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© LOUAI BESHARA/AFP
Assiégés depuis 2013, quelque 20 000 civils syriens ont réussi jeudi à fuir la Ghouta orientale, soumise depuis près d’un mois à des bombardements du régime
Environ 20 000 civils ont fui jeudi 15 mars la partie rebelle de la Ghouta orientale près de Damas, après avoir été soumis depuis près d’un mois à des bombardements et avoir subi pendant cinq ans un siège des forces gouvernementales syriennes. Sept ans jour pour jour après le début du conflit syrien, le président Bachar al-Assad, soutenu par la Russie, semble sur le point de reprendre la totalité de ce fief rebelle situé aux portes de Damas.
Dans cette guerre complexe aux multiples acteurs, un autre exode a eu lieu dans le nord-ouest du pays, avec la fuite de 30 000 civils de la ville d’Afrine, cible de bombardements de l’armée turque qui veut en déloger des combattants kurdes qu’Ankara qualifie de «terroristes».
Dans la Ghouta orientale, les forces de Damas, appuyées militairement par Moscou, ont lancé le 18 février une offensive aérienne d’une rare intensité suivie d’un assaut terrestre avec l’objectif déclaré de reprendre l’enclave rebelle d’où des obus sont tirés sur Damas. Le pouvoir en contrôle désormais plus de 70%, au prix d’un lourd coût humain, outre des destructions colossales.
«Ma fille sous les décombres»
A pied, à moto ou en voiture, des familles syriennes épuisées et affamées ont quitté Hammouriyé et ses environs vers des zones gouvernementales, laissant derrière elles des proches et des maisons détruites par les bombardements du régime. «Nous avons énormément souffert, il n’y avait plus de nourriture ni de médicaments et nous passions de longues heures dans les sous-sols», dit à l’AFP Hania Homs, 30 ans, à un barrage tenu par le régime. «Nous avons abandonné notre maison. J’ai même laissé ma fille sous les décombres», raconte Ismaïl, 46 ans. «Je n’ai pas réussi à la retirer».
Pour le troisième jour consécutif, près de 250 personnes, dont 40 malades, ont par ailleurs été évacuées de la ville rebelle de Douma. Et un nouveau convoi d’aide alimentaire est entré dans cette ville, accompagné du président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer. Ce convoi conjoint du CICR, du Croissant Rouge Arabe Syrien et de l’ONU apportait des vivres pour quelque 26 000 personnes. «Ce n’est qu’une petite partie de ce dont ces familles ont besoin», a déclaré le CICR.
Dans la soirée, les forces prorégime, aidés «d’officiers et de conseillers militaires russes», ont réussi à reprendre le village d’Al-Rihane près de Douma, selon l’OSDH. Mais, à Hammouriyé reconquise totalement plus tôt par le régime, des combats ont éclaté dans la soirée après une contre-offensive du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, présent dans l’enclave, et de la faction rebelle Faylaq al-Rahmane qui ont repris certains secteurs, a indiqué l’ONG. Quatorze combattants prorégime ont péri.
Sur un autre front, l’armée turque, avec l’aide de supplétifs syriens, cherche depuis le 20 janvier à chasser les combattants des Unités de protection du peuple (YPG) de la région d’Afrine, près de la frontière turque. Selon un correspondant de l’AFP dans la ville d’Afrine, chef-lieu de l’enclave kurde du même nom, de nombreuses familles sont parties entassées à bord de pick-up pour trouver refuge dans des localités proches sous contrôle des forces loyalistes. Les habitants restés dans la ville quasi-encerclée par l’armée turque ont fait la queue devant les boulangeries ou acheté de l’eau des camions-citernes.