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Bachar al-Assad, Bob Woodward, Donald Trump, on les bute, Tuons-le bordel

Radio-Canada avec Washington Post et AFP
Le livre intitulé Fear : Trump in the White House, dont la sortie est prévue le 11 septembre, s’ajoute à la longue liste d’ouvrages peu flatteurs consacrés au 45e président des États-Unis. Cependant, la réputation de Bob Woodward, célèbre dans le monde pour avoir révélé, avec Carl Bernstein, le scandale du Watergate qui a contraint Richard Nixon à démissionner, donne à ce livre un relief particulier.
Le Washington Post, dont Bob Woodward est l’un des rédacteurs en chef adjoints, a publié mardi de nombreux extraits du livre de 450 pages, qui sera prochainement traduit en français.
L’enquête du procureur spécial Robert Mueller, chargé de faire la lumière sur une éventuelle collusion entre l’équipe de campagne de Trump et la Russie, occupe une place de choix dans le livre.
Selon des témoins restés anonymes, la colère et la paranoïa du président devant l’enquête paralysent parfois pendant des jours entiers l’aile ouest de la Maison-Blanche, qui héberge les bureaux du président et d’une cinquantaine de ses collaborateurs.
Évoquant « un coup d’État administratif » et une « dépression » de l’exécutif, le livre relate aussi les subterfuges qu’utiliserait l’entourage du président pour éviter qu’il ne prenne des décisions sur un coup de tête. Certains conseillers retireraient par exemple en catimini des documents officiels de son bureau afin qu’il ne puisse pas les voir ou les signer.
Au printemps 2017, craignant une « crise économique et diplomatique », des collaborateurs auraient ainsi subtilisé le brouillon d’une lettre annonçant le retrait des États-Unis de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Une demande pour tuer Bachar al-Assad
Toujours selon les éléments rassemblés par Bob Woodward, après l’attaque chimique d’avril 2017 attribuée au régime de Bachar al-Assad, Donald Trump aurait appelé le général Mattis et lui aurait dit qu’il souhaitait assassiner le président syrien. «Tuons-le bordel! Allons-y! On leur rentre dedans et on les bute», aurait-il déclaré. Après avoir raccroché, Jim Mattis se serait tourné vers un conseiller et aurait dit: «Nous n’allons rien faire de tout cela. Nous allons être beaucoup plus mesurés.»
Après l’attaque chimique d’avril 2017 attribuée au régime du président syrien Bachar Al-Assad, M. Trump aurait appelé le secrétaire à la Défense, James Mattis, pour lui dire, ponctuant son discours de plusieurs jurons, qu’il souhaitait faire assassiner le dictateur.
Des extraits publiés par le Washington Post se dégage aussi l’image d’un président irascible qui s’en prend à ses collaborateurs avec une violence peu commune.
Objet récurrent du mépris présidentiel, le secrétaire à la Justice, Jeff Sessions, est traité sans ménagement. Le président aurait qualifié de « mentalement retardé » et d’« abruti du Sud » celui qui a été l’un de ses partisans de la première heure.
Des collaborateurs peu admiratifs
Certains collaborateurs du président ne le tiendraient pas davantage en haute estime.
Lors d’une réunion en comité restreint, le chef de cabinet de la Maison-Blanche, John Kelly, aurait ainsi affirmé à son sujet : « C’est un idiot. C’est inutile d’essayer de le convaincre de quoi que ce soit. […] Je ne sais même pas ce que nous faisons là. C’est le pire boulot que j’aie jamais eu. »
À l’issue d’une rencontre entre M. Trump et son équipe de sécurité nationale au sujet de la présence militaire sur la péninsule coréenne, James Mattis, particulièrement exaspéré, aurait en outre confié à des proches que le président se comportait comme un élève de 10 ou 11 ans et montrait le même degré de compréhension des enjeux.
Le journaliste raconte longuement comment l’équipe de sécurité nationale de Trump aurait été ébranlée par son manque de curiosité et de connaissances sur les enjeux mondiaux ainsi que par son mépris pour les opinions des chefs militaires et du renseignement.
L’auteur affirme qu’il a cherché, sans succès, à interviewer M. Trump pour ce livre, mais que le locataire de la Maison-Blanche l’a appelé mi-août, alors que le manuscrit était terminé.
Le Washington Post publie l’enregistrement de la conversation entre les deux hommes, au cours de laquelle le président se plaint que ce sera un « mauvais livre ». Il affirme toutefois que personne ne lui a communiqué le message du journaliste et assure qu’il aurait « adoré lui parler ».
La Maison-Blanche nie les allégations
Le président Trump a dénoncé un « mauvais livre de plus » dans une entrevue accordée au site conservateur Daily Caller.
« Ce ne sont que des choses méchantes », a-t-il dit, réfutant les témoignages du livre et soutenant que son auteur avait un « problème de crédibilité ».
Dans une déclaration remise aux journalistes, la Maison-Blanche a également nié avec véhémence les allégations du livre, profitant de l’occasion pour attaquer les médias.
« Ce livre n’est rien de plus que des histoires inventées de toutes pièces, souvent par d’anciens employés mécontents, pour donner une mauvaise image du président », a affirmé la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders.
Évoquant des réalisations « sans précédent » trop rarement rapportées dans les médias, elle ajoute que « personne ne pourra le battre » à l’élection présidentielle de 2020.
Dans le même communiqué, le chef de cabinet de la Maison-Blanche, John Kelly, a vanté sa relation « incroyablement franche et forte » avec Donald Trump. « L’idée même que j’aie traité le président d’idiot n’est pas vraie », soutient-il.