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La décision du Président Trump de retirer son pays du Plan Global d’Action Conjointe (PGAC), accord sur le nucléaire conclu avec l’Iran, le 14 juillet 2015, par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne, interdit pratiquement à toutes les entreprises françaises et européennes de commercer avec l’Iran sous peine de sanctions américaines.
Renault en Iran
Il est temps pour l’Union européenne de comprendre où sont réellement ses intérêts : dans la continuation d’une soumission aux Etats-Unis dans l’Alliance atlantique, ou dans l’adoption d’une posture indépendante et souveraine, qui n’empêcherait pas de continuer à entretenir des relations amicales dans différents domaines d’intérêt mutuel, mais qui permettrait à l’Europe de s’affirmer enfin comme une force politique justifiée par sa culture, son passé et son développement technologique et économique.
Car la politique brutale de Donald Trump en général, et en particulier vis-à-vis de l’UE, n’est que la forme ouverte d’une politique qui se faisait jusqu’alors de façon feutrée mais qui était la même : les Etats-Unis utilisent leur position dominante pour imposer leurs règles, politique accentuée depuis la fin de l’ère soviétique.
La réalité est là : nos intérêts économiques sont non seulement souvent incompatibles mais même opposés la plupart du temps.
Les déclarations des dirigeants de l’UE, de l’Allemagne et de la France assurant qu’elles resteraient liées à l’application du PGAC ne sont suivies d’aucune action concrète de représailles contre les Etats-Unis. Déjà plusieurs grandes entreprises françaises comme Total, PSA ont annoncé qu’elles se retiraient d’Iran. Seul le groupe Renault a décidé de maintenir son activité, mais il devra tout de même réduire la voilure. Ces désengagements laissent la place libre aux entreprises chinoises, russes, indiennes, coréennes et autres qui n’attendaient que cela.
Bien plus, celles qui avaient commencé à observer les immenses perspectives du marché iranien, pris des contacts pour envisager des contrats, ouvert des bureaux, commencent à faire marche arrière par peur des sanctions américaines.
En marge d’une conférence internationale à laquelle je participais récemment, mes contacts iraniens m’ont soumis une demande du Ministre de l’Energie qui propose d’établir un partenariat entre une société iranienne et une société française dans le domaine de l’énergie solaire pour un immense projet de 5000 Mégawatts. Projet sur 10 ans qui assurerait un retour sur investissement dès cinq ans, les revenus de l’électricité ainsi produite étant de 20 % par an.
Mon interlocuteur iranien ajoutait que le Ministre et ses services connaissaient les difficultés des banques françaises et qu’ils étaient prêts à étudier avec l’entreprise qui serait prête à investir dans le projet des facilités financières.
Interrogées à mon retour en France, je n’ai eu aucune réponse positive des entreprises françaises, ni d’ailleurs allemandes.
Grâce au tempérament de Donald Trump, la domination du monde par son pays apparaît en pleine évidence. Il est grand temps de s’y adapter au lieu de continuer à caresser des chimères idéologiques qui appauvrissent l’UE et ses états membres.