À l’origine du prélèvement à la source, il y a la conviction, vieille comme notre haute fonction publique, qu’il faut faire comme les autres en Europe: faire prélever l’impôt par l’employeur. Comme souvent dans ce genre de raisonnement, la technostructure ne s’embarrasse pas de détails. En particulier, elle ne s’interroge pas sur la qualité de service à l’usager, ni sur les conditions réglementaires à réunir pour que cette transformation ne tourne pas à la catastrophe industrielle, comme ce fut le cas pour RSI en son temps.
Elle est simplement convaincue que son idée est la bonne, et qu’il faut la mettre en pratique.
Le prélèvement à la source ou le triomphe de l’amateurisme
Compte tenu de l’ampleur de cette réforme, et du changement culturel qu’elle prépare, le bon sens voudrait que sa mise en oeuvre soit entourée d’une infinité de précautions. Par exemple, il eut été de bon aloi de mener un exercice « à blanc » pendant un an: les Français aurait reçu une fiche de paie leur indiquant chaque mois, en 2018, combien ils toucheront en 2019 une fois la réforme mise en oeuvre. Au lieu de cette mesure de bon sens, les services fiscaux préparent en septembre la notification des taux, sans donner aux contribuables le temps de comprendre ce qui leur arrive, et de demander d’éventuelles corrections.
Or la réglementation du prélèvement à la source représente quand même vingt-cinq pages de Journal Officiel, lecture dont on peut penser que très peu d’entreprises auront le loisir de digérer. Manifestement, personne à Bercy n’a voulu admettre qu’avant de confier la collecte de l’impôt individuel aux entreprises, le bon sens était d’en simplifier les règles. En particulier, le maquis des niches risque de faire souffrir bien des assujettis.
Dans toutes ces opérations, on retrouve l’amateurisme habituel de la haute fonction publique, qui se croit très professionnelle, mais qui joue régulièrement aux apprentis sorciers.
Le précédent des milliards gaspillés impunément par les hauts fonctionnaires
Or, si l’on a un peu de jugeotte, on se souvient de quelques noms qui claquent comme des naufrages informatiques de premier ordre.
A-t-on entendu parler de la moindre sanction à l’issue de ces désastres? Aucunement. L’échec n’est pas un handicap dans la fonction publique.
En tout cas, au vu de ces déroutes qui semblent inspirer une parfaite indifférence à la haute fonction publique qui en est responsable, on comprend que l’exécutif se montre frileux. En effet, un loupé pourrait coûter politiquement très cher au gouvernement…