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Brigitte Aussières, les retraités, nouvelle vaisselle, Sleazy Macron
Lettre ouverte à Brigitte Trogneux – Auzières
Chère Brigitte,
Si j’emploie ton nom de jeune fille et de mère de trois enfants, c’est qu’à l’époque, comme des milliers d’enseignants de l’Education Nationale, tu n’étais qu’une simple professeure de français qui titillait ses étudiants « mâles blancs » avec des cours de théâtre. Tu étais déjà à Amiens une metteuse en scène qui plaçait tes élèves par ordre de mérite, les bons sur le devant de l’estrade et les mauvais au fond près des rideaux.
Or hier quelques centaines de malheureux retraités sont sortis dans la rue pour protester contre leur baisse de revenus. Toi l’ancienne prof à la retraite ( tu as la même retraite que moi et je me demande si la tienne a été apocopée), on ne t’a pas vue frayer avec tes collègues pour toi aussi rouspéter. Tu préfères parader avec des vieilles taupes comme Line Renaud à qui tu ressembles de plus en plus malgré « un pognon dingue » dépensé par ton entourage pour te faire passer pour une starlette d’Hollywood. Plus tes soigneurs te momifient, plus tu ressembles à nous tous, les vieux et les vieilles qui doivent vivre avec quelques centaines d’euros par mois.
Mais nous ne t’intéressons plus car l’augmentation de la CSG sur ton bulletin de retraite a été largement compensée par une vie de luxe et de richesse que tu mènes avec ton béta d’étudiant.
De plus tu as été le sujet d’un documentaire mielleux qui avait un seul but en tête : te montrer aussi souriante que possible et te faire paraître jeune, élégante, proche de la faune du monde intellectuel et du spectacle. Ici une photo où tu t’étais intégrée à la compagnie d’un Johnny tout rabougri et sur laquelle tu ne dépareillais pas, là avec des acteurs de cinéma dont la fraicheur laissait à désirer. Plus loin, en voyage officiel avec tes mini jupes et plus elles étaient courtes , plus tu croyais être proche de l’adolescence.
Tu as donc eu la chance de quitter ton milieu minable ce qu’est devenu l’univers de l’Education Nationale. Tu le méprises à présent car comme tous ceux qui ont réussi dans la vie, ce qui est le dogme principal de la méritocratie de ton mari, tu t’es hissée à un niveau inaccessible à la plupart de nous les retraités plumés. Comme les joueurs de foot sortis des banlieues pourries dans le 93, grâce à leurs coups de pied et qui roulent en bagnole de 400 000 euros et habitent des baraques de plusieurs millions d’euros, tu as fui le monde provincial où tu en as bavé. Tu penses que c’est le long travail de sape auprès d’un élève surdoué qui t’a conduite au sommet de l’Etat. Tu nous le fais sentir quasiment tous les jours et ne prenant jamais la défense des profs à la retraite ou de tous les retraités. A table, au lit, dans l’avion, après les conseils de ministres, tu aurais pu faire prévaloir nos droits et nos préoccupations auprès de « Sleazy Macron » mais tu n’en as rien fait. Tu devais être pliée en deux quand on nous tapait dessus, pensant que ces vieux « bons à rien » qui coûtent un « pognon dingue » ne méritaient pas le moindre argument en leur faveur.
Et hier, bien protégée dans ton bunker doré où tu attendais ta nouvelle vaisselle pour lancer de grandes réceptions payées avec notre augmentation de CSG, tu n’as même pas daigné jeter un coup d’œil à tous ces seniors fagotées dans des vêtements déplorables, loin des créations Dior ou autres. Ce monde a disparu de ton regard, obstrué par des panneaux de larbins, de sous-fifres, prêts à ta lécher tes bottes de cuir et à tapoter la bas de ta jupe. On n’est plus rien pour toi, de la merde qui mérite seulement les Ephad ou les maisons de retraite, loin des grandes avenues de Paris, loin des palais de la République, loin de ton nouveau style de vie.
Quel geste de partage et de compréhension tu aurais eu en marchant à Paris avec ces pensionnés plumés et tu nous aurais apporté un peu de chaleur devant cette situation qui devient incompréhensible pour la plupart d’entre nous.
Les paroles de ton homme complètement coupé de nos préoccupations nous font mal car à ses yeux nous ne sommes que des « vieux qui puent » ou de misérables « plus bons à rien ». On est dévalorisés, la risée de l’élite qui ne fait que s’enrichir grâce à la politique de Macron. Plus de place pour nous dans la société et tout cela va aller en s’empirant.
Merci Brigitte de ta compassion.
Mais ce qui est appelé « Le Roman de notre époque », une prof qui a débauché un mineur risque d’avoir une fin tragique. Là seulement alors ce sera un vrai « Roman » à la Stendhal ou à la Balzac. Vivrons-nous assez vieux pour le voir ?
