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Selon le ministère de l’intérieur, les manifestations à Paris se déroulent dans le calme. Quelques heurts ont eu lieu à Clermont-Ferrand.
La mobilisation des « gilets jaunes » ne faiblit pas. Et elle est même en légère augmentation, samedi 23 février, pour l’acte XV. Près de 47 000 manifestants ont en effet défilé samedi dans toute la France, dont 5 800 à Paris, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.
Il y a une semaine, l’acte XIV avait mobilisé 41 000 personnes en France, dont 5 000 à Paris, selon le ministère de l’intérieur, contre 282 000 lors de la première journée d’action du samedi 17 novembre, date du lancement de ce mouvement de contestation sociale inédit.
- A Paris, cinq rassemblements et une « marche dans les beaux quartiers »

A Paris, cinq manifestations ont été déclarées, dont trois sous la forme de rassemblements, a indiqué par communiqué la préfecture de police. Les deux défilés, baptisés sur Facebook « Tsunami jaune » et « Tous aux Champs-Elysées, on ne lâche rien », ont rassemblé 5 800 personnes selon le ministère de l’intérieur, contre 5 000 la semaine dernière.
La « marche dans les beaux quartiers » a débuté à midi sur les Champs-Elysées, point névralgique de la mobilisation parisienne chaque week-end. Quelques bombes lacrymogènes ont été tirées à l’arrivée sur l’esplanade du Trocadéro pour disperser la cortège, en fin d’après-midi.
- Clermont-Ferrand, ville barricadée ; Bordeaux manifeste dans calme

A Clermont-Ferrand, la ville entière s’était barricadée : commerces, parcs et bâtiments publics sont fermés, tandis que les concerts et les spectacles ont été annulés. Entre 2 500, selon la préfecture, et « de 5 000 à 6 000 » personnes selon les organisateurs ont défilé dans la ville auvergnate. Dans un concert de huées, de sifflets et de pétards, aux cris de « Castaner aux fers, Macron en prison », « Fin du monde, fin du mois, même combat », la majorité des « gilets jaunes » ont convergé vers 15 h 30 place de Jaude où des poubelles ont été incendiées. Un dispositif policier exceptionnel a été mis en place, selon les autorités locales.
Des affrontements ont eu lieu dans une artère commerçante de la ville entre une trentaine de « gilets jaunes » et les CRS qui ont tiré au lanceur de balle de défense. Une personne a été blessée au pied, selon la préfecture, qui ignorait à ce stade la gravité de la blessure. Au début de l’après-midi, quinze personnes ont été interpellées dont huit placées en garde à vue.
A Bordeaux, la mobilisation, samedi après samedi, reste intacte. Plusieurs milliers de « gilets jaunes », selon la police ont défilé dans le calme. Et alors que le cortège girondin se termine régulièrement par des heurts avec les forces de l’ordre, des organisateurs ont clairement montré samedi leur volonté d’une démonstration pacifique en bloquant eux-mêmes l’accès à la place Pey-Berland, théâtre habituel de violences.
Plusieurs « gilets jaunes » ont ainsi fermé quelques instants une rue conduisant à la place de la mairie à l’aide d’une large banderole grise où s’inscrivait, en lettres jaunes, « Pas de Pey-Berland aujourd’hui », détournant ainsi le cortège. Un jeune qui s’en prenait à un abribus a été expulsé du cortège par plusieurs manifestant.
Du côté de Toulouse, plusieurs milliers de personnes, selon un journaliste de l’AFP, ont manifesté samedi. La préfecture n’a pas donné de bilan chiffré de la participation, estimant dans un communiqué que le nombre de manifestants avait connu « une baisse sensible par rapport aux semaines précédentes ».
La semaine dernière, 4 000 personnes selon la police avaient manifesté dans la Ville rose, une des places fortes de la mobilisation en France. Une semaine auparavant, elles étaient 6 000 selon la police. Samedi après-midi, après près de trois heures de défilé dans les rues de Toulouse, dans le calme et sous le soleil, les manifestants se sont rassemblés devant l’Hôtel de ville, sur la place du Capitole.
Une large banderole avait été suspendue entre deux lampadaires de l’éclairage public, sur laquelle était écrit en lettre blanches sur fond noir: « Toutes et tous mobilisons-nous conte les politiques anti-sociales de Macron ». Quelques instants plus tard, les forces de l’ordre tiraient les premières salves de grenades lacrymogènes, les manifestants s’éparpillant alors dans les rues adjacentes. La préfecture a annoncé que quatre personnes ont été interpellées.
A Rennes, près de 2 000 personnes, selon la police se sont rassemblées. Les manifestants, venus de toute la Bretagne, mais aussi des Pays de la Loire et de la Touraine répondaient à un appel à un rassemblement interrégional.
« Macron démission ! Castaner en prison ! »: drapeaux bretons, tricolores ou jaune fluo appelant à un « RIP » (référendum d’initiative populaire), le cortège s’est ébranlé sous le soleil depuis la place de la République à 14 heures, au son d’un « chant des partisans » à la cornemuse. La préfecture a fait état d’une « quinzaine d’interpellations, dans le cadre de contrôles et de fouilles préventives avant la manifestation ». Des armes, des couteaux, des billes de plomb ont été saisis et les personnes interpellées placées en garde à vue, a-t-elle précisé.
Sur son compte Twitter, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a déploré les heurts qui ont eu lieu dans plusieurs villes.
- Pique-nique géant à Chambord
Plusieurs leaders du mouvement, dont Priscillia Ludosky, sont à Chambord, dans le Loir-et-Cher. Ils participent dans une ambiance bon enfant au pique-nique organisé avec plus d’un millier de personnes devant le château, une manière de se moquer d’Emmanuel Macron qui y avait fêté ses 40 ans en 2017.
Principalement venus de Sologne et de Touraine, les manifestants ont mis en place, pour éviter tout débordement, un vaste réseau de « gilets blancs », chargés de surveiller le bon déroulement de l’événement organisé en coordination avec la mairie et les gestionnaires du château, mais aussi avec la gendarmerie qui a dénombré environ 1 200 personnes.
- Blocage de la plate-forme Amazon de Toulouse
Une centaine de personnes, dont des « gilets jaunes » et des membres d’Attac, ont bloqué samedi matin la plate-forme Amazon de Toulouse, qui a été fermée, empêchant toute livraison. Parmi les tracts distribués, celui qui disait :
« Emmanuel Macron veut faire payer la transition écologique par les plus pauvres. Pourquoi ne pas faire payer les gros pollueurs qui doivent déjà de l’argent à la société ? »
Les manifestants dénonçaient aussi « l’exploitation » par Amazon « des salariés », « la pollution de l’environnement » et fustigaient le montant « dérisoire » des impôts payés par le géant américain de la distribution en ligne en Europe et en France, une « fraude fiscale » selon eux.
source: le Monde.fr avec AFP