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Les derniers rebondissements politiques viennent semer le trouble au sein d’une majorité où rège d’ordinaire une discipline sévère. Pour Dominique de Montvalon, La République En Marche peine à retrouver l’identité des origines : celle de la campagne.
Déjà en quête d’identité, la République en Marche (LREM) n’avait pas besoin de cela. En 48 heures, le parti majoritaire vient d’encaisser un sévère «gauche-droite» au menton. Et vacille.
C’est d’abord la productrice de cinéma et députée macroniste des Hauts-de-Seine Frédérique Dumas qui claque la porte du groupe parlementaire, expliquant qu’elle a le sentiment d’être en France «sur le Titanic» (sic) et déplorant que la gestion des réformes soit, loin des promesses initiales, aux mains «de technocrates hors-sol, voire cyniques». Le coup de grâce: rejoignant l’UDI, Frédérique Dumas explique qu’elle croit toujours à Macron, et lui reste fidèle. Mais fidèle au Macron de la campagne présidentielle, bref au Macron… des origines.
C’est ensuite Emmanuel Macron qui, depuis l’Élysée, fait dire brutalement que, lui président, jamais d’ici 2022 on ne touchera aux droits de succession. Or qui, juste avant, avait publiquement souhaité qu’un débat s’engage pour faire évoluer l’imposition des successions? Christophe Castaner, le propre patron du parti présidentiel. Ah bon, Castaner était donc un franc-tireur?
Jusqu’ici, les députés macronistes -invités depuis un an à ne débattre entre eux qu’à huis clos, à ne pas faire état de ces débats à l’extérieur et à se rallier au moment du vote à la position dominante – avaient très souvent du «vague à l’âme». Et c’est peu dire. Signe éloquent de ce malaise: lors de l’élection (à bulletin secret) de Richard Ferrand à la présidence de l’Assemblée, une forte minorité de députés LREM ont choisi de bouder Ferrand – élu au premier tour de justesse – et de voter pour le candidat de l’UDI. Quant aux cadres et militants du parti, il leur faut se contenter d’un président du parti à mi-temps puisque Castaner a exigé de rester au gouvernement.
C’était déjà dur à vivre. Mais maintenant, pour les uns comme pour les autres, ça se complique.
Cette discipline de fer imposée aux siens par Macron ne doit rien au hasard.
Attention, ça peut craquer.
Macron ne veut pour rien au monde d’une réédition de la fronde qui, au bout du compte, a littéralement «tué» Hollande. Alors, verrous.
Pour être élu, Macron a tiré sa force de l’addition d’élus et de militants venus de deux camps jusque-là opposés, mais il a tout de suite mesuré que les faire travailler ensemble pendant un quinquennat, ce serait une tout autre histoire. Hasardeuse. Alors, verrous.
Macron, ayant fait table rase du passé, ne dispose pas – comme jadis De Gaulle – de «barons» à l’expérience suffisante, au charisme reconnu, au cuir tanné, donc à même de faire régner l’ordre (démocratique) dans les rangs. Alors, verrous.
Plus important: soucieux de redorer la fonction présidentielle et de réhabiliter l’exercice de l’autorité, Macron veut en permanence que tout remonte à lui, que tout dépende de lui. Lui seul sait, lui seul tranche. Pas de parole dissidente, ou imprudente, ou simplement décalée. Donc, à nouveau, verrous.
Mais la houle s’est levée et l’énorme risque que court un président déjà bien isolé, ce serait de chercher son salut, dans un tel contexte, en verrouillant le système trois crans de plus. Attention, ça peut craquer. Une seule solution: la refondation.