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La Première ministre britannique se rend à Berlin et à Paris pour convaincre Angela Merkel et Emmanuel Macron qu’elle trouvera une solution de sortie de crise d’ici le 30 juin. Les Vingt-Sept n’auront pas d’autre choix que d’accorder un nouveau report, lors du conseil européen de mercredi.
Le dernier coup tactique de Theresa May n’est pas le moins audacieux de ces derniers mois: ce mardi, elle rencontrera tour à tour, à Berlin et à Paris, Angela Merkel et Emmanuel Macron pour les assurer que le Royaume-Uni peut encore trouver une solution de sortie de crise dans les mois à venir. Peut-être même avant les élections européennes, ce qui permettrait au Royaume-Uni de quitter l’UE sans envoyer des députés zombies à Strasbourg.
A vingt-quatre heures de la réunion exceptionnelle des hauts dirigeants de l’UE à Bruxelles pour accorder, ou non, un report du Brexit, cette mini-tournée vise surtout à machiavéliquement rappeler à Merkel et Macron qu’ils ont adopté un positionnement opposé sur la question du report. Et que, par conséquent, le maintien de cette opposition risque de faire désordre, s’il se confirme mercredi soir avec un veto français au report du Brexit.
Angela Merkel, qui manifeste souvent son empathie, voire sa compassion, à l’égard de Theresa May, a en effet maintes fois affirmé que l’Allemagne ferait tout pour éviter un Brexit sans accord, et que la temporisation était en soi une solution. Elle s’est placée sur la même ligne que le président du Conseil européen Donald Tusk. Emmanuel Macron a, de son côté, mené une campagne beaucoup plus agressive et menaçante en fin de semaine dernière, appelant le Royaume-Uni à trouver une solution politique crédible pour éviter un Brexit sans accord.
Crise européenne
Le message que Theresa May compte subliminalement transmettre à Angela Merkel et Emmanuel Macron, c’est que, bien qu’elle rejette viscéralement le Brexit sans accord, et qu’elle admette que le Royaume-Uni sera le premier à en pâtir, cette crise britannique pourrait bien devenir une crise européenne s’il s’avère que les Vingt-Sept n’approuvent pas à l’unanimité le report du Brexit, et plongent donc l’UE dans la plus grande crise de son histoire. Crise économique évidemment, mais aussi institutionnelle, ce qui serait peut-être beaucoup plus problématique.
Son grand oral restera toutefois celui de mercredi après-midi, face aux 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE. Selon le Guardian, une partie d’entre eux, ceux des pays les plus concernés par le Brexit (Irlande, France, Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Danemark), seront réunis par le Premier ministre belge Charles Michel en début d’après-midi au palais d’Egmont. L’objectif sera de fixer une date et d’éviter des erreurs fatales par défaut de concertation.
Quasiment rien obtenu
Sept jours après l’ouverture des négociations avec l’opposition travailliste, ce qui lui a valu de couper les ponts avec le parti conservateur, Theresa May n’a quasiment rien obtenu. Les travaillistes espèrent toujours obtenir le maintien de l’union douanière. Voir la Première ministre renoncer à l’une de ses fameuses lignes rouges est hautement improbable, et ne garantirait pas un vote positif au Parlement, puisque cette option a été rejetée deux fois depuis trois semaines.
Lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, le négociateur en chef de Michel Barnier a assuré qu’il espérait toujours « un résultat positif » dans ces négociations. Il a aussi rappelé que l’UE soutiendrait l’Irlande en cas de Brexit sans accord, en appliquant le filet de sécurité destiné à éviter le rétablissement d’une frontière dure.
Le Premier ministre irlandais a de son côté confirmé sa préférence pour un nouveau délai. Dimanche, il avait indiqué que si l’un des pays membres opposait son veto à une extension, il ne serait « jamais pardonné« .