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La tension est de plus en plus forte, quelques semaines avant le Brexit, alors que le Parlement britannique refuse d’adopter l’accord de sortie. Theresa May, en visite ce jeudi à Bruxelles, a reçu un lot de consolation de l’UE: le redémarrage des négociations autour d’une déclaration sur le Brexit. Sans plus.
À cinquante jours du Brexit, le temps est aux crispations entre l’UE et le Royaume-Uni. Pour preuve, ni Theresa May, ni le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, n’ont pris le temps de s’entretenir avec la presse, ce jeudi, lors de la visite de la Première ministre britannique à Bruxelles. Une brève déclaration de May, deux minutes en fin de parcours, est venue ponctuer cette longue journée.
Arrivée au Berlaymont en coup de vent, la mine renfrognée, Theresa May est repartie avec autant de célérité. Plus tard, elle rejouait la scène au Parlement européen, les journalistes étant tenus à l’écart par la sécurité. Une heure après, au Conseil européen, le même scénario se déroulait, mis à part un bref échange avant son départ.
Le Royaume-Uni se dirige toujours vers un Brexit dur.
Pour peu, on se serait cru à une visite d’État au Kremlin du temps de la guerre froide. Avec le même manque d’égards envers les cinq cents millions de citoyens européens qui, à quelques jours d’un événement majeur, ont droit à autre chose que des images marbrées et de la langue de bois.
Seuls le président du Parlement européen, Antonio Tajani, et le chef de fils des libéraux, Guy Verhofstadt, le coordinateur du Brexit pour le Parlement, ont rompu le silence. « Un Brexit sans accord n’est pas une option. Ce serait un désastre. Les politiciens qui préfèrent cette voie sont irresponsables », a dit l’ancien Premier ministre belge.
« Aucune percée en vue »
Après la dernière rencontre, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a écrit sur Twitter un message tentant de résumer la situation. « Toujours aucune percée en vue, les discussions vont continuer ». La veille, il avait provoqué la colère des insulaires en déclarant qu’il y a une « place spéciale en enfer » pour les partisans du Brexit sans accord.
Meeting PM @theresa_may on how to overcome impasse on #brexit. Still no breakthrough in sight. Talks will continue.
Lot de consolation
Quelles « discussions »? La Commission européenne a annoncé ce jeudi, dans un communiqué laconique, le redémarrage des négociations autour d’une déclaration. Il s’agirait d’un lot de consolation pour Theresa May, un texte sur les relations futures qui pourrait emporter l’adhésion du Parlement britannique, lequel, du coup, voterait l’accord du Brexit pour une sortie ordonnée de l’Union le 29 mars. Mais en aucun cas, on ne toucherait à cet accord habilement conclu par le chef négociateur de l’UE, Michel Barnier.
C’est tout ce que l’UE est prête à offrir à Londres. La Commission européenne l’a répété ce jeudi, il est hors de question de rouvrir l’accord sur la sortie du Royaume-Uni.
Le Parlement britannique ne digère pas le « backstop » figurant dans cet accord, le filet de sécurité qui, pour éviter que soit rétablie une frontière physique entre l’Irlande la province irlandaise du Royaume-Uni, maintient les Britanniques dans une union douanière avec l’UE.
Theresa May avait reçu le mandat des députés britanniques de renégocier le « backstop », ce jeudi à Bruxelles. Elle a demandé avec insistance aux Européens de fixer une date limite au « backstop », selon une source proche du dossier. La Première ministre est repartie les mains vides.
La solution pourrait venir du chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn. Dans une lettre rendue publique mercredi, il accepte le principe d’une union douanière et des conditions proches d’un marché unique entre l’UE et le Royaume-Uni. Dans de telles conditions, pour Bruxelles, le « backstop » n’aurait plus aucun intérêt. Jeremy Corbyn égrène aussi dans sa lettre une série de conditions supplémentaires, comme l’accès à la procédure du mandat d’arrêt européen et à des programmes de financement. Si ces conditions sont remplies, le Labour apporterait son soutien à Theresa May lors du vote de l’accord de Brexit.
Interrogé sur la réaction de la Commission aux propositions de Jeremy Corbyn, le porte-parole de l’exécutif européen a botté en touche. « Notre interlocuteur est le gouvernement de sa Gracieuse majesté », a dit Margaritis Schinas.
