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Olivier Faure, patron des députés PS, prend officiellement, aujourd’hui, la tête du Parti socialiste, réuni en congrès à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

PAR  Quentin Laurent

Siège du PS, rue de Solferino (Paris VIIe), le 16 mars. Olivier Faure, 49

Olivier Faure porte sur son front le souci. Une ride du lion qui, en public, ne le quitte quasiment jamais. C’est que le nouveau patron du PS va désormais porter sur ses épaules le poids d’une histoire, et avoir entre les mains le futur (incertain) d’un Parti socialiste mutilé. À 49 ans, le patron des députés socialistes à l’Assemblée a été très confortablement élu premier secrétaire du parti de Jaurès. Si pour le grand public Faure demeure un parfait inconnu, cela fait, en revanche, belle lurette que le Landerneau socialiste côtoie ce grand brun à la mèche (balayée sur sa gauche) désormais grisonnante.

« À une époque, ma mère me disait qu’à cause de mes origines, on ne m’accepterait jamais en politique », déclarait Faure en 2006, à l’aube de sa première élection législative – perdue – en Seine-et-Marne. Fils d’une infirmière née au Vietnam et d’un père agent des impôts, il grandit dans un quartier populaire d’Orléans. Le PS, il y entre à 16 ans. Et ne le quittera plus.

Jeune adulte, Faure débarque à Paris en 1990, flanqué d’amis socialistes rencontrés dans les rangs du parti. « Les petits provinciaux qui découvrent la capitale ! », se souvient Christophe Clergeau, l’un d’eux, aujourd’hui élu régional des Pays-de-Loire et membre de la garde rapprochée du nouveau premier secrétaire. Ils vivent alors en coloc, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) puis deux ans à Paris avec un autre jeune militant, arrivé de Brest : Benoît Hamon. Tous les trois gravitent chez les Jeunes rocardiens. Étudiant en sciences politiques, Olivier Faure en prendra même la tête, succédant ainsi à… Manuel Valls. Sa chambre est dit-on « toujours en bazar ». « Il a toujours su mettre un collectif en musique, mais personnellement il n’est pas du tout organisé », sourit Clergeau.

Passé par le cabinet d’Aubry puis de Hollande

Faure débute comme collaborateur à l’Assemblée en 1991, puis passera plusieurs années comme cadre dirigeant d’une PME, spécialisée dans les hautes technologies, avant de rejoindre en 1997 – avec Hamon – le cabinet de Martine Aubry, ministre du Travail. Sa « mère » en politique, dont il est resté proche. Ce n’est qu’après qu’il rencontre son « père » politique, en la personne de François Hollande, alors patron du PS, dont il va codiriger le cabinet pendant sept ans. C’est à cette époque qu’il publie une BD sur les coulisses de la campagne de 2007 – « Ségo, François, papa et moi ». Il dessine toujours, mais garde désormais ça pour lui.

Ses détracteurs lui reprochent son profil « hollandais », nouvel homme de « synthèse », de compromis mou. « C’est simple, je ne sais pas ce qu’il pense », lâchait l’un de ses adversaires pendant la campagne, pointant du doigt une « absence de ligne politique ». L’intéressé a tenté de retourner l’argument, revendiquant une « synthèse dure », des choix affirmés. Et de rappeler que lors du précédent quinquennat, député et président du groupe parlementaire, il n’avait pas hésité à élever la voix contre la déchéance de nationalité, contre la loi Travail. « Il n’y a pas de risque de Hollande bis, il n’a pas peur d’assumer une position », confie un député socialiste. Tous louent son « écoute ». « C’est un bon négociateur », salue l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui le qualifie de « discret solide ». Les deux hommes, « complices », ont longtemps travaillé ensemble au Palais Bourbon.

« Il est parfois un peu trop réfléchi », nuance Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire. Trop sage, Olivier Faure ? « Il sait faire le con, il fait des blagues !, assure un député PS. Maintenant, il faut juste qu’il apprenne à faire des phrases compréhensibles… ». Ses problèmes de diction ont été pointés du doigt pendant la campagne. Nouveau capitaine d’un navire PS à la dérive, ce père de 4 enfants devra réussir à ce que tous, au parti, rament dans le même sens, mais aussi tenter d’incarner une opposition claire et audible à Emmanuel Macron.

Le soir du 15 mars, quand Faure est arrivé largement du vote pour le congrès, Jean-Marc Ayrault lui a envoyé un texto, citant Bracke, un député socialiste au moment de la victoire du Front populaire en 1936 : « Enfin ! Les difficultés commencent ! »

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