
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Madrid à l’appel de la droite et de l’extrême droite contre le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez, accusé d’avoir « trahi » l’Espagne en dialoguant avec les indépendantistes catalans. Ils étaient 120 000 personnes selon la police, 200 000 pour les organisateurs et… 45 000, selon le gouvernement de Pedro Sanchez.
Brandissant des drapeaux espagnols et des pancartes clamant « Stop Sanchez », « Pour une Espagne unie », ils se sont rassemblés place Colon et aux alentours, dans le centre de Madrid, deux jours avant l’ouverture, mardi, du procès historique de douze anciens dirigeants indépendantistes pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne d’octobre 2017.

Manuel Valls présent, la Phalange aussi

Convoquée par le Parti Populaire (PP, droite) et les libéraux de Ciudadanos, auxquels s’est joint le parti d’extrême-droite Vox ainsi que plusieurs formations radicales d’extrême-droite comme la Phalange, cette mobilisation avait pour mot d’ordre « Pour une Espagne unie, des élections maintenant ».
L’ancien Premier ministre socialiste français Manuel Valls, candidat à la mairie de Barcelone soutenu par Ciudadanos, y a participé.
« Le temps du gouvernement Sanchez est terminé », a lancé, avant le début de la manifestation, le numéro un du PP Pablo Casado. « Nous sommes ici pour dire non au séparatisme et oui à l’Espagne« , a indiqué pour sa part celui de Ciudadanos, Albert Rivera – un Catalan – tandis que le leader de Vox, Santiago Abascal a dénoncé la « trahison d’un gouvernement illégitime et menteur soutenu par les ennemis de l’Espagne », référence aux indépendantistes catalans.
Le PP, Ciudadanos et Vox – qui se sont récemment alliés en Andalousie (sud) et que des sondages donnent en mesure de former une majorité au niveau national – reprochent à M. Sanchez son dialogue avec les indépendantistes catalans.
M. Sanchez, de son côté, les a accusés de représenter une « Espagne en noir et blanc qui propose seulement de faire marche arrière ».
Besoin des indépendantistesCes trois partis, qui ne cessent d’accuser M. Sanchez de céder au « chantage » des indépendantistes catalans, ont appelé leurs sympathisants à descendre dans la rue après le tollé général suscité cette semaine par le feu vert du gouvernement à la présence d’un « rapporteur » indépendant pour faciliter un futur dialogue entre les partis politiques catalans.
Élections si le budget est rejeté
Malgré cette concession, le gouvernement et les indépendantistes catalans – qui ont permis à M. Sanchez d’arriver au pouvoir en juin et dont il a absolument besoin pour faire adopter son budget – se sont mutuellement accusés vendredi d’avoir rompu le dialogue.
En cas de rejet du budget, M. Sanchez pourrait se voir contraint de convoquer des élections anticipées avant la fin de la législature en 2020.
Depuis Santander, où il participait à une réunion avec les socialistes, le Premier ministre Sanchez a accusé « les trois droites » de « s’opposer aux Espagnols« , a indiqué dimanche le journal (conservateur) El Mundo.
Selon la même source, le président de La Généralité (gouvernement autonome catalan), Quim Torra, a qualifié la manifestation de Madrid d’ »échec éclatant« .
