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<p>«Est-ce qu’une prolongation fait augmenter les chances d’une ratification de l’accord de retrait [par les élus britanniques, qui viennent toutefois de le rejeter à deux reprises] ?», a demandé Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit pour l’Europe.</p>
Photo: Emmanuel Dunand Agence France-Presse

«Est-ce qu’une prolongation fait augmenter les chances d’une ratification de l’accord de retrait [par les élus britanniques, qui viennent toutefois de le rejeter à deux reprises] ?», a demandé Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit pour l’Europe.

 

À dix jours de la séparation planifiée du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), le scénario d’un divorce sans accord s’est raffermi mardi. Bruxelles a rappelé en effet que le 29 mars restait toujours la date officielle du Brexit et que la demande de prolongation du calendrier de sortie, votée par les députés britanniques la semaine dernière, devrait s’accompagner de « quelque chose de nouveau » de la part des Britanniques pour justifier que l’Union y prête une oreille attentive.

« Est-ce qu’une prolongation fait augmenter les chances d’une ratification de l’accord de retrait [par les élus britanniques, qui viennent toutefois de le rejeter à deux reprises] ? a demandé Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit pour l’Europe. Qu’est-ce qui nous assure qu’à la fin de ce délai nous n’allons pas nous retrouver dans la même situation qu’aujourd’hui ? » a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse tenue à Bruxelles. Il a souligné qu’un délai supplémentaire « doit être lié à quelque chose de nouveau, à un nouvel événement, à un nouveau geste politique ». Geste qu’un nouveau référendum sur le Brexit ou le déclenchement d’élections au Royaume-Uni pourraient incarner.

Une « crise constitutionnelle majeure »

Le processus de sortie de l’UE, amorcé après que 52 % des Britanniques eurent opté pour cette séparation par voie référendaire en juin 2016, est dans l’impasse à l’approche de la date fatidique et divise toujours le pays. La semaine dernière, Westminster a rejeté massivement, pour une deuxième fois, l’accord de sortie négocié par la première ministre Theresa May, puis s’est prononcé contre l’idée d’une sortie de l’UE sans accord. La Chambre a par ailleurs réclamé un report de l’échéance du Brexit afin de se donner le temps de trouver une issue à l’impasse. « Voter contre une sortie sans accord n’empêche pas que cela se produise », a rappelé Michel Barnier. « Tout le monde devrait désormais finaliser les préparatifs pour un scénario sans accord », a-t-il mis en garde mardi.

« Nous sommes dans une crise constitutionnelle majeure ici », a dit lundi le solliciteur général britannique, Robert Buckland, cité par Reuters, pour résumer la situation. La journée même, le président de la Chambre, John Bercow, a refusé de soumettre au vote des parlementaires, pour une troisième fois de suite, l’accord de retrait, invoquant une jurisprudence datant de 1604 qui interdirait à Theresa May d’appeler un nouveau vote sur un document qui reste le même que celui rejeté la semaine dernière. Mardi, le secrétaire du Brexit, Stephen Barclay, a indiqué sur les ondes de la BBC que ce vote, prévu mercredi, allait pouvoir se tenir puisqu’il est lié à la demande de report de la sortie de l’UE.

Les chefs d’État et premiers ministres des pays membres de l’Union européenne doivent se prononcer jeudi sur la demande de report de la date du divorce, de trois mois ou peut-être plus, lors de leur prochain sommet à Bruxelles. « Dans tous les cas, ils devront évaluer ce qui est dans le meilleur intérêt de l’Union européenne », a dit Michel Barnier, qui a rappelé que la date de sortie avait été choisie par les Britanniques. Selon lui, retarder la date de sortie viendrait prolonger l’incertitude, avec des « coûts pour nos entreprises et des coûts politiques pour l’Union », a-t-il dit.

Seul un vote unanime des leaders européens pourra permettre de suspendre la sortie du Royaume-Uni prévue le 29 mars. Le gouvernement français a indiqué mardi qu’une nouvelle stratégie britannique ou un nouveau plan devait être présenté pour justifier une telle demande. « Jouer les prolongations pour jouer les prolongations, ce n’est ni un projet ni une stratégie, a indiqué un porte-parole cité par The Guardian. Le temps de la procrastination est terminé. »