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Depuis le début du quinquennat, Macron prévient systématiquement Sarkozy quand il nomme à un poste un de ses anciens conseillers. Si les deux présidents ont développé une relation «cordiale, respectueuse et républicaine», selon leurs entourages, elle reste très protocolaire. Les deux hommes qui se vouvoient et se donnent du «Monsieur le président» n’échangent ni par SMS ni directement sur leurs téléphones portables. Uniquement via leurs secrétariats particuliers.

Macron doit agir

Et pourtant… Quelque chose a changé ces derniers mois. Après la crise des «gilets jaunes» et les samedis marqués par la violence et la casse, Nicolas Sarkozy, qui avait fait part de sa préoccupation au chef de l’État dès leur déjeuner du 7 décembre, s’est montré très critique sur l’incapacité de l’exécutif à restaurer l’ordre et à répondre à la crise sociale. Pour Sarkozy, Emmanuel Macron s’y est très mal pris ces derniers mois avec le grand débat qui n’en finit pas, lui qui avait l’habitude de «cheffer» et de trancher. Il n’a d’ailleurs pas compris que le dernier remaniement se soit étiré dans le temps… pour si peu de changement. Comme il ne comprend pas aujourd’hui les nombreux départs des conseillers de l’Élysée, deux ans à peine après la présidentielle, lui qui avait gardé son équipe pendant cinq ans.

«L’État doit répondre. Je suis sûr qu’il le fera. Mais il faut le faire maintenant et avec une fermeté extrême»

Comme sur l’Europe. Alors qu’Emmanuel Macron a érigé le Hongrois Viktor Orban comme sa bête noire, Nicolas Sarkozy lui rend hommage à l’occasion d’un colloque international, samedi dernier. «Mon amitié avec Viktor Orban m’a fait sortir de mon silence», énonce-t-il à la tribune. «L’Europe ne doit pas être sectaire. Personne n’a de leçon à vous donner», affirme-t-il encore. Des mots qui résonnent, à l’approche des européennes, comme un désaveu de la politique d’Emmanuel Macron et un soutien à la ligne LR. Voire à la liste LR sur laquelle figure en position éligible Frédéric Péchenard. Ce très fidèle sarkozyste que Macron avait reçu, après la démission de Gérard Collomb, pour le ministère de l’Intérieur, et à qui il avait proposé ensuite d’être nommé à la Préfecture de police de Paris, a donc préféré rester aux Républicains. «Après le ralliement de Raffarin, certains se prenaient à rêver que Sarkozy et ses proches soutiendraient LREM…», reconnaît un ex-élu LR, membre de la majorité.

«Ça finira mal. À un moment ça va se retourner, et la droite devra être prête»

«Ça peut être dangereux cette proximité avec Emmanuel Macron. Il vous utilise», l’avait mis en garde un élu LR, inquiet que l’Élysée s’en serve pour diviser la droite. «Ça démontre aussi notre capacité à adresser un message à cet électorat, s’il faut rassembler…», avait rétorqué Nicolas Sarkozy, y voyant un intérêt en cas de défaite d’Emmanuel Macron. L’ex-président en est de plus en plus convaincu: «Ça finira mal.»«À un moment ça va se retourner, et la droite devra être prête.»

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