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Macron a réussi une chose : focaliser les élections européennes sur le duel RN / LREM. Dans la dernière ligne droite, la question de celui qui arriverait en tête a saturé le débat, au point de pousser une partie de l’électorat à adopter un vote dit utile, pour ces deux listes. Mais du coup, dans un tel contexte, les résultats du RN et de LREM sont-ils véritablement si bons que cela ?

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Le vote par défaut pour les deux premiers

La manœuvre électoraliste du président est choquante à bien des titres. D’abord, s’engager autant dans une élection sans en tirer la moindre conséquence est totalement contraire à l’esprit des institutions voulues par le Général de Gaulle. Sans forcément demander la démission du président, que son engagement pourrait justifier pour certains, a minima, un gros remaniement ou un changement de premier ministre devraient être à l’ordre du jour. Mais là, malgré l’objectif affiché de devancer le RN, l’échec ne se traduira par aucun changement, démonstration flagrante de l’irresponsabilité de ceux qui nous dirigent. En outre, l’analyse des résultats n’est pas très positive pour la majorité en place.

Déjà, les 22,4% et les 5,07 millions de voix de la liste LREM sont en dessous des 24% et 8,65 millions de voix obtenus par Macron au premier tour en 2017. Finalement, il n’obtient les voix que de 11% des inscrits. Ce léger recul en pourcentage est d’autant moins satisfaisant que cela a été obtenu dans le cadre d’une campagne très polarisée, où il y a eu beaucoup de vote « utile », en faveur de LREM. Sans cela, le cap des 20% n’aurait potentiellement pas été atteint. En outre, il ne faut pas oublier que LR est passé de 20 à 8,5% et comme une part non négligeable est partie vers LREM, cela peut camoufler un affaiblissement qui va au-delà de la perte de près de 3,6 millions de voix en cinq ans…

Pour le RN, tous les compteurs pourraient sembler au vert a priori : une première place, le gain de six cent mille voix par rapport à 2014, et l’effondrement de tous les autres concurrents potentiels pour atteindre le second tour en 2022, mettant la PME politique Le Pen en position de premier opposant à Macron. En effet, la première année du mandat Macron avait été difficile, après le débat du second tour, et l’établissement de Mélenchon et LFI comme premiers opposants. Mais il faut noter que le RN recule de 1,5 points par rapport à 2014 et que nous restons loin des 7,7 millions de voix du premier tour. L’effondrement de LR et le recul de DLF auraient du propulser le RN bien plus haut que cela.

En somme, si la course à la première place leur a probablement fait gagner des centaines de milliers de voix, cela signifie aussi que la pente naturelle des deux premières listes du scrutin était sensiblement plus basse que les scores finalement réalisés, probablement plus proche des 20%. L’artifice grossier de cette course a indubitablement fonctionné, comme le montre l’effondrement des Républicains. Mais ce dopant est artificiel et ne peut marcher à plein que pour cette élection. Dans d’autres contextes, il jouera moins, ce qui pourrait révéler que les deux premiers mouvements politiques de France ne sont pas si forts que cela. En somme, ne sont-ils pas là où ils sont en partie par défaut ?

Si la manœuvre politicienne tout mitterrandienne de Macron peut sembler gagnante à certains, je crois qu’ils négligent un peu trop la force réelle du RN et de LREM, dopés au « vote utile ». Pas sûr que les Français soient toujours réceptifs à ce duel qui ressemble un peu trop à un duo. Je crois que les résultats montrent surtout une insatisfaction politique forte, dont ils pourraient aussi être un jour les victimes.

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