Étiquettes
La Bourse de Milan a cédé un peu moins de 4% ce vendredi au lendemain de l’annonce par la coalition populiste au pouvoir en Italie d’un accord sur un déficit à 2,4% pour les trois prochaines années, soit largement plus que ce que prévoyait le précédent exécutif.
La Bourse de Milan a lâché 3,72% ce vendredi. Cette baisse s’inscrit dans un contexte politique tendu: au terme d’un long bras de fer avec le ministre modéré des Finances, Giovanni Tria, qui plaidait pour un déficit à 1,6% pour éviter toute tension, le parti antisystème ‘Mouvement 5 étoiles’ et son partenaire de coalition ‘La Ligue’ (extrême droite) ont obtenu gain de cause jeudi, parvenant à imposer un déficit de 2,4% en 2019, 2020 et 2021.
L’Italie « hors des clous » européens
Les marchés financiers avaient espéré que Giovanni Tria, professeur d’économie qui n’appartient à aucun des deux partis au pouvoir, résisterait à la pression des politiques. Ces derniers entendent avec cet objectif de déficit de 2,4% financer leurs promesses de campagne, comme le « revenu de citoyenneté » et la révision de la réforme de 2011 sur les retraites.
L’Italie a ainsi pris le risque d’un vif conflit avec la Commission européenne, mais aussi d’une flambée des marchés financiers. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, l’a confirmé ce vendredi en estimant que le budget italien paraissait « hors des clous » des règles européennes.
Le président du Parlement européen, l’Italien Antonio Tajani, parle lui d’un budget « contraire aux intérêts du peuple« . « C’est un budget contre le peuple, qui appauvrit le Nord sans aider le Sud. Il freine la croissance et aggrave la dette, augmente le coût des hypothèques et des prêts pour les familles et les entreprises. Cela nous rend moins souverains, plus dépendants des marchés. Donc, il abolit le bon sens, pas la pauvreté. »
Les banques plongent
À la Bourse de Milan, l’indice de référence, le FTSE Mib X4721-3,72% , a ouvert en recul de 1,3% puis a accentué ses pertes, cédant 3,72% à la clôture.
Les banques ont été les principales victimes. Banco BPM BAM-9,43% a dévissé de plus de 9%, Intesa Sanpaolo ISP-8,44% de plus de 8%, UniCredit UCG-6,73% un peu plus de 6,5% et Ubi Banca un peu moins de 8%.
Tension sur les taux
Le taux d’emprunt italien s’est quant à lui nettement tendu. A la clôture des marchés, le taux à dix ans avait fortement grimpé à 3,156% contre 2,888% jeudi à la fin de la séance sur le marché secondaire, portant le « spread », l’écart très surveillé entre les taux d’emprunt italien et allemand, à 268,8 points.. A l’inverse, le rendement de même maturité de l’Allemagne reculait à 0,474% contre 0,529%.
A noter que si les taux grimpent, le coût de remboursement augmente pour l’Etat, ce qui réduit les marges de manœuvre financières du gouvernement italien. Ce qui n’a pas l’air de déranger la coalition au pouvoir.
Interrogé sur d’éventuelles réactions négatives sur les marchés, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles et vice-président du conseil italien, que son gouvernement expliquera « aux marchés qu’il y aura tellement d’investissements en plus et que nous pourrons ainsi faire croître l’économie comme nous le voulons », a-t-il indiqué. Pour le numéro 2 du gouvernement, les préoccupations du commissaire Moscovici sont légitimes mais l’Italie veut le convaincre que la croissance permettra de rembourser sa dette.
De son côté, le ministre italien de l’Intérieur et également vice-président du Conseil, Matteo Salvini n’a pas manqué de critiquer une nouvelle fois l’exécutif européen. Pour le chef de file de La Ligue, « le droit des Italiens à la santé, à l’emploi et à la retraite compte plus que les menaces européennes (…) et les arguments des bureaucrates de l’UE ».