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Les retraités en colère descendent dans la rue ce jeudi. Bien sûr, ils n’ont pas le pouvoir de mobilisation des jeunes. Ni l’envie d’en découdre avec la police. Les pavés ne voleront pas. Si un gouvernement a tout à redouter d’une manifestation d’étudiants, il n’a rien à craindre à l’heure de la dispersion d’un défilé aux reflets grisonnants. Et pourtant, le chef de l’État et sa majorité ne doivent pas prendre la mauvaise humeur des seniors à la légère. Emmanuel Macron l’a dit, le répète et l’assume : sa politique est davantage destinée aux actifs qu’aux retraités. Un choix qui peut se justifier dans un pays miné par le chômage de masse depuis longtemps. Mais, si l’intention est louable, sa mise en oeuvre est contestable. L’augmentation de 1,7 point de la CSG, pour financer la baisse des charges sociales des salariés, est un coup de massue injustement infligé aux aînés. Dans sa présentation, d’abord, cette mesure manque de tact. Elle laisse entendre que les retraités d’aujourd’hui, enfants «choyés» du baby-boom, seraient des « nantis », alors qu’ils ont cotisé toutes leurs années de travail, conformément aux règles de notre pacte social. Elle est ensuite inique dans son calcul, puisque cette hausse affecte, sans compensation, les pensions à partir de 1280 euros par mois. Un seuil difficilement assimilable à un signe de richesse ! Ce n’est pas en prenant aux uns pour faire mine de donner aux autres qu’Emmanuel Macron remettra notre économie sur de bons rails. Cette vieille recette n’a jamais donné de résultats.
Le redressement de notre pays passe bien davantage par la réduction de nos dépenses publiques. Or, sur ce front, des promesses ont beau être lancées, les actes se font attendre. S’il ne répond pas à la fronde des retraités, Emmanuel Macron ne risque pas seulement de se fâcher avec un électorat qui a largement contribué à son élection. Il apparaîtra aussi comme le président d’une double fracture : géographique – le monde rural se sent négligé – et générationnelle. ■
Un coup de massue est injustement infligé aux aînés
source: lefigaro.fr