Étiquettes

, , , ,

Le président du groupe Les Républicains au Sénat fait sa rentrée politique ce samedi 1er septembre, à l’occasion de l’université d’été du parti à La Baule (Loire-Atlantique). Il appelle sa formation politique à se rassembler autour de deux idées : identité et liberté.

Recueilli par Thierry RICHARD.

La station balnéaire bauloise accueille, ce samedi, l’université d’été du parti Les Républicains (LR), en Loire-Atlantique. Sont notamment annoncés : Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, le député européen Brice Hortefeux, qui représentera Laurent Wauquiez, et le Vendéen Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. Dans un entretien accordé à Ouest-France, ce dernier livre son analyse sur l’état de son parti.

La droite fait sa rentrée en ordre dispersé. Est-ce le signe qu’elle est en décomposition ?

La droite va mieux qu’il y a un an. Emmanuel Macron a tout fait pour essayer d’affaiblir la gauche et pour fracturer la droite. Depuis un an, les Français sont passés de l’espoir à la désillusion. Mais ce n’est pas pour autant que la droite doit s’en réjouir. Nous ferions une grave erreur de diagnostic en pensant que le vieux temps de l’alternance automatique est revenu.

Quelle est l’urgence ?

Nous devons avoir deux exigences : rassembler sans se renier. Il faut dire quel idéal nous voulons porter. On ne peut pas se contenter de quelques propositions sur la sécurité ou l’immigration. Le temps des petits gestionnaires est terminé. Il faut répondre aux bouleversements du monde et aux angoisses françaises. C’est ce que j’essaie de faire avec Force Républicaine (l’ancien mouvement de François Fillon qu’il préside depuis 2017, N.D.L.R.) en menant la bataille des idées.

Quelles sont les idées que vous proposez ?

Je pense qu’il faut proposer une politique de civilisation qui marche sur ses deux pieds, la liberté et l’identité. Aujourd’hui, la droite parle soit le langage de la liberté, soit le langage de l’identité. Il faut associer les deux pour répondre à la double angoisse des Français, la peur du déclassement économique et la peur de la dépossession culturelle. Si on choisit, on se coupe des besoins des Français.

La rivalité entre Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse est-elle de nature à enrichir ce débat d’idées ?

Toute discussion autour des idées fortifie notre famille et nous permet de nous élargir. Mais cette rivalité risque d’être stérile si elle n’est qu’une querelle d’ego. Ce qui serait nuisible, c’est que l’on s’affronte et que l’on s’affaiblisse encore plus dans la division. Les petites phrases ne sont pas à la hauteur.

Laurent Wauquiez répond-il aux attentes des militants ?

Il a eu le courage de se présenter à l’élection. Il a été élu légitimement avec une forte majorité. En matière de ligne, il a compris que ce qui taraudait les Français, ce n’est pas seulement les questions matérielles, mais aussi les questions culturelles. En revanche, on a encore un énorme chemin à faire dans le rassemblement. Ce chantier reste à mener.

La droite est-elle sous la menace d’une tentation populiste ?

Il faut se préserver de solutions populistes. Je ne veux pas d’une droite qui ne serait qu’identitaire, qui ne parlerait que des questions d’immigration et de sécurité, même si c’est essentiel. Il faut aussi plus de liberté, parce que la société française se bureaucratise. La dépense publique mange 56 % de l’effort que produisent les Français.

Y a-t-il encore une chance de réunir la droite et le centre ?

Je pense que oui. Au Sénat, il faut trouver une alliance entre la droite et le centre et c’est ce que je fais tous les jours. Il y a deux façons de l’organiser. S’il n’est plus possible d’avoir une maison commune, nous pouvons réussir à travailler ensemble, sur la base d’idées communes, qui existent. C’est possible, en tout cas je ne me résous pas à acter le fait qu’il y aurait des droites irréconciliables.

Un rapprochement avec le RN est-il envisageable, notamment sous la pression du terrain ?

Non, c’est impossible. S’il y a une pression militante, c’est parce que trop souvent la droite a pris l’habitude de baisser la tête. Pendant longtemps, parler d’identité c’était un gros mot. La droite doit se ressaisir, assumer son être profond en marchant sur ses deux jambes. C’est ce qui nous préservera des tentations extrêmes.

Comment jugez-vous l’action d’Emmanuel Macron ?

En cette rentrée, les Français font un double constat. D’abord, ils ont vu les coulisses de la gouvernance : l’affaire Benalla montre le risque de dérive autoritaire d’une présidence solitaire et la démission de Nicolas Hulot marque la limite du « en même temps ». Ensuite, Macron avait promis la transformation. Or, sa politique ne produit pas de résultats.

Lui reconnaissez-vous le mérite d’avoir lancé des réformes économiques ?

Il a fait du faux-semblant. Il y a des réformes que j’ai votées, comme la SNCF ou le Code du travail, qui vont dans le bon sens, mais qui sont trop timides. Non seulement sa politique ne donne pas de résultats, mais elle est injuste. Emmanuel Macron porte une double atteinte à deux principes clés de notre modèle social. Il porte atteinte à la solidarité, notamment vis-à-vis des retraites. Il fait le choix de la paupérisation de nos aînés, plutôt que le choix du temps de travail. En voulant remplacer les allocations familiales par des prestations sociales, il porte aussi atteinte à l’universalité de la politique familiale.

Les élections européennes doivent-elles être un référendum anti-Macron ?

Certainement pas. Emmanuel Macron veut profiter de ce scrutin pour fracturer la droite. Il installe une sorte de manichéisme, le camp du bien contre le camp du mal, les vrais européens contre les nationalistes. Mélenchon veut faire des Européennes un référendum anti-macron, Macron veut en faire un plébiscite pro-Macron. Ces deux-là se sont choisis. Nous sommes pro-Européens, mais il faut écouter ce que disent les peuples. Ou l’Europe change, ou l’Europe meurt. Nous voulons une Europe qui protège du terrorisme islamique et une Europe qui défend ses frontières face aux vagues migratoires.

Que pensez-vous de l’Europe des cercles défendue par Emmanuel Macron ?

Il ne faut pas ostraciser l’Europe de l’Est. Il faut travailler au rassemblement de l’Europe, sans créer de nouveaux rideaux de fer. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que le retour des vieux empires exige une réponse continentale. Il faut une Europe qui assume sa civilisation et dire une fois pour toutes que nos racines sont à Athènes, à Rome et à Jérusalem.

https://www.ouest-france.fr