L’ex-juge de la Cour suprême des États-Unis, John Paul Stevens Photo : Reuters/Carlos Barria
L’ex-juge de la Cour suprême des États-Unis John Paul Stevens invite les Américains à se mobiliser pour abroger le deuxième amendement de la Constitution, afin de resserrer le contrôle des armes à feu.
Dans un texte publié sur le site du New York Times, le juge à la retraite âgé de 97 ans souligne que le retrait de cet amendement affaiblirait le puissant lobby des armes à feu, dont la National Rifle Association (NRA), qui, en ce moment, « bloque des lois constructives sur le contrôle des armes à feu ».
L’ex-juge Stevens avait affirmé sa dissidence d’avec ses collègues en 2008 dans un jugement du plus haut tribunal du pays, qui a statué que le deuxième amendement donnait le droit aux individus de posséder des armes à feu pour se défendre. Selon lui, le jugement District de Columbia contre Heller « a fourni à la NRA une arme de propagande d’une immense puissance ».
Le magistrat avait précédemment milité pour modifier le deuxième amendement afin de permettre un meilleur contrôle des armes à feu.
John Paul Stevens a pris sa retraite en 2010, après plus de 35 ans à la Cour suprême.
Dans son texte d’opinion, M. Stevens parle des manifestations qui ont eu lieu samedi pour réclamer un meilleur contrôle des armes à feu.
Ces manifestations illustrent un large soutien de la population à des lois réduisant les risques de tueries d’enfants et autres.
L’ex-juge estime que cet appui constitue un « signal clair aux élus pour qu’ils adoptent des lois afin d’interdire aux civils de posséder des armes semi-automatiques, de faire passer l’âge minimum pour acheter un fusil de 18 à 21 ans et d’établir des vérifications d’antécédents plus complètes pour tous les acheteurs d’armes à feu ».
Mais M. Stevens a encouragé les manifestants à aller plus loin, pour assurer des réformes à long terme. « Ils devraient demander un retrait du deuxième amendement », a-t-il estimé.
Abroger un amendement est extrêmement difficile aux États-Unis.
Un élu au Congrès peut proposer un tel projet, mais il devra recevoir l’appui des deux tiers des élus des deux chambres.
Une convention constitutionnelle peut aussi être convoquée, mais seulement avec l’appui des deux tiers des États américains. Et cette modification devrait ensuite être approuvée par les trois quarts des États américains.
« Les hommes et les femmes de la National Rifle Association, avec la majorité du peuple américain et de la Cour suprême, croient au deuxième amendement pour se défendre, et nous continuerons de travailler sans relâche pour protéger cette liberté fondamentale », a répondu la NRA dans une déclaration écrite.
