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Des incendies de véhicules et quelques saccages de magasins ont eu lieu dans la capitale. A la mi-journée, les policiers décomptaient moins de 10 000 manifestants en France, dont 6 700 à

Le Monde avec AFP

Des CRS à Paris au cours de l’acte XXIII des « gilets jaunes ».

Des CRS à Paris au cours de l’acte XXIII des « gilets jaunes ». YVES HERMAN / REUTERS

Après une semaine marquée par l’incendie de Notre-Dame de Paris, les « gilets jaunes » sont descendus dans les rues de la capitale et de plusieurs villes françaises pour un nouvel « ultimatum » lancé à Emmanuel Macron, samedi 20 avril. Pour leur acte XXIII, les manifestants se sont principalement donné rendez-vous dans la capitale alors que le chef de l’Etat souhaite dévoiler jeudi ses réformes tirées du grand débat, dont l’annonce avait été différée en raison de Notre-Dame.

Quatre défilés ont lieu à Paris :

– deux ont été autorisés, l’un est parti à la mi-journée de Bercy en direction de la place de la République, l’autre est parti de la basilique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour rejoindre le campus de Jussieu (dans le 5e arrondissement) ;

– les deux autres, dont le trajet initial prévoyait un départ depuis le secteur de Bercy, dans l’est de la capitale, pour rejoindre les Halles ou la place de l’Etoile, ont été interdits.

A 14 heures, 9 600 « gilets jaunes » manifestaient dans toute la France, dont 6 700 à Paris, selon un décompte du ministère de l’intérieur. Des chiffres en hausse par rapport à la semaine précédente à la même heure, où la Place Beauvau avait compté 7 500 participants dont 1 300 à Paris.

Selon la préfecture de police de Paris, les forces de l’ordre avaient procédé à 16 h 30 à 189 interpellations, principalement pour « port de matériel offensif », et effectué 17 567 contrôles préventifs. Cent dix personnes étaient placées en garde à vue à la mi-journée, selon le parquet de Paris.

  • Dispersion compliquée à l’arrivée du cortège à République

Peu après midi, plusieurs milliers de « gilets jaunes » sont partis de la place du Bataillon-du-Pacifique, à Bercy, pour se diriger place de la Bastille. Les manifestants étaient majoritairement contenus par les forces de l’ordre le long du boulevard Richard-Lenoir, dans un périmètre allant de la place de la Bastille jusqu’au niveau du métro Richard-Lenoir.

Au croisement entre le quai de Jemmapes et la rue du Faubourg-du-temple, des affrontements ont un moment opposé manifestants et CRS, au milieu de feux de poubelles, de véhicules incendiés et de gaz lacrymogènes. Arrivés place de la République, des groupes de manifestants se sont attaqués à des boutiques avant d’être dispersés à nouveau.

Nos journalistes Aline Leclerc, Pierre Bouvier et Marc Bettinelli sont sur place :

Gilets jaunes : Acte 23

Une liste Twitter par ‎@romaingeoffroy

Manifestation parisienne du 20 avril 2019

  1. Marc Bettinelli

    @MarcBettinelli

    . Juan Branco (@anatolium) et Maxime Nicolle (@FlyRiderGj) sont aussi là

Marc Bettinelli

@MarcBettinelli

Les arrestations se multiplient place de la République

Aline Leclerc @aline_leclerc

Les restes des échauffourées d’il y a quelques heures, scooters et poubelles brûlés bd Jules Ferry et rue du faubourg du temple. Les enfants jouent à nouveau dans le square, des badauds prennent des photos. Les tensions sont toujours vives à 100 mètres sur la place

Pierre Bouvier @pibzedog

Il est pas loin de 16:30, la manif ne se disperse toujours pas, il y a quelques interpellations, quelques lacrymos.

Pierre Bouvier @pibzedog

Aux abords du magasin Go Sport dont la vitrine a été fracassée.

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Aline Leclerc @aline_leclerc

Scène surréaliste : un bus de touristes fascinés par ce spectacle des CRS sortant leur matraque face aux gilets jaunes. Ils sourient, filment la scène, comme un souvenir de vacances. « Filmez, filmez, regardez ce que c’est la liberté en France ! » leur lancent des manifestants.

  • Le métro parisien fortement perturbé

Le trafic du métro parisien est par ailleurs fortement perturbé samedi, la préfecture ayant ordonné à la RATP d’interrompre partiellement le trajet de certaines lignes. Les lignes 1, 6, 8, 9, 12 et 13 sont concernées. Certaines stations sont quant à elles totalement fermées, les trains y passant sans marquer l’arrêt. C’est notamment le cas des stations Charles-de-Gaulle-Etoile, Madeleine ou Opéra.

  • Notre-Dame et les Champs inaccessibles

Fait nouveau à Paris, le préfet de police a interdit tout rassemblement aux abords de la cathédrale de Notre-Dame où certains « gilets jaunes » voulaient converger. Cela serait de « la pure provocation », a déclaré Didier Lallement. « Il n’est pas raisonnable de faire passer des manifestations de 5 000 à 10 000 personnes dans la proximité de Notre-Dame », a expliqué le préfet, évoquant les milliers de touristes ou simples badauds qui continuent d’affluer chaque jour pour se recueillir devant l’édifice.

Comme lors des récentes semaines, les autorités ont également interdit aux manifestations des lieux emblématiques de plusieurs villes – les Champs-Elysées à Paris, l’hypercentre lyonnais ou la place du Capitole à Toulouse – par crainte des débordements qui avaient notamment émaillé le premier « ultimatum » le 16 mars. Les « casseurs se sont à nouveau donné rendez-vous demain, dans certaines villes de France, à Toulouse, à Montpellier, à Bordeaux et en particulier à Paris », a affirmé vendredi le ministre de l’intérieur. Christophe Castaner a par ailleurs fait savoir que plus de 60 000 policiers et gendarmes seraient mobilisés dans tout le pays.

  • Manifestations à Bordeaux, Montpellier et Toulouse

A Bordeaux, traditionnelle place forte du mouvement, 1 500 personnes, selon Sud Ouest, se sont rassemblées place de la Bourse avant de se diriger vers le boulevard Albert-1er. L’itinéraire de la manifestation était canalisé par des forces de police très mobiles bloquant les accès à l’hypercentre, ce qui provoquait quelques face-à-face tendus.

A Montpellier, 1 500 manifestants s’étaient également donné rendez-vous place de la Comédie, selon les chiffres de la police cités par France 3 Occitanie.

A Toulouse, 3 500 personnes, selon la police, se sont aussi rassemblées en début d’après-midi place Jean-Jaurès, précédées par des dizaines de motards en gilet jaune. Les forces de l’ordre ont tiré les premières grenades lacrymogènes vers 14 h 30 dans la rue de Metz, non loin de la préfecture, scindant le cortège, qui s’est ensuite reconstitué dans le calme rue d’Alsace-Lorraine.

L’ampleur de la participation est scrutée avec attention à l’issue d’une semaine où l’incendie de la cathédrale a relégué au second plan la mobilisation des « gilets jaunes », qui réclament depuis cinq mois plus de pouvoir d’achat et davantage de démocratie directe. Sur Facebook, certains disent espérer pouvoir concilier le respect de « l’émoi national » suscité par Notre-Dame avec la dénonciation de la politique du chef de l’Etat, dont ils réclament la démission depuis le 17 novembre 2018, premier samedi de mobilisation.

Samedi dernier, les manifestations des « gilets jaunes » avaient rassemblé 31 000 personnes, dont 5 000 à Paris, selon les chiffres officiels, contestés par les manifestants.