Étiquettes
Après une mobilisation publique qui a attiré des dizaines de milliers de signatures, les parlementaires se sont emparés du sujet en utilisant pour la première fois la procédure de référendum d’initiative partagée. Cette semaine, le Conseil Constitutionnel a donné son feu vert pour la prochaine étape, à savoir la procédure qui doit permettre de rassembler plus de 4,7 millions de signatures.
Vers une nouvelle défaite du gouvernement
Le gouvernement ne s’attendait probablement pas à ce que le sujet soulève une telle opposition. Pourtant, il est emblématique des mauvaises décisions prises depuis des décennies, cette vente à la découpe de notre service public, qui le transforme en rente juteuse privatisée. Vendre Aéroports De Paris était injustifiable, mais la majorité a choisi de tenter l’exercice. Pourtant, l’expérience malheureuse de l’aéroport de Toulouse, racheté par des Chinois, n’incitait guère à tenter de nouveau l’expérience, après avoir montrer comment les intérêts privés peuvent parfois abuser pour tirer toujours plus d’argent. Et l’expérience des autoroutes, entre hausse de tarif et suppression de postes ne fait pas envie.
Il faut remercier ici Coralie Delaume et David Cayla qui se sont battus sur ce sujet, à travers les réseaux sociaux, des papiers et leur pétition. Ce qu’il y a d’incroyable dans la procédure du référendum d’initiative populaire, c’est qu’elle rassemble des députés de l’ensemble de l’opposition, de la France Insoumise au Rassemblement National, en passant par le Parti Socialiste et Les Républicains. Naturellement, la majorité en profite paresseusement pour dénoncer une opération politicienne, mais cela montre surtout que rien ne justifie cette vente d’ADP. Beaucoup de journalistes, y compris de média amis de la majorité, peinent à trouver des raisons pour justifier ce projet de privatisation.
L’évolution du débat laisse augurer d’une défaite pour la majorité. Déjà, la mobilisation d’autant de députés, et l’arrêt de la procédure représentent un sacré revers pour LREM, ce qui a poussé le Premier ministre à dire que « cela pose un vrai et grave problème démocratique », révélant de la sorte la faiblesse de la majorité. Mais où peut-il y avoir le moindre problème démocratique sachant que les députés ont suivi une procédure constitutionnelle, qui a été validée par le Conseil ? Ce faisant, il montre à nouveau les tendances bien peu démocratiques de cette majorité, qui refuse d’être remise en question et qui prend les élections de 2017 pour un blanc seing, qui ne supposerait aucun contre-pouvoir.
Bien sûr, Macron espère probablement que le cap des 4,7 millions de signataires sera impossible à atteindre. Mais cela est assez hasardeux, car les plus de 70% de Français qui n’apprécient pas le président pourrait prendre ce sujet pour manifester leur opposition, d’autant plus que cette idée illustre si clairement l’agenda idéologique du macronisme. Et nul doute que toute l’opposition va se mobiliser pour rassembler les plus de 4,7 millions de signatures nécessaires pour un référendum. Mieux, la crise des Gilets Jaunes et les brèves velléités de référendum du président créent un terrain fertile pour assurer une forte mobilisation et parvenir à réunir un tel nombre de signatures, à mon avis.
Merci à Marianne d’avoir rappelé les conséquences de la privatisation des aéroports Grecs, rachetés par un consortium allemand. Il est clair que dès qu’il sera possible de donner sa signature pour s’opposer à cette privatisation, il faudra se mobiliser au maximum, pour noyer sous la mobilisation populaire ce triste projet et montrer que nous tenons toujours à notre Service Public.