Étiquettes

, , ,

Par  Sophie de Ravinel

A la tête de l’aile gauche socialiste, Emmanuel Maurel annonce vendredi dans Le Monde son départ du PS et son rapprochement avec les Insoumis en vue des Européennes. Un nouveau coup dur pour le parti d’Olivier Faure.

Selon nos informations, Emmanuel Maurel, à la tête de l’aile gauche du PS, annonce ce vendredi dans Le Monde sa décision de quitter le Parti socialiste. Avec sa propre formation, «Nos causes communes», l’eurodéputé se rapproche de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon en vue des Européennes de mai 2019.

Ce départ couvait depuis plusieurs semaines, voire depuis plusieurs mois. Il doit être officialisé quelques heures après le vote des militants socialistes sur deux textes d’orientations du parti en vue des Européennes: le texte officiel du parti, «Changeons l’Europe», rédigé avec les contributions de l’ensemble des courants, et celui spécifique de l’aile gauche. La mobilisation sur ce vote, jeudi soir, ne devrait pas être colossale. Le résultat sera annoncé lors d’un Conseil national du PS ce week-end. Un CN au cours duquel ce départ d’une partie de l’aile gauche occupera tous les esprits.

Pour le moment, difficile de quantifier l’ampleur du mouvement même s’il semble que Maurel annonce un départ avec plusieurs centaines de personnes. Mais quoi qu’il en soit, symboliquement le coup est dur pour un PS en grandes difficultés après les résultats catastrophiques de 2017. Le coup n’en est pas moins pénible pour son premier secrétaire, Olivier Faure. Elu par les socialistes il y a quelques mois au congrès d’Aubervilliers, le député de Seine-et-Marne est lui-même situation difficile dans sa propre formation.

Tous, au sein du courant «l’Union et l’espoir», ne partent pas

Une certitude cependant: tous, au sein du courant «l’Union et l’espoir», ne partent pas. C’est le cas, entre autres premiers fédéraux, de Franck Rey. Ce dernier, à la tête de la fédération du Cantal, «désapprouve le choix et la méthode d’Emmanuel Maurel». Interrogé par Le Figaro, il juge que le fait de partir au moment même ou un texte de son courant est soumis au vote «est un manque de respect pour les militants, et particulièrement pour ceux de l’aile gauche». «Plusieurs des douze secrétaires fédéraux du courant vont rester», assure-t-il.

«Je ne serai pas surpris que nous soyons la moitié à ne pas partir», indique pour sa part l’ancien député PS Laurent Baumel, un des principaux animateurs du même courant. «La plus grosse fédération de l’aile gauche, celle des Bouches-du-Rhône avec Nora Mebarek à sa tête, reste au PS», indique-t-il au Figaro. Baumel «regrette» le départ de Maurel même s’il l’a «acté depuis longtemps». «J’en comprends les raisons même si je ne les partage pas politiquement et stratégiquement.» «Nous sommes d’accord sur la nécessité d’un processus unitaire avec une forme d’alliance avec la France Insoumise, dit-il, mais je ne suis pas d’accord avec un ralliement à Jean-Luc Mélenchon.» Pour Baumel, «il faut une synthèse politique des cultures différentes de toute la gauche et non pas un ralliement pur et simple».

Proche d’Olivier Faure et secrétaire national du parti, Pierre Jouvet pointe «une stratégie très isolée et très individuelle pour une place sur la liste des Insoumis aux Européennes». «Ce n’est pas un mauvais coup pour le PS», tente-t-il de convaincre. Il tient à souligner «la colère» de certains sur l’aile gauche.

Au sein de La France insoumise, le député de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, salue «le geste cohérent» d’un «homme de qualité». Il souhaite qu’ils soient «nombreux à faire de même». Début septembre, la venue de Jean-Luc Mélenchon à l’université d’été d’Emmanuel Maurel, organisée à Marseille, avait déjà provoqué des vagues chez les socialistes.

http://www.lefigaro.fr/politique