Shaub, McFarland, Corralo, Spicer, Short, Harvey, Priebus, Scaramucci, Cohen-Watnick, Bannon, Gorka, Sifakis, Icahn, Lotter, Price, Powell, Manigault, Dearborn, Katz, McCabe, Porter, Brand, Sorensen, Raffel, Hicks et Cohn: c’est la longue liste de tous ceux qui ont déjà quitté la Maison-Blanche et l’administration Trump de gré ou de force. Limogés, écartés, poussés à bout, pressés de rendre leur tablier ou épuisés de passer leur temps à colmater des brèches. Une liste qui risque bien de s’allonger.

Un départ prévisible

Le dernier à avoir claqué la porte est Gary Cohn, le conseiller économique de Donald Trump. Il a démissionné en réaction à la décision controversée du président américain de taxer les importations d’acier et d’aluminium, décision qu’il ne cautionne pas. Ce départ n’est pas une surprise, mais il vient renforcer le camp des protectionnistes, noyau dur autour du président.

Gary Cohn avait par le passé déjà affiché à plusieurs reprises sa désapprobation face à certains agissements de Donald Trump. Il avait notamment été offusqué, en août, par son attitude lors des heurts de Charlottesville entre suprémacistes blancs et antiracistes. On parlait alors déjà d’un possible départ. Plusieurs grands patrons ont d’ailleurs quitté le conseil économique de Donald Trump à ce moment-là.

Surtout, d’autres départs pourraient se profiler. John Kelly, l’homme qui a pour mission de dissiper le chaos à la Maison-Blanche, est lui-même en difficulté. Critiqué pour avoir mal géré l’affaire Porter, du nom d’un conseiller de Donald Trump accusé de violences conjugales, le secrétaire général de la Maison-Blanche a même proposé sa démission il y a quelques jours. Il était au courant des accusations qui pesaient contre Rob Porter au moment de l’engagement de ce dernier.

Des ministres qui vacillent

Deux ministres sont par ailleurs régulièrement menacés de vaciller: le secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, et le ministre de la Justice, Jeff Sessions. Le premier essuie à intervalles réguliers des humiliations publiques de la part de Donald Trump. En automne, il était au cœur d’une polémique pour avoir prétendument traité le président de «moron» (crétin) en marge d’une réunion du Pentagone.

Jeff Sessions, qui a dû se récuser dans l’affaire russe, a lui aussi appris à faire le poing dans sa poche. Sa dernière humiliation publique remonte à un tweet posté le 28 février. Le président y qualifiait une de ses décisions de «honteuse». Drôle de manière de laver son linge sale en public pour quelqu’un qui prétend que l’harmonie règne dans son gouvernement.

Le général McMaster, son conseiller à la sécurité nationale, est également un habitué des foudres présidentielles. A Washington, il se murmure que son départ serait une question de jours.

Des «mensonges de convenance»

Celui de Hope Hicks, la désormais ex-directrice de communication de la Maison-Blanche, pourtant une fidèle de Donald Trump, est révélateur de la difficulté de son mandat, qui consistait essentiellement à masquer les guerres de clans et d’ego, et à défendre les positions d’un président imprévisible qui préfère souvent les partager en priorité sur Twitter. Avant d’annoncer son départ, la jeune femme a été auditionnée pendant huit heures par le Congrès au sujet de l’ingérence russe dans la présidentielle américaine.

Elle y a admis, raconte le New York Times, que son travail pour le président Trump, connu pour ses rapports complexes avec la vérité, l’avait parfois contrainte à s’adonner à de «pieux mensonges» ou «mensonges de convenance» (white lies). Jusqu’à ce qu’elle craque. Elle a toutefois précisé ne jamais avoir menti dans le cadre de l’«affaire russe».

Il n’y a pas de chaos, seulement une énergie fantastique

Donald Trump

Malgré les têtes qui valsent, Donald Trump continue de contester que le moindre chaos se soit infiltré à la Maison-Blanche. «Il y aura toujours des va-et-vient […]. J’ai toujours des gens que je veux changer (toujours à la recherche de perfection). Il n’y a pas de chaos, seulement une énergie fantastique.» Pas sûr que ceux qui ont quitté le navire interprètent les choses de la même manière. Une récente étude du Brookings Institute relève par ailleurs que le taux de départs pendant la première année de la présidence Trump est plus de trois fois supérieur à celui qu’avait connu Barack Obama pendant la même période. Et deux fois plus élevé que celui du républicain Ronald Reagan.

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