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Cent euros de plus par mois pour ceux qui touchent le SMIC, suppressions de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, exonérations supplémentaires de CSG pour les retraités et défiscalisation des primes de Noël : Emmanuel Macron n’a pas ménagé ses efforts pour faire des annonces chocs. Mais rien à faire : les Français restent très sceptiques. Logique.
Pseudo-cadeaux en bas, aucune contribution en haut
On peut imaginer que l’Elysée imaginait avoir trouvé la bonne recette pour sortir de la crise : cent euros de plus par mois pour le SMIC, un geste pour les retraités et la reprise d’une des mesures phares de Sarkozy sur les heures supplémentaires. Le cocktail devait sembler réussi : des mesures « de gauche », sur le SMIC et les retraites, tout en se couvrant à droite sur la défiscalisation des heures supplémentaires et l’absence de surcoût pour les employeurs sur le SMIC. L’objectif était sans doute de couper l’herbe sous le pied du PS, qui aura du mal à réclamer une hausse du SMIC plus forte après Hollande, et des Républicains, avec la reprise de Sarkozy et l’absence de surcoût du SMIC.
D’ailleurs, les orateurs du PS et de LR n’étaient guère à l’aise dans leurs réactions. Pourtant, l’opinion n’a pas réagi de manière très positive, le mouvement des gilets jaunes conservant une majorité de soutien à son action, 59% des Français n’ayant pas trouvé le président de la République convaincant. Car derrière le vernis des annonces, on décèle facilement les angles morts de ces mesures, Marianne détaillant ce qu’il y a derrière les 100 euros de hausse du SMIC. En effet, ce qui est frappant avec ces annonces, c’est qu’il n’y a aucune contribution supplémentaire, les 10 milliards de coût de ces mesures n’ayant aucun financement attitré, une bonne indication de leurs angles morts.
En effet, comme souvent, le gouvernement a recours à des exonérations de cotisations sociales : en clair, Macron déshabille la Sécurité Sociale pour donner aux Français. Certes, temporairement cela devrait se faire par le biais d’une augmentation des déficits, mais dès 2020, cela se traduira par une baisse des dépenses publiques, et donc une nouvelle dégradation du service public. Exactement le genre de mesures qui provoquent la non-revalorisation des retraites ou la désertification médicale de la France périphérique des gilets jaunes. Bref, les remèdes de Macron vont aggraver le mal. Et pour couronner le tout, l’exonération des heures supplémentaires crée une concurrence déloyale avec l’emploi de chômeurs, une mesure totalement aberrante en période de chômage de masse.
En clair, même si ces mesures apportent un vrai mieux temporaire à des Français qui souffrent, beaucoup de ceux qui souffrent n’en profiteront pas. Et, pire encore, toutes ces mesures ont des effets secondaires souvent très néfastes. La raison : Macron refuse toujours de mettre en place une fiscalité juste, en profitant au contraire pour créer de nouvelles défiscalisations pour les entreprises…