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Industriel, homme politique et patron de presse, Serge Dassault est décédé hier d’une crise cardiaque. Son nom est notamment associé aux avions Rafale et Falcon mais aussi au Figaro

C’était l’un des grands seigneurs de l’industrie aéronautique française. Serge Dassault est décédé lundi 28 mai à la mi-journée, après un malaise cardiaque alors qu’il se trouvait dans son bureau du rond-point des Champs-Élysées. Son patronyme qu’il tient de son père Marcel symbolise une réussite très française dans le domaine des avions de guerre dont le Rafale était le fer de lance pour l’activité militaire ou encore le Falcon très apprécié des milieux d’affaires.

19 milliards d’euros
La fortune personnelle de Serge Dassault a été estimée par le magazine Forbes en 2018 à quelque 19 milliards d’euros.

Avec sa disparition c’est une page importante de l’industrie française qui se tourne. Serge Dassault était toujours debout. Au début du mois de mars, lors de la présentation des résultats financiers de Dassault Aviation (actuellement dirigé par Eric Trappier), chacun avait pu constater sa présence en tant représentant de l’actionnaire principal. Il se déplaçait accompagné, s’aidant d’une canne, mais faisait montre de toute l’attention requise à l’égard des résultats de l’entreprise fondée par son père.

Il était devenu PDG de Dassault Industries en 1987 et avait dirigé Dassault Aviation jusqu’en février 2000. Sa fortune personnelle a été estimée par le magazine Forbes en 2018 à quelque 19 milliards d’euros. Sénateur jusqu’en 2017, il devait être jugé le 6 juin en appel pour blanchiment de fraude fiscale. Il était également mis en examen, depuis 2014, dans le cadre de ses fonctions à la mairie de Corbeil-Essonnes pour des motivations allant de « l’achat de votes« , de financement illicite de campagne électorale et « dépassement de plafond autorisé » toujours dans ce cadre. Des faits contestés par l’industriel lui-même et ses avocats. En février 2017, Serge Dassault a été condamné à deux millions d’euros d’amende avec cinq ans d’inéligibilité pour « blanchiment de fraude fiscale » et « omission de déclaration de patrimoine par un parlementaire« .

Les avions, la politique, la presse, la fondation d’aide aux handicapés

Né en 1925, Serge Dassault était diplômé de Polytechnique. Il entre dans le groupe de son père en 1951. L’ingénieur sorti d’une des plus prestigieuses écoles de la République française, œuvre avec son père au développement de l’entreprise qui fabriquera les fameux Mirages IV notamment conçus pour transporter des munitions nucléaires aux côtés des deux autres composantes de la dissuasion française, les missiles balistiques et les sous-marins. Avec le Mirage F1 et par la suite le Rafale, son groupe ne cessera d’engranger de fameux contrats à l’export.

Parallèlement, l’homme proche de Jacques Chirac se lance aussi dans la politique et il finira, après différents revers par être élu en 1995 maire de Corbeil-Essonnes en région parisienne. La politique était une façon pour lui de prendre ses distances avec son père disparu en 1986.

En 2004, Serge Dassault étend son pouvoir. D’abord en rachetant le groupe Figaro (devenant du coup l’actionnaire principal du Football Club de Nantes jusqu’à l’été 2007) ensuite en décrochant un mandat de Sénateur alors qu’il fêtait ses 79 ans. En tant que propriétaire du Figaro, Serge Dassault n’a jamais hésité a faire entendre sa voix et les pressions qu’il a exercées sur la rédaction du principal quotidien conservateur sont notoires.

Alors même que dans son communiqué diffusé en fin de soirée le président Emmanuel Macron soulignait au contraire son « respect du pluralisme« . L’industriel avait coutume d’expliquer, notamment en 2004, que les journaux se devaient de diffuser des « idées saines« , il critiquait l’homosexualité de même que le versement d’indemnités aux chômeurs qui selon lui ne voulaient pas travailler.

Mais l’homme avait aussi créé dans les années nonante sa propre fondation dont l’objet était de venir en aide aux handicapés et adultes et à soutenir la recherche médicale. Sur RTL hier, le Sénateur (LR) Pierre Charon vantait également le « grand chasseur, très bon tireur et en même temps un hôte merveilleux« . De son côté le patron du Medef (syndicat patronal) évoquait hier soir  « un véritable capitaine d’industrie, visionnaire et courageux« . Il n’est pas interdit de penser qu’un hommage aérien puisse lui être rendu. 

Il devait être jugé la semaine prochaine en appel pour blanchiment de fraude fiscale, après une condamnation en février 2017 à 5 ans d’inéligibilité et 2 millions d’euros d’amende.

Source: Afp