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Les 46% réalisés au premier tour de l’élection présidentielle Brésilienne, Jair Bolsonaro, devant l’héritier de Lula, à 29%, a de nouveau provoqué une onde de choc politique. Cette élection semble confirmer le rejet des sortants par les citoyens. Mais quand la plupart des commentateurs se contentent d’évoquer Trump ou l’extrême-droite, ils oublient trop souvent de se demander pourquoi.

Des causes et des conséquences

Bien sûr, les premières mesures esquissées par le candidat Bolsonaro ne me semblent guère réjouissantes. Armer la population pour lutter contre la violence ne me semble pas produire de bons résultats plus au Nord, aux Etats-Unis, où le pays affiche des taux d’homicide proprement extravagants pour un pays dit développé. De même, son programme économique, qui semble devoir prendre une direction franchement ultralibérale. Cela peut sembler un contre-sens dans un pays déjà très inégal et dur, et où les politiques menées par Lula avait permis une forme d’amélioration, alors populaire. En outre, les Brésiliens ne semblaient pas hostiles à une nouvelle candidature de l’ancien président, en prison.

Mais plus que voter pour un candidat de droite, ou d’extrême-droite (difficile de trancher sur la qualification du candidat quand on ne connaît pas pleinement le contexte politique local, même si certaines déclarations un peu anciennes sont assez effarantes), les Brésiliens n’ont-ils pas voté avant tout contre tous les autres ? En effet, Jair Bolsonaro semble n’avoir jamais trempé dans les trop nombreuses affaires qui agitent la vie politique du pays. Et la population ne peut que constater le manque d’efficacité des équipes précédentes contre la violence endémique qui ronge le pays. Pire, après une embellie économique, le pays a connu une récession et souffre d’un taux de chômage très important.

A une échelle bien moindre que le Vénézuela, le Brésil a souffert de la forte baisse du prix des matières premières, faute de s’être préparé à leurs variations exubérantes et irrationnelles, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de la part d’un gouvernement vraiment de gauche. Certes, il y a eu un meilleur partage des richesses crées, et une amélioration sur le front des inégalités, mais finalement, le Brésil ne s’est pas montré en mesure de protéger ses citoyens des soubresauts des marchés, oblitérant pour partie le bilan des années Lula / Rousseff. Cela montre finalement qu’ils ne sont pas allés assez loin dans la remise en question et la véritable réforme de cette globalisation oligolibérale.

Le choix des Brésiliens n’est pas forcément un vote d’adhésion à toutes les idées et à ce que représente Jair Bolsonaro. Vu de loin, on peut aussi largement y voir un vote sanction contre ceux qui ont été au pouvoir ces dernières années, trop corrompus et incapables de les protéger de la violence physique et économique de leur société. Tout ceci n’est probablement pas illogique, ni même illégitime.

 

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