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L'ex-directeur du FBI James Comey en juin 2017 alors qu'il témoignait devant la commission sénatoriale du renseignement.

L’ex-directeur du FBI James Comey en juin 2017 Photo : The Associated Press/J. Scott Applewhite

Alors qu’il ne leur reste que quelques semaines à contrôler la Chambre des représentants, les républicains veulent forcer l’ex-chef du FBI, James Comey, ainsi que l’ancienne procureure générale des États-Unis, Loretta Lynch, à témoigner devant deux commissions parlementaires.

 Sophie-Hélène Lebeuf

L’ancien directeur de la police fédérale, congédié par le président Trump en mai 2017, a annoncé jeudi sur Twitter avoir reçu des républicains une assignation à comparaître, à huis clos, à la Chambre des représentants.

« Ça me fait toujours plaisir de répondre à toutes les questions publiquement, a-t-il écrit. Mais je m’opposerai à toute chose qui se déroulerait derrière des portes closes, parce que j’en ai assez de leurs fuites sélectives et de leur distorsion des faits. Ayons une audition et invitons tout le monde à regarder. »

Le réseau CBS a révélé que l’ex-procureure générale Loretta Lynch avait elle aussi été citée à comparaître, précisant que les assignations provenaient de la commission judiciaire.

Le New York Times a de son côté spécifié que la commission sur la surveillance et la réforme gouvernementale voulait également entendre ces deux témoins.

Les dates de comparution ont été fixées aux 3 et 4 décembre prochains. Les démocrates entendent réclamer des audiences publiques, a rapporté CBS News.

Pourfendant les républicains, David Kelley, un des avocats de James Comey, a indiqué dans une déclaration écrite fournie à CBS que son client contesterait en cour cet « abus de procédure ».

[Les membres républicains] de la commission judiciaire ont démontré à maintes reprises que les entretiens qu’ils ont menés à huis clos dans le cadre des enquêtes sur la Russie et sur les courriels d'[Hillary] Clinton ont uniquement pour but de divulguer de façon sélective les déclarations faites par des témoins afin qu’elles correspondent à leur fausse version des faits.

David Kelley, avocat de James Comey

Plusieurs républicains ont déjà affirmé que sous James Comey et Loretta Lynch, le FBI et le département de la Justice avaient un parti pris qui avait permis à la démocrate Hillary Clinton d’échapper à toute poursuite relative à son utilisation d’une messagerie personnelle et d’un serveur privé lorsqu’elle était secrétaire d’État, sous la présidence de Barack Obama.

Le pouvoir d’assignation de la Chambre « ne donne pas le droit de se servir d’audiences à huis clos comme manœuvre politique pour promouvoir des programmes politiques plutôt que législatifs », a fait valoir Me Kelley.

Les assignations surviennent quelques jours après des révélations du New York Times selon lesquelles le président américain voulait, il y a quelques mois, que le procureur général ouvre une enquête sur James Comey ainsi que sur Hillary Clinton. En vertu de la séparation des pouvoirs, le président des États-Unis n’est pas autorisé à intervenir dans les dossiers judiciaires.

Guerre de mots

Depuis son limogeage, James Comey s’est montré très critique envers le président américain. Il a déjà estimé que les attaques du président Trump contre le FBI menaçaient la sécurité des États-Unis.

Cette année, l’ex-dirigeant du FBI a déclaré au cours d’une entrevue que le magnat de l’immobilier était « moralement inapte à être président ». Dans ses mémoires, publiés en avril dernier, il l’a décrit comme un menteur à l’« ego démesuré » et au comportement mafieux.

La Maison-Blanche avait d’abord justifié le congédiement de James Comey par sa gestion de l’enquête sur les courriels d’Hillary Clinton. Plus tard, le président a dit qu’il pensait à « l’affaire de la Russie » lorsqu’il a pris sa décision, avant d’affirmer le contraire un an plus tard.

Donald Trump l’a par ailleurs accusé, sans preuve, d’avoir divulgué à la presse des informations confidentielles.

À l’été 2016, lorsqu’elle était encore à la tête du département de la Justice, Loretta Lynch avait rencontré l’ex-président Bill Clinton alors que sa femme, candidate démocrate pressentie à la présidentielle, faisait toujours l’objet d’une enquête du FBI. La rencontre avait été qualifiée d’impromptue.

Lorsqu’ils reprendront le contrôle de la Chambre des représentants, en janvier prochain, les démocrates vont récupérer le pouvoir d’enquête de ses puissantes commissions. Collusion avec la Russie, impôts non payés, corruption, problèmes d’éthique : ils ont déjà indiqué qu’ils entendaient scruter à la loupe plusieurs des agissements du président et de son administration.

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