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Israël, la Finul, Le Conseil de sécurité, le Hezbollah Libanais, les tunnels, Liban
Si le Liban politique est plongé dans les affres de la formation du gouvernement, la communauté internationale, elle, planche sur le dossier des tunnels qu’aurait creusés le Hezbollah à la frontière sud du pays. La Finul mène son enquête du côté israélien, et aussi bien le Liban que les Israéliens attendent son rapport pour prendre position. Mais déjà, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est emparé de l’affaire et compte tenir une réunion consacrée à ce sujet mercredi.
Selon les investigations de la Finul, deux tunnels ont déjà été trouvés, alors que les Israéliens parlent de trois. Mais les recherches sont difficiles en raison de la nature rocheuse du sol dans ce secteur et de la profondeur des tunnels trouvés, qui rendent ardue toute progression en direction de la frontière libanaise. Pour les Israéliens, les tunnels ont été creusés par le Hezbollah à partir du Liban, mais, pour l’instant, l’enquête internationale se poursuit. S’il s’avère que les tunnels trouvés ont été effectivement creusés à partir du Liban, cet acte serait considéré par le Conseil de sécurité comme une violation de la résolution 1701, adoptée en août 2006 et à laquelle le Liban se déclare attaché.
Les Israéliens tentent ainsi d’obtenir une condamnation unanime du Hezbollah par le Conseil de sécurité, mais le Liban a aussitôt riposté en répertoriant de son côté les multiples violations israéliennes de la résolution 1701.
Ce qui est sûr, c’est que la bataille diplomatique bat son plein, mais nul ne croit à l’hypothèse de son évolution vers un conflit militaire, les deux parties multipliant les déclarations dans lesquelles elles affirment ne pas vouloir d’escalade sur le terrain. La guerre psychologique et médiatique est toutefois à son apogée, mais, cette fois, la méthode du Hezbollah a changé. Face aux multiples provocations israéliennes, il garde un silence total, refusant de commenter l’affaire des tunnels ou de donner la moindre indication. Sollicités, les responsables du parti se contentent de répéter la phrase de leur secrétaire général : « Nous ne voulons donner aucune indication aux Israéliens, ni en démentant ni en confirmant leurs allégations. »
Des sources proches du parti prennent toutefois le relais et s’étonnent de l’ouverture de ce dossier aujourd’hui. Ces sources rappellent qu’en août 2017, Hassan Nasrallah avait prononcé un discours à l’occasion de la commémoration de la guerre de juillet-août 2006, dans lequel il avait déclaré que lors de la prochaine confrontation avec les Israéliens, les combattants de la résistance entreront dans le nord de la Galilée. À ce moment-là, les médias avaient interprété ces propos en évoquant l’hypothèse de tunnels creusés par le Hezbollah pour mener ses attaques. Les Israéliens avaient même eu recours à des compagnies étrangères chargées de la prospection des sous-sols pour rechercher d’éventuels tunnels. L’affaire en était restée là. Si les Israéliens en avaient alors trouvés, pourquoi n’en avaient-ils pas parlé à ce moment-là ? Et sinon, pourquoi soulèvent-ils cette question maintenant ?
Selon les sources proches du Hezbollah, le fait de soulever ce problème aujourd’hui serait lié à des raisons intérieures israéliennes. D’abord, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu souhaiterait par tous les moyens détourner l’attention des Israéliens des accusations de corruption qui le visent. Et, dans une réaction courante, il évoque un danger extérieur pour étouffer les scandales internes. De plus, il souhaiterait aussi faire oublier le dramatique échec de sa dernière attaque contre Gaza, à laquelle il a dû mettre fin au bout de 48 heures après l’envoi par le Hamas de plus de 420 roquettes, dont une partie n’a pas été interceptée par le coûteux bouclier antimissiles. Cette mini-guerre a d’ailleurs provoqué l’éclatement de son gouvernement avec la démission du ministre de la Défense Avigdor Lieberman, ainsi qu’une crise politique dans le pays. Il aurait donc décidé de soulever le dossier des tunnels, en sachant qu’il bénéficie de l’appui total de l’administration américaine et du président Donald Trump. En même temps, il pense pouvoir profiter de l’absence d’un gouvernement en pleine fonction au Liban, qui accentue les divisions internes, pour semer la confusion dans le pays et isoler autant que possible le Hezbollah, en suscitant des réactions négatives à son égard chez les autres communautés libanaises. L’objectif ultime, que les Israéliens et leurs alliés ne cachent pas, est d’affaiblir le Hezbollah sur le plan intérieur libanais, cherchant ainsi soit à neutraliser sa force militaire, soit à le pousser à l’utiliser contre ses concitoyens, pour qu’il soit ainsi dénoncé par tout le monde, y compris par ses alliés.
Face à ces manœuvres, le Hezbollah garde donc le silence et le Liban officiel se charge de démentir les allégations israéliennes. Depuis l’éclatement de la crise dite des tunnels, l’armée libanaise a d’ailleurs intensifié sa présence le long de la ligne bleue et elle a récemment installé une caméra mobile de surveillance face aux trois caméras israéliennes, sur les monticules de terre entourant la localité de Mayss al-Jabal. Grâce à cette caméra, l’armée peut surveiller les déplacements et les activités des militaires israéliens, de l’autre côté de la ligne bleue. Apparemment, les travaux de forage ont été suspendus pour l’instant, mais les soldats israéliens sont encore déployés dans le secteur. Les Libanais et les Israéliens attendent donc le résultat de l’enquête menée par la Finul.