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AFP / boris HORVAT La manifestation à Marseille jeudi 22 mars 2018, journée de mobilisation des chenminots et des fonctionnaires

Défilés à Marseille et dans le Nord, lycées bloqués et écoles fermées, trafic SNCF « très perturbé »: fonctionnaires et cheminots défendent jeudi leur statut et un service public de qualité, face à un gouvernement déterminé à « poursuivre les transformations ».

Plusieurs milliers de personnes défilaient en milieu de journée sur la Canebière à Marseille, sous des drapeaux de la CGT, de l’Unsa-ferroviaire ou de La France insoumise, et derrière une banderole CGT réclamant « du droit, du travail, des services publics, de la sécurité sociale ».

Ils étaient entre 1.800 et 2.500 à Saint-Nazaire, 1.300 à 2.000 à Auch, 4.500 à 7.000 à Perpignan, 5 à 6.000 à Tours, selon police et organisateurs.

A Paris, où les défilés n’avaient pas commencé, des échauffourées entre jeunes, parfois cagoulés, et policiers ont éclaté près de Nation. Des incidents ont aussi éclaté à Rennes et Nantes.

Environ 180 manifestations sont annoncées en France par les sept syndicats de la fonction publique (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) mobilisés pour réclamer, entre autres, une hausse du pouvoir d’achat.

« Il ne peut y avoir de République sans colonne vertébrale, et la colonne vertébrale c’est le service public », a martelé le leader de FO, Jean-Claude Mailly, en déplacement à Marseille où il n’avait pas prévu de manifester. « Il faut faire évoluer le service public mais pas pour le réduire, pour l’améliorer », a demandé Philippe Martinez (CGT).

– 35,4% de cheminots grévistes –

AFP / CHRISTOPHE SIMON La gare de Lyon à Paris jeudi 22 mars 2018

Côté cheminots, la colère est vive face à la volonté du gouvernement de réformer la SNCF par ordonnances, en la transformant en société anonyme et en abandonnant le statut de cheminots à l’embauche.

Une « manifestation nationale » de cheminots, à laquelle se joindra une douzaine de partis de gauche (PCF, LFI, EELV, NPA…), était prévue à 13H00 entre gare de l’Est et Bastille, terminus également du cortège des fonctionnaires qui partira de Bercy.

Le rassemblement se double d’un appel national à la grève, lancé par l’Unsa et SUD (2e et 3e syndicats). Le degré de mobilisation, avant même la grève en pointillé lancée le 3 avril pour trois mois, a surpris, entraînant de fortes perturbations notamment avec deux TGV sur cinq, un Transilien sur trois. Il y avait 35,4% de grévistes au niveau national, selon la direction.

AFP / Maryam EL HAMOUCHI Calendrier des jours de grève de la SNCF

A la gare Montparnasse, l’ambiance était toutefois calme jeudi. Jacques évoque un « ras le bol » à propos de la SNCF mais reconnaît que « tout est bien indiqué ».

La France « entre dans un moment de souffrance », avec les grévistes qui vont « perdre des journées de salaires » et « la vie quotidienne de millions de gens (qui) va être perturbée par la grève », a déclaré Jean-Luc Mélenchon (LFI).

Selon un sondage Odoxa pour l’Obs et France Inter, la mobilisation dans son ensemble est soutenue par 55% des Français, alors même que les sondés soutiennent la plupart des réformes du gouvernement.

Un autre sondage (Elabe pour BFM TV) montre, lui, que 48% des Français soutiennent la mobilisation des fonctionnaires, contre 38% qui y sont hostiles. La tendance est inverse pour celle des agents de la SNCF (49% d’opinions négatives, 38% de soutien).

– « Fils du dialogue » –

Face à ce test social d’envergure, le gouvernement affiche sa « très grande détermination à poursuivre les transformations », selon le porte-parole Benjamin Griveaux. Sur la SNCF, « notre préoccupation est de nous assurer que les fils du dialogue et de la concertation sont toujours là ».

Quant aux fonctionnaires, des discussions sont prévues jusqu’à fin octobre, a rappelé le secrétaire d’État Olivier Dussopt, réitérant sa volonté d’être « à l’écoute » pour préserver un service public « de qualité ».

Dans le cortège à Marseille, Gisèle, retraitée de la fonction publique territoriale, fustige la « privatisation menée par un gouvernement de droite ». « On monte les gens les uns contre les autres: le privé contre le public, les actifs contre les retraités… »

C’est la deuxième fois depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron que les agents publics se mobilisent. Le 10 octobre, ils étaient des centaines de milliers à défiler contre la suppression annoncée de 120.000 postes, le rétablissement du jour de carence et le gel des salaires.

Depuis, l’exécutif a annoncé envisager un recours accru aux contractuels (agents non statutaires) et des plans de départs volontaires, ce qui fait craindre aux syndicats une fonction publique « morcelée » et « externalisée ».

La grève des contrôleurs aériens entraîne aussi des perturbations avec 30% des vols annulés à Roissy, Orly et Beauvais, et des vols ont été annulés à Montpellier, Nice et Marseille.

Dans les écoles, un enseignant sur quatre devait être en grève en moyenne, d’après le SNUipp-FSU (1er syndicat).

Une poignée de lycées étaient bloqués, dont une dizaine à Paris, ainsi que l’entrée de Sciences-po Lille.

Parmi les autres secteurs touchés: les crèches, l’examen du permis de conduire, les bibliothèques… Des avocats manifestaient aussi dans plusieurs villes contre la réforme de la justice.