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Bien sûr, Macron est largement un héritier de Hollande, par son parcours, mais aussi sa ligne, euro-oligo-libérale, certes accentuée. Mais plus le temps passe, et plus les similitudes avec Sarkozy se renforcent, dans tous les domaines, sur le fond comme sur la forme. Et si celui qui avait œuvré au rapport Attali n’était pas, avant tout, un enfant politique du président élu en 2007 ?

Entre rupture, ego, dérapages et oligarchie
Une telle assertion n’est vraiment pas un compliment, moi qui suis revenu à la politique par opposition au futur président, et qui avait contre lui au second tour, sans état d’âme, ni regret. En outre, sous Hollande, comme ministre de l’économie, il avait trouvé le moyen de tenir des promesses que Sarkozy n’avait pas osé tenir, sur le travail du dimanche, osant même le dépasser par la droite sur de nombreux sujets, entre baisse des taxes pour les entreprises et démontage du droit du travail, qu’il a depuis parachevé après avoir accédé à l’Elysée. Pour couronner le tout, on trouve chez Macron la même tentation communautariste, par l’éloge de la religion et les accommodements avec la loi de 1905.
Mais il y a aussi une proximité de positionnement : Macron joue à fond la carte « people », comme Sarkozy avant lui : ce que Paris-Match a fait avec Macron ressemble terriblement à ce qu’il avait fait dix avant avec Sarkozy… D’ailleurs, les deux se sont construits par opposition avec leur prédécesseur et précédent mentor, qu’ils ont largement contribué à faire oublier. La rupture, c’était en 2007 comme en 2017, du moins dans le positionnement politique, même si, sur le fond, le changement est très limité et s’ils se placent dans les faits dans la continuité. Bref, deux produits marketing soutenus par les élites médiatiques et présentés comme nouveau alors qu’ils ne font que proposer plus du même.
On retrouver également les mêmes dérapages, moins vulgaires, mais bien plus violent dans le propos : ces Français qui « ne sont rien », ses propos sur les « illettrés » de Gad, « l’alcoolisme et le tabagisme » du bassin minier. Peut-être pire encore, son discours de défense de l’oligarchie, ces « premiers de cordée » qui doivent tirer « le reste de la cordée », affirmant qu’il n’est « pas vrai qu’on est juste si on empêche les gens de réussir », osant même affirmant que « les riches n’ont pas besoin d’un président. Ils se débrouillent très bien tous seuls ». Ce faisant, Macron est bien plus violent socialement que Sarkozy, qui semble, a posteriori et de manière bien étonnante, avoir bien plus de mesure…
En fait, on peut voir dans Macron un Sarkozy qui aurait fait l’ENA et serait monté beaucoup plus vite, avec tous les travers associés à ces deux conditions. Il est probablement encore plus sûr de lui-même, bien moins ouvert aux autres idées, d’autant plus figé dans la doxa dominante que sa réussite lui semble lui donner raison, d’où ses propos extravagants sur les « premiers de cordée » et le mépris qui suinte au sujet de tous les autres. Il est probablement bien plus figé dans le prêt-à-penser oligarchique que ne l’était Sarkozy, ayant osé reprendre le « il n’y a pas d’alternative » de Margaret Thatcher, pour en faire un « il n’y a pas d’autres choix » bien peu démocratique dans le magazine Fortune.
Dès le début, il était évident que Macron avait aussi du Sarkozy en lui, plus que du Hollande. Mais plus le temps passe, plus il se révèle comme une caricature énarchique du président de la « rupture », plus sûr de lui, plus auto-centré, plus vulgaire et plus coupé des Français que le président pour qui il avait travaillé, une forme de prouesse tant ces défauts étaient déjà marqués pour son prédécesseur.