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Tandis que Donald Trump estime avoir « vaincu l’Etat islamique en Syrie », les autorités françaises considèrent que la menace djihadiste reste importante dans le pays.

Par Marc Semo

L’amorce de retrait américain de Syrie, dont les modalités restent encore confuses, représente un coup dur pour la stratégie française au Levant. Même s’il ne s’agit pas vraiment d’une surprise. Depuis son élection, Donald Trump n’a cessé d’évoquer le départ des troupes américaines et Emmanuel Macron revendiquait comme l’un des résultats positifs d’une relation personnelle longtemps excellente, et désormais en crise, de l’avoir convaincu d’y surseoir.

A la différence du président américain affirmant dans un tweet que « l’Etat islamique est vaincu », les autorités françaises pensent que, si les territoires sous le contrôle des djihadistes sont de plus en plus réduits, l’organisation Etat islamique (EI) comme Al-Qaida demeurent en Syrie une menace bien réelle. « Daech [acronyme arabe de l’EI] conserve des positions territoriales dans l’Est. Leur reprise par les Forces démocratiques syriennes (FDS) avec le soutien de la coalition est l’absolue priorité », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à Biarritz (sud-ouest), où il présentait, lundi 18 décembre, les grandes priorités de la présidence française du G7 en 2019.

Les autorités françaises n’avaient toujours pas réagi officiellement, mardi en fin de journée, à l’amorce de retrait américain. « Pour le moment, cela n’est pas encore très clair », reconnaît une source diplomatique. On espère surtout à Paris que les poids lourds de l’administration américaine hostiles à une telle initiative, dont Jim Mattis, le patron du Pentagone, et John Bolton, le conseiller à la sécurité, réussiront à convaincre le 45e président américain. « Ce retrait serait une erreur aux conséquences aussi dévastatrices que celles de 2013 quand Barack Obama, malgré ses engagements, avait renoncé à mener les frappes contre le régime syrien qui avait utilisé le gaz sarin », précise cette même source.

L’abandon des Kurdes syriens

L’abandon américain remettrait en effet en cause les fondamentaux sur lesquels opéraient jusqu’ici les pays engagés dans la coalition contre Daech. Et, surtout, cela signifierait un abandon des Kurdes syriens, piliers des FDS qui combattent l’EI, alors même que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, menace d’une intervention contre le territoire qu’elles contrôlent en Syrie qu’il considère comme la principale menace contre la sécurité de son pays.

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