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Le sénateur de l’Utah, Mitt Romney Photo: Reuters / Carlo Allegri
« Un président qui n’a pas su s’élever à la hauteur de ses fonctions » et dont « les mots et les actions ont semé la consternation dans le monde ». Le sénateur élu de l’Utah et candidat à l’élection présidentielle de 2012, Mitt Romney, a servi une virulente critique du président des États-Unis, Donald Trump, dans une lettre publiée dans le Washington Post mardi.
Celui qui a été l’un des opposants à Donald Trump lors de la campagne pour la nomination républicaine aux élections de 2016 soutient que la présidence américaine a chuté de manière brutale en décembre.
Au passage, il cite les départs du secrétaire de la Défense, Jim Mattis, et du chef de cabinet John Kelly, les nominations de hauts responsables moins expérimentés, l’abandon d’alliés qui se sont battus longtemps aux côtés des États-Unis, et l’affirmation irréfléchie de Donald Trump selon laquelle « les États-Unis ont longtemps été un « pigeon » [sucker, en anglais] dans les affaires mondiales » tirent sa présidence vers le bas.
Le sénateur élu de l’Utah – il sera assermenté jeudi – rappelle dans le Post que Donald Trump n’était pas son choix pour la nomination républicaine en prévision des élections de novembre 2016. À la suite de sa nomination, Romney espérait que la campagne Trump allait s’élever au-dessus de la mêlée. « Cela n’a pas été le cas », écrit-il.
Lorsqu’il a remporté l’élection de novembre 2016, Romney espérait encore que Trump soit à la hauteur de la situation. L’ex-gouverneur du Massachusetts estimait que ses premières nominations – Rex Tillerson, Jeff Sessions, Nikki Haley, Jim Mattis et John Kelly – étaient encourageantes.
Mais dans l’ensemble, sa conduite des deux dernières années, en particulier celle de ce mois-ci [décembre] est la preuve que le président n’a pas été à la hauteur de ses responsabilités.
Un bilan nuancé
Mitt Romney soutient que ce ne sont pas toutes les politiques mises en place par l’administration Trump qui ont été erronées. Il avait raison, écrit-il, de réduire le taux d’imposition des entreprises, de simplifier la réglementation, de s’attaquer aux pratiques commerciales injustes de la Chine et de nommer des juges conservateurs. « Ce sont des politiques que les républicains modérés appuient depuis des années. Toutefois, les politiques et les nominations ne sont qu’une partie de la présidence. »
« Un président doit démontrer les qualités essentielles d’honnêteté et d’intégrité et élever le discours national avec clarté et respect mutuel. Avec une nation aussi divisée, pleine de ressentiment et en colère, un leadership présidentiel doté de qualités de caractère est indispensable. Et c’est dans ce registre que le déficit du président a été le plus criant », affirme Mitt Romney.
L’ex-candidat à la présidentielle de 2012 soutient que le monde regarde ce qui se passe aux États-Unis. Il ajoute que les mots et les actions de Donald Trump ont semé la consternation sur la planète.
Il cite un sondage mené en 2016 par le Pew Research Center, selon lequel 84 % des Allemands, des Britanniques, des Canadiens, des Français et des Suédois croyaient que le président agirait « comme il convient » dans la conduite des affaires internationales. Un an plus tard, ce pourcentage était tombé à 16 %, ajoute-t-il.
Le monde a besoin plus que jamais du leadership américain, poursuit-il. Romney soutient qu’un monde mené par des régimes autoritaires est un monde – et une Amérique – moins prospère, moins libre et moins pacifié.
Afin d’assumer notre leadership dans la politique mondiale, « nous devons corriger nos échecs dans nos politiques intérieures », écrit Romney.
« Ce projet commence avec la plus haute fonction pour nous inspirer et nous unir. Cela inclut les partis politiques qui promeuvent des politiques qui nous renforcent plutôt que de promouvoir le tribalisme en exploitant la peur et le ressentiment », ajoute le futur sénateur de l’Utah.
Mitt Romney avertit qu’il ne commentera pas chaque tweet du président Trump. Cependant, il dénoncera chaque déclaration ou action significative qui sera source de division, raciste, sexiste, anti-immigration, malhonnête ou qui menacera les institutions démocratiques.