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Après la victoire écrasante d’Olivier Faure, futur premier secrétaire du PS, l’aile gauche du parti s’interroge. Partir ou rester ?

PAR QUENTIN LAURENT

Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 7 mars. Olivier Faure (à gauche) n’est pas encore investi premier secrétaire du PS qu’il doit déjà faire face à la méfiance de l’aile gauche du parti qui a voté Emmaneul Maurel (à droite).

JEUDI, le Parti socialiste tentait — péniblement — de renouer avec la rue. Emmené par leur futur premier secrétaire, Olivier Faure, un petit escadron de cadres socialistes est, en effet, allé manifester aux côtés des cheminots et des fonctionnaires… Récoltant sifflets et insultes.

Tranchant avec cette hostilité, les quelques poignées de mains spontanées, dirigées vers Emmanuel Maurel, également présent. L’eurodéputé, défait lors du vote du congrès (18,98 %), esquisse un sourire. Contenu. Car l’aile gauche du parti, dont il est la figure de proue, a le moral dans les chaussettes. Et s’interroge sur son avenir au PS… ou pas. « Les camarades se posent des questions, lâche Maurel. La question est de savoir si on peut encore faire progresser nos idées dans le parti. »

« Beaucoup sont sonnés par le résultat », concède David Blanchon, patron de la petite fédération socialiste de l’Aube. Maurel y a fait 72 % des voix. « Les militants s’interrogent, certains regardent vers Génération·s (NDLR : le mouvement de Benoît Hamon) », poursuit David Blanchon.

COUP DUR

« Personnellement, j’étais hésitant, mais pour le moment, je choisis de rester », confie un cadre de la Nièvre, qui a aussi porté l’aile gauche très haut. Mais il n’a pas non plus confiance en Faure. « Tout dépendra de son attitude », répètent-ils tous. Dans la Loire, où Maurel a aussi viré en tête, « on a déjà eu quelques démissions », raconte Isabelle Dumestre, responsable de la section de Saint-Etienne. « Il y aura encore des départs, mais pas d’explosion. Olivier Faure, pour les militants de l’aile gauche, c’est moins violent que Stéphane Le Foll », poursuit-elle.

Son mentor, le député local Régis Juanico, intime d’Hamon, et que beaucoup promettent au départ, veut se laisser du temps. « Je me donne plusieurs semaines de réflexion, on va laisser le congrès se terminer, c’est important de voir l’orientation que va donner Faure au parti », confie Juanico, que ses proches disent « très attaché au PS ». « Pas de départ à l’ordre du jour », nous assure de son côté Mathieu Hanotin, ancien directeur de campagne d’Hamon. Dans la famille hamoniste, Roxane Lundy, récemment élue à la tête du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), vient d’annoncer qu’elle quittait le PS pour Génération·s, avec un nombre important de cadres du jeune mouvement, assure-t-elle. Coup dur pour Faure, pas encore officiellement investi premier secrétaire.

« Ce que je dis à Emmanuel [et à l’aile gauche], c’est qu’ils seront associés à tout. Il n’y aura aucune entourloupe », a tenté de rassurer Olivier Faure, chez Martine Aubry jeudi à Lille. Cette dernière l’a exhorté à travailler main dans la main avec Maurel. « Faure aura besoin de l’aile gauche s’il veut reconstruire le parti », juge Rémi Lefebvre, politologue spécialiste du PS.

De son côté, l’eurodéputé Maurel peut-il se permettre, à un an des européennes, de quitter le navire ? Une partie de son entourage lui a clairement signifié qu’il fallait envisager cette option. Son clan se réunit mardi pour discuter des suites à donner au congrès.

Amputé de son aile gauche, le PS risquerait en tout cas de se rabougrir, ce qui compliquerait son processus de reconstruction. Et sa crédibilité d’opposant à Emmanuel Macron.

Source: leparisien.fr