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Donald Trump et Kim Jong-un ont échangé une poignée de main historique, la première entre un président américain en exercice et un leader nord-coréen. Le dirigeant nord-coréen a réaffirmé son engagement envers une « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ».
« Beaucoup penseront que ceci est une forme de fantaisie… d’un film de science-fiction. » Voilà ce que le leader nord-coréen Kim Jong-un a dit au président américain Donald Trump, peu après que les deux dirigeants ont échangé une poignée de main historique, ce mardi à Singapour.
Trump a qualifié leur discussion de « très, très bonne ». Le président américain a ainsi annoncé que la dénucléarisation allait commencer « très rapidement ». Les deux hommes ont signé un document commun. Qui dit quoi? Kim Jong-uUn s’engage derrière le principe d’une « dénucléarisation complète » et les USA à des « garanties de sécurité ».
Donald Trump a employé avec l’homme fort de Pyongyang, qui règne d’une main de fer sur son pays comme son père et son grand-père avant lui, les mêmes superlatifs et marques d’attention qu’il réserve d’ordinaire à ses alliés.
« Nous allons avoir une relation formidable », a-t-il lancé tout sourire.
AFP / SAUL LOEB Le leader nord-coréen Kim Jong Un (g) et le président américain Donald Trump (d) signent un document en présence du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo et de la soeur du dirigeant nord-coréen Kim Yo Jong, le 12 juin 2018 à l’hôtel Capella, sur l’île de Sentosa, à SingapourJugeant que cette première rencontre était un « bon prélude à la paix », le jeune dirigeant nord-coréen a souligné que « le chemin pour en arriver là » n’avait pas été facile, mais n’a rien dévoilé de ses intentions sur le fond.
« C’est une énorme victoire pour Kim Jong Un, qui a fait un véritable coup avec son face-à-face avec le président », relève Michael Kovrig, de l’International Crisis Group (ICG) à Washington, soulignant que son père comme son grand-père « en avaient rêvé ». « Pour les Etats-Unis comme la communauté internationale, c’est un point de départ positif pour des négociations qui devraient être longues et difficiles », ajoute-t-il.
Kim Jong-un a déclaré, avant d’apposer sa signature sur le texte, qu’une nouvelle ère commençait avec cette rencontre historique et a promis que le monde allait assister à un grand changement.
Le président américain a affirmé développer un lien particulier avec le dirigeant nord-coréen dont il a loué le talent et a précisé que les relations entre Washington et Pyongyang allaient désormais être très différentes de celles du passé.
Donald Trump a aussi assuré qu’il était prêt à inviter le leader nord-coréen pour une première visite à la Maison Blanche: « Nous allons nous rencontrer souvent », a-t-il précisé…
Le sommet historique entre Donald Trump et Kim Jong Un a permis de faire « beaucoup de progrès », a déclaré mardi le premier président américain en exercice à échanger une poignée de main avec un leader nord-coréen.
« C’était vraiment une rencontre fantastique », qui s’est déroulée « mieux que quiconque aurait pu imaginer », a lancé M. Trump à l’issue d’un déjeuner de travail avec le leader nord-coréen à Singapour.
Il est ensuite allé signer avec Kim Jong Un un document dont la teneur n’a pas été immédiatement dévoilée. Aucune information n’avait filtré à la mi-journée sur d’éventuelles avancées concrètes sur le sujet-clé: la dénucléarisation de la Corée du Nord.
Les deux hommes se sont entretenus pendant près de quatre heures, d’abord lors d’un tête-à-tête d’une quarantaine de minutes, suivi d’une réunion de travail, puis un déjeuner.
AFP / SAUL LOEB Le leader nord-coréen Kim Jong Un (g) pose la main sur le bras du président américain Donald Trump (d) avant le début du sommet historique à l’hôtel Capella, le 12 juin 2018 à SingapourA la table, Kim Jong Un était accompagné de son bras droit Kim Yong Chol, qui a récemment fait le déplacement à la Maison Blanche, et de plusieurs autres dirigeants du parti au pouvoir, dont sa soeur, Kim Yo Jong.
AFP / SAUL LOEB Le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong Un font une pause et se promènent dans le jardin de l’hôtel Capella, sur l’île de sentosa, le 12 juin 2018 à Singapour Arrivé au pouvoir sans la moindre expérience diplomatique, Donald Trump a pris de grands risques en faisant le pari, il y a trois mois, d’un sommet avec Kim Jong Un avec lequel il a échangé menaces et insultes pendant des mois.
Un peu plus de 500 jours après son arrivée à la Maison Blanche, il joue l’un des moments les plus importants de sa présidence sur la scène internationale, où il s’est mis nombre de dirigeants à dos, y compris parmi les alliés des Etats-Unis.
En dépit de la spectaculaire détente diplomatique des derniers mois, nombre de points d’interrogation demeurent.
« Nous verrons si Kim Jong Un lui accorde autre chose que quelques amabilités superficielles et de belles images de télévision », résumait Kelly Magsamen, ancienne spécialiste de l’Asie au sein du Pentagone.
– La décontraction de Kim –
AFP / AFP Corée du Nord : les rencontres diplomatiquesKim Jong Un, qui n’avait jusqu’à cette année jamais effectué la moindre visite officielle à l’étranger, est apparu très décontracté depuis son arrivée à Singapour. Lundi soir, le dirigeant nord-coréen, à la tête de l’un des pays les plus fermés au monde, s’est offert une spectaculaire sortie nocturne, visitant, visiblement ravi, les hauts lieux touristiques de la ville.
L’arsenal nucléaire nord-coréen a valu à Pyongyang une impressionnante série de sanctions de l’ONU au fil des ans.
Objectif affiché de Washington: la dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » de la péninsule.
Personnage central de ce dialogue, le chef de diplomatie américaine Mike Pompeo a affirmé lundi que les Etats-Unis étaient prêts à apporter à la Corée du Nord des « garanties de sécurité uniques, différentes » de celles proposées jusqu’ici, si elle répondait aux demandes américaines.
Possible résultat concret évoqué côté américain: un accord de principe pour mettre fin à la guerre de Corée. Le conflit de 1950-1953 avait en effet été conclu avec un armistice et non par un traité de paix, Nord et Sud étant donc techniquement toujours en guerre.
– « Dès la première minute » –
M. Trump, qui met inlassablement en avant son sens de la négociation et son instinct, avait assuré qu’il saurait « dès la première minute » de sa rencontre avec l’homme fort de Pyongyang si ce dernier est déterminé à bouger.
Et si, en dépit de préparatifs chaotiques, des signaux parfois contradictoires envoyés par l’administration Trump, d’une annulation suivie presque immédiatement d’une reprise des contacts, ce président atypique réussissait là où tous ses prédécesseurs ont échoué ?
Analystes et historiens jugent qu’il existe une ouverture mais rappellent à l’unisson que le régime de Pyongyang est passé maître dans l’art des promesses non tenues.
En 1994 puis en 2005, des accords avaient été conclus mais aucun d’entre eux n’a jamais été réellement appliqué.
« Trump va probablement crier victoire quel que soit le résultat du sommet, mais la dénucléarisation de la péninsule coréenne est un processus qui prendra des années », estime Kelsey Davenport, de l’Arms Control Association. Le « vrai test » sera « l’adoption ou non par la Corée du Nord de mesures concrètes pour réduire la menace que représentent ses armes nucléaires ».
« La mise en scène de ce sommet, des poignées de main aux drapeaux jusqu’au décor, ressemble en tous points à celle d’une rencontre entre deux Etats souverains avec des relations diplomatiques normales », a tweeté l’analyste Ankit Panda. « L’effet de légitimation pour le régime de Corée du Nord est indéniable ».
Source: AFP, Reuters, Belga