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 (AFP)

La commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla a repris mercredi ses travaux en pleine polémique sur l’audition à venir de l’ex-chargé de mission d’Emmanuel Macron obtenue au terme d’un bras de fer entre le Sénat et l’intéressé.

Cette affaire éclabousse le chef de l’Etat qui a réfuté toute volonté de couvrir son ancien proche collaborateur, mis en examen pour des violences contre un manifestant le 1er mai à Paris.

« Personne n’est dupe » de l' »instrumentalisation » politique de l’affaire Benalla depuis cet été, a affirmé mercredi la garde des Sceaux Nicole Belloubet. Egalement offensif, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux s’en est de nouveau pris au président de la commission, issu de l’opposition LR, Philippe Bas, jugeant qu’il « en fait une ambition politique personnelle ».

« M. Benalla est convoqué, il a des propos offensants. (…) Je ne laisserai pas insulter l’institution qu’est le Sénat. Cette commission est totalement souveraine, c’est elle qui écoutera, entendra et décidera », a rétorqué le président LR du Sénat Gérard Larcher sur LCI.

« Nous poursuivons nos auditions pour tenter de lever des contradictions » et « établir le fonctionnement » des différents services de l’Etat, a déclaré Philippe Bas à l’ouverture des travaux.

Placide, il n’a pas non plus commenté l’attaque d’Alexandre Benalla qui a fini par accepter mardi soir de se rendre à une future convocation du Sénat, a priori prévue pour le 19 septembre, au terme d’une journée de bras de fer lors de laquelle il a qualifié M. Bas de « petit marquis ».

M. Benalla a annoncé mardi soir qu’il était « contraint » de se rendre devant la commission sénatoriale, pour éviter des « poursuites judiciaires », dans un communiqué transmis à l’AFP.

Un refus de se présenter est punissable de deux ans d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende.

La garde des Sceaux avait déjà alimenté la polémique mardi, relevant qu' »il ne peut pas y avoir d’interférences » entre une commission d’enquête et une information judiciaire, s’attirant les foudres de M. Bas. « J’ignorais que [Mme Belloubet] était le conseil juridique de monsieur Benalla », avait-il ironisé.

– « Rôle exact » –

En attendant M. Benalla, la commission a entendu mercredi matin le chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch.

Ce dernier a estimé que M. Benalla, filmé le 1er mai en train de frapper un manifestant, avait eu « un comportement individuel fautif » et qu’il avait « à l’évidence agi en dehors de ses fonctions à la présidence de la République ». « Je peux vous dire qu’en voyant cette vidéo, j’ai été choqué », a-t-il dit.

« J’ai entendu parler de milice » à l’Elysée. « Ce n’est absolument pas le cas », a cependant assuré l’ex-supérieur hiérarchique de M. Benalla.

Insistant à plusieurs reprises sur le fait qu’il était en voyage préparatoire en Nouvelle-Calédonie au moment des faits, M. Lauch a également souligné que « M. Benalla n’a pas exercé de mission de police » dans le cadre de ses fonctions à l’Elysée.

Mercredi, la commission doit également auditionner le commandant militaire de l’Elysée, le général Bio-Farina qui a déjà été auditionné en juillet par la défunte commission d’enquête de l’Assemblée nationale.

M. Benalla était « une sorte de facilitateur de la sécurité », selon le commandant militaire, sans en être « en charge ». « Il ne pouvait pas intervenir dans les processus de sécurité », avait-il alors martelé.

Troisième et dernière audition au programme: celle de Maxence Creusat, commissaire de police à la direction de l’ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris. Il a été mis en examen notamment pour « violation du secret professionnel ».

La Commission cherche à déterminer si M. Benalla n’a pas en fait rempli une fonction de protection personnelle du chef de l’Etat, ce qui « apparaît vraisemblable », alors que cette tâche sensible incombe à des unités d’élite de la police et de la gendarmerie.

Ce responsable de la police « a été en contact avec M. Benalla bien avant le 1er mai et après le 1er mai », a relevé M. Bas. Il est donc à même de « savoir exactement ce qu’il faisait dans l’appareil d’Etat et s’il y a eu confusion entre la présidence de la République (…) et le fonctionnement de l’administration ».

Après l’éclatement de l’affaire Benalla, Emmanuel Macron a engagé une réforme de l’organisation de l’Elysée, son entourage reconnaissant des « dysfonctionnements ».