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Selon les chiffres officiels, contestés par les « gilets jaunes », la mobilisation pour l’acte XIV était donc en baisse par rapport à la semaine précédente.

Le Monde avec AFP

Quelque 10 200 « gilets jaunes » manifestaient samedi en France à 14 heures, dont 3 000 à Paris, selon le ministère de l’intérieur. Selon les chiffres officiels, contestés par les « gilets jaunes », la mobilisation pour l’acte XIV était donc en baisse par rapport à la semaine précédente à la même heure, où 12 100 manifestants avaient été recensés en France par le ministère, dont 4 000 à Paris.

Pour cet acte XIV, les intentions du mouvement ont rarement été aussi peu lisibles à l’issue d’une semaine où deux « gilets jaunes » emblématiques, le chauffeur routier Eric Drouet et l’ex-boxeur Christophe Dettinger, ont été jugés à Paris.

France

Des rassemblements divers

Dans la capitale, traditionnelle place forte de la contestation, un cortège de plusieurs milliers de personnes qui s’étaient retrouvées place de l’Etoile a descendu les Champs-Elysées avant de traverser la Seine en direction du boulevard des Invalides. Sous un grand soleil, les manifestants défilaient dans le calme sur fond de slogans hostiles adressés aux forces de l’ordre encadrant le cortège. En début d’après-midi, des premiers heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre sur le boulevard Saint-Michel et plusieurs grenades lacrymogènes ont été tirées pour disperser la foule. En fin d’après-midi, les forces de l’ordre ont bloqué le cortège sur l’esplanade des Invalides.

Différents appels parisiens coexistaient sur les réseaux sociaux, avec des mots d’ordre divers. L’un appelait à des « insurrections » et à « bloquer la place de l’Etoile le plus longtemps possible » mais le plus suivi donnait, lui, rendez-vous dimanche sur l’artère parisienne, trois mois jour pour jour après le début du mouvement, pour une manifestation « déclarée et pacifique ».

Incident à Rouen

Une voiture bloquée par le cortège des « gilets jaunes » a bousculé trois personnes qui ont été prises en charge par les pompiers. De source policière, le conducteur, qui était avec sa femme et leur bébé, s’est retrouvé au cœur de la manifestation et des manifestants s’en sont pris au véhicule, montant dessus et jetant des projectiles. Le conducteur a pris peur. Il a quitté les lieux avant de se présenter au commissariat, selon la même source.

Julien Bouteiller @j_bouteiller

à . Des lacrymogènes sont tirées pour disperser le groupe.

Julien Bouteiller @j_bouteiller

🔴 à . Au moins trois personnes sont à terre sur la route. Visiblement une voiture a forcé le passage. Ils sont pris en charge par les street medics en attendant les pompiers. pic.twitter.com/OuZSTSiZHK

« Retour aux sources »

Défilé de « gilets jaunes » à Bordeaux, samedi 16 février.
Défilé de « gilets jaunes » à Bordeaux, samedi 16 février. NICOLAS TUCAT / AFP

A Lyon, plusieurs milliers de manifestants s’étaient rassemblés dès le début de l’après-midi dans le centre de Lyon, une mobilisation globalement similaire à celles des week-ends précédents. En fin d’après-midi, des « gilets jaunes » tentaient de bloquer le trafic sur l’autoroute A7 à la sortie sud de Lyon, provoquant des difficultés de circulation en ce week-end de chassé-croisé sur les routes. Au niveau du Musée des Confluences, les pompiers sont intervenus pour éteindre un feu allumé sur l’une des contre-allées de l’autoroute.

Plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont manifesté à Toulouse, un des bastions du mouvement, derrière des pancartes comme « Fâché mais pas facho » ou encore « Dinosaures capitalistes, tremblez, le monde va changer », a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). « Seule la mort nous arrêtera », proclamait une banderole en tête de manifestation. Des échauffourées entre individus et forces de l’ordre éclatent chaque samedi en fin de manifestation, avec de nombreuses dégradations dans le centre, notamment des agences bancaires et immobilières.

En Occitanie, mais aussi dans l’Est, plusieurs groupes appelaient eux à fêter les trois mois du mouvement par un « retour aux sources », avec des rassemblements sur les ronds-points samedi dès le matin. En Meurthe-et-Moselle, des « gilets jaunes » étaient, ainsi, de retour sur les ronds-points, notamment à Pont-à-Mousson, Lunéville ou Essey-lès-Nancy. « Aucun blocage, ni filtrage, ne sera toléré », a toutefois fait savoir la préfecture.

Plus d’un millier de « gilets jaunes » ont manifesté samedi dans les rues de Lille, a constaté l’AFP. Rassemblés place de la République, les manifestants se sont élancés dans les rues de la capitale des Flandres peu avant 14 h 30 aux cris de « Macron démission ».

A Strasbourg, cent dix « gilets jaunes » participaient à l’unique rassemblement prévu samedi matin, selon la police. Des rassemblements sont également attendus samedi dans d’autres métropoles, Marseille, Nantes, et plusieurs autres villes : Nice, Saint-Etienne, Bourg-en-Bresse, Thionville, Rouen, Pontivy, Alençon, Reims, Boulogne-sur-Mer…

Les figures du mouvement se font discrètes

Les figures historiques du mouvement sont elles-mêmes plutôt discrètes sur leurs intentions, notamment Eric Drouet, contre qui le parquet de Paris a requis vendredi un mois de prison avec sursis pour « organisation de rassemblements non autorisés ».

Jeudi, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, avait par ailleurs dénoncé les menaces de « coup d’Etat » d’une autre figure des « gilets jaunes », Christophe Chalençon, filmé à son insu alors qu’il évoquait la perspective d’un renversement du pouvoir par des « paramilitaires ».

Après trois mois de contestation, le soutien aux « gilets jaunes » s’effrite dans l’opinion. Pour la première fois depuis novembre, une majorité de Français (56 %) souhaitent que la mobilisation s’arrête selon un sondage Elabe diffusé mercredi.