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Par Beatriz Rios

La fermeture programmée de la frontière entre l’Autriche et l’Allemagne pourrait signer la fin de l’espace Schengen. Les deux pays doivent discuter de cette mesure réclamée par Berlin lors d’une rencontre à Vienne.
La décision du gouvernement allemand de fermer la frontière avec l’Autriche et de mettre en place des centres à la frontière pour traiter les demandes d’asile « a surpris tout le monde », assure la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Karin Kneissl.
La ministre autrichienne soutient qu’elle ne connaissait pas les détails du projet allemand, de la manière dont il serait mis en place ou de l’impact qu’il aurait sur la frontière autrichienne.
La réaction de l’Autriche sera néanmoins rapide. « À partir du moment où une frontière est fermée, l’Autriche devra prendre des mesures similaires dans le sud », affirme le ministre de l’Infrastructure et des Transports, Norbert Hofer, membre du parti de la liberté, d’extrême droite.
La décision de Berlin pourrait aussi avoir des répercussions sur la frontière entre l’Autriche et l’Italie ainsi que sur le col du Brenner, qui marque la frontière entre les deux pays. Karin Kneissl a reconnu qu’elle n’avait pas encore pris contact avec son homologue italien.
« Dans les prochains jours, il y aura des discussions avec nos amis du nord (l’Allemagne), afin de comprendre quelles sont les mesures », explique Norbert Hofer.
Discussions de Vienne
Horst Seehofer sera à Vienne le 5 juillet pour aborder la question avec son homologue autrichien, Herbert Kickl, ainsi qu’avec le chancelier Sebastian Kurz. Les conclusions de la réunion pourraient marquer l’avenir de l’espace Schengen à court terme, puisqu’une fermeture des frontières risque de créer un effet domino.
Norbert Hofer soutient que la décision de Berlin est « une mesure d’urgence parce que la protection des frontières extérieures ne fonctionne pas ». Même si les arrivées en Europe de migrants en situation irrégulière sont en train de chuter, Vienne estime qu’il y a bien une crise en cours puisque la pression migratoire est encore bien présente.
« Pendant de nombreuses années, nous avons dit que nous devions protéger les frontières extérieures de l’espace Schengen pour ne pas avoir besoin de protéger les frontières à l’intérieur de l’Union européenne », explique le chef de file du FPÖ autrichien. « Nous devons redoubler d’efforts pour que les frontières extérieures soient protégées et que les pays le long de ces frontières ne soient pas livrés à eux-mêmes. »
Nouvelle politique d’asile
Karin Kneissl rappelle que, contrairement à il y a 20 ans quand les personnes pouvaient demander l’asile dans les ambassades en cas de persécution, le seul moyen de demander l’asile aujourd’hui est de traverser la Méditerranée.
« Les instruments que nous avons développés pour l’asile datent d’avant la mondialisation », commente-t-elle. « Et ces instruments ne correspondent plus aux besoins actuels. »
« Pour éviter la traversée de la Méditerranée, nous devons amener les autorités vers les gens et non pas le contraire », propose-t-elle.
Pourtant, c’est la dimension extérieure de la migration, est non pas la réforme du Système européen commun d’asile, qui fait partie des priorités de la présidence autrichienne, malgré les appels répétés des présidents de la Commission et du Parlement, Jean-Claude Juncker et Antonio Tajani.
Sud-est de l’Europe
La présidence autrichienne veut également se concentrer sur l’élargissement de l’UE vers les Balkans occidentaux. Karin Kneissl préfère appeler cette région « le sud-est de l’Europe, pour bien montrer qu’elle fait partie de l’Europe. »
« J’aimerais insister sur la nécessité d’une perspective européenne pour ces pays », dit-elle. Un point sur lequel le chancelier Sebastian Kurz a aussi insisté devant le Parlement européen, le 3 juillet.
« Le projet européen ne sera total que lorsque les Balkans occidentaux appartiendront à notre communauté de nations », a souligné Sebastian Kurz à Strasbourg.
Karin Kneissl s’est dit engagée à continuer les accomplissements de la présidence bulgare et est déjà en contact avec ses collègues néerlandais et français, les deux pays s’opposant à l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Albanie et l’ancienne République yougoslave de Macédoine.