La Fraternelle parlementaire, menée par le sénateur Christophe-André Frassa, se mobilise pour débattre de cette réforme contre laquelle bataille le président du Sénat.
PAR JANNICK ALIMI
ou guerre de la communication DÉBAT D’IDÉES ? En tout cas, la réforme des institutions, qui sera au menu du Conseil des ministres d’ici à la fin du mois, va s’enrichir d’un nouvel acteur. Depuis quelques semaines, les francs-maçons du Parlement — quelque 200 à 250 députés et sénateurs, surtout des sénateurs, des collaborateurs parlementaires ou des hauts fonctionnaires — ont en effet décidé de se saisir du sujet. « Sans arrière-pensée politicienne, de façon transpartisane et toutes obédiences confondues », assure Christophe-André Frassa, le nouveau président élu en octobre dernier. Une exception, toutefois, tous ceux défendant des idées racistes ou antisémites y sont interdits.
Après la Nouvelle-Calédonie, le patron de cette Fraternelle parlementaire — la Frapar comme la dénomment ses membres — a donc choisi la question des institutions, sensible et centrale dans la stratégie d’Emmanuel Macron, pour remobiliser un cercle de pensée et d’influence assoupi depuis plusieurs années.
Ce sénateur de 50 ans, élu en 2008 pour représenter les Français de l’étranger, émarge au parti des
“LES FRANCS-MAÇONS NE VEULENT PAS LAISSER L’EXÉCUTIF DÉCIDER À LA PLACE DU LÉGISLATIF QUANT À L’AVENIR DES INSTITUTIONS CHRISTOPHE-ANDRÉ FRASSA, SÉNATEUR ET PRÉSIDENT DE LA FRATERNELLE PARLEMENTAIRE
Républicains, tendance Sarkozy et maintenant Wauquiez. C’est dire que le texte concocté par le gouvernement, il le surveille comme le lait sur le feu. Groupe de travail ad hoc, dîner-débat le 10 avril avec pour invités quelques ténors du droit constitutionnel… Et, au bout de cette réflexion, des propositions que chaque groupe politique présentera au moment de la discussion parlementaire.
« Notre engagement correspond à un moment crucial, où le parlement bashing est permanent et où l’on n’hésite pas à remettre en cause notre légitimité, explique le sénateur Frassa. La réforme des institutions doit être synonyme de la défense de la République, de la séparation effective des pouvoirs, des libertés publiques et des droits parlementaires, des principes pour lesquels les francs-maçons ont payé de leur vie. »
LES LOIS DE BIOÉTHIQUE, LEUR PROCHAIN CHEVAL DE BATAILLE
Y aura-t-il des « lignes rouges », chères au président Larcher ? « Non, mais les francs-maçons ne veulent pas laisser l’exécutif décider à la place du législatif quant à l’avenir des institutions », martèle ChristopheAndré Frassa. Alors, la diminution du nombre des parlementaires préconisée par Emmanuel Macron ? « Le faire sans renforcer les pouvoirs du Parlement est une aberration », avertit le sénateur. Réduire le nombre de circonscriptions ? « Avec des circonscriptions qui seraient mécaniquement plus vastes, attention de bien garantir la représentation des territoires », assène-t-il comme en écho au président du Sénat qui a fait de cet argument son cheval de bataille.
« S’il s’agit de réformer pour réformer, nous n’y sommes pas favorables. Ce qui compte, c’est l’application d’une telle réforme », prévient le patron de la Fraternelle parlementaire. Dans quelques mois, les francs maçons du Parlement se pencheront sur les lois de bioéthique.
Source : Le Parisien (Val de Marne)