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Nouveau coup de théâtre : après des élections où les partis anti-système ont écrasé les partis dits de gouvernement, suivi des discussions pour construire la majorité M5S / Lega, le président Italien a déclenché une crise en refusant un ministre de l’économie opposé à l’euro, ce que les dirigeants de la majorité issue des urnes ont refusé de cautionner, avant une dernière provocation…

L’Union Européenne contre la démocratie, encore…

La couverture de ce qui s’est passé en Italie par la plupart des média est absolument navrant : « échec » de Conte, qui « renonce ». Dans la réalité, Di Maio, Salvini et Conte, les vainqueurs des élections de mars, ont refusé le diktat du président Italien, contraire aux résultats des urnes, et renoncé à former un gouvernement. Du coup, le président a choisi un premier ministre à l’opposé idéologique de la majorité de l’Assemblée, Carlo Cottarelli, un ancien du FMI, surnommé « Monsieur ciseaux » pour sa contributiona aux coupes des budgets publics qu’il avait défendu en 2013-2014. L’absence de majorité devrait provoquer de nouvelles élections, à l’automne, voir même en début d’année prochaine !

Dans un remarquable papier publié dimanche, Jacques Sapir fait le lien avec « l’odieuse » déclaration de Jean-Claude Juncker en janvier 2015, avant les élections gagnées par Syriza : « il ne peut pas y avoir de choix démocratiques contre les traités européens ». Mais les « euroïnomanes », pour reprendre une bonne expression utilisée en Italie, jouent avec le feu. Comme en Grèce, on peut croire que le peuple confirmera son vote, voir l’amplifiera. Sapir fait un parallèle avec la situation de la France il y a 140 ans, quand le président Mac-Mahon tenta d’imposer sa volonté à Gambetta : au final, le président qui ne voulait pas suivre le vote populaire finit par se soumettre et se démettre.

Le précédent Grec, où un gouvernement élu sur une promesse de changement, finit par poursuivre les politiques effarantes qu’il dénonçait dans l’opposition, appelle à la prudence, d’autant plus que les Italiens n’ont pas autant souffert que les Grecs. Mais ici, le fait que le déclencheur de la crise soit le refus de nommer un ministre de l’économie opposé à l’euro peut faire penser à une « crise fondatrice ». Et si l’Italie était mieux équipée que la Grèce pour dire « ciao » au monstre oligarchique, antidémocratique et antisocial qu’est l’UE ? Après tout, l’Italie est moins tributaire de cette Europe, n’a pas de Turquie et la majorité actuelle pourrait être davantage prête à franchir le Rubicon.

Il pourrait être potentiellement utile que le point de rupture ait été atteint avec celui qui devait devenir ministre de l’économie, M. Savona, ancien ministre, ancien patron du Medef Italien, qui avait écrit un guide pratique de sortie de l’euro… Ce faisant, Mattarella et les « euroïnomanes » pourraient bien avoir placé la question de la souveraineté nationale et de l’appartenance de l’Italie à la zone euro au cœur de la prochaine échéance électorale, à leur détriment. Ce n’est pas pour rien que les marchés sont aussi nerveux, comme au temps de la dernière crise de la zone euro. Car tout l’édifice européen est désormais à la merci de ce qui va se passer en Italie lors des prochaines élections…

Ce faisant, la fragilité de l’édifice européen n’en apparaît que plus criante, d’autant plus que son caractère profondément anti-démocratique et antisocial en éloigne toujours plus les peuples. Le moment de vérité est peut-être proche. Restent deux questions fondamentales : les Italiens confirmeront-ils leur vote, et surtout, est-ce que Di Maio et Salvini préfèreront leur programme à l’UE, contrairement à Tsipras ?

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