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Le président donald Trump a publié un livre, The Art of the Deal, lequel, avec son émission de télé-réalité The Apprentice, fut l’un de ses outils les plus importants au cours de la campagne présidentielle de 2016. L’image que le candidat a essayé de cultiver est celle d’un multimilliardaire qui n’a pas besoin du poste présidentiel et qui, à la différence de ses concurrents, se charge lui-même du financement de sa campagne. Son argent, il le doit à ses compétences et à sa maîtrise de l’art de conclure des accords, des dons qu’il entend mettre au service du peuple américain pour « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Son génie dans les affaires révèle un homme de caractère capable de se passer de ses amis qui ne sont pas prêts à payer le prix de la sécurité que leur assurent les Etats-Unis, parce qu’au bout du compte, ce qui l’intéresse c’est « l’Amérique d’abord ».
La fortune de Trump est estimée à plus de 3 milliards de dollars. Au cours de sa carrière d’homme d’affaires, il a fait faillite à quatre reprises. Mais, lors de sa campagne électorale, et même après sa victoire, Trump a refusé de dévoiler son dossier fiscal, qui risque de mettre au jour ses liens financiers, notamment avec les Russes qui auraient influencé en sa faveur le cours de l’élection. Malgré tout, Trump a battu ses rivaux républicains aux primaires, ainsi que sa rivale démocrate Hillary Clinton.
Le président des Etats-Unis a continué de promouvoir cette image, en particulier dansles domaines présentant un intérêt particulier pour les Etats-Unis et leurs alliés. Dans le cas du conflit israélo-palestinien, il a parlé d’un marché, le « deal du siècle », dont les détails doivent être dévoilés après la formation du gouvernement israélien et la fin du mois du Ramadan. Et comme il a adopté la méthode du fait accompli en ce qui concerne les questions du statut final (Jérusalem, les réfugiés et les frontières), il ne reste plus grand-chose à négocier. Quoi qu’il en soit, le président palestinien, Abou-Mazen, a rejeté en bloc la médiation américaine, tuant dans l’oeuf ce fameux deal.
Avec la Chine, Trump a commencé par accueillir le président chinois Xi Jinping et son épouse dans sa résidence de Mar-A-Lago, en Floride, dans une tentative ratée d’impressionner le dirigeant chinois. Tout en poursuivant les négociations commerciales, Trump a lancé une campagne contre la Chine pour ses produits de contrefaçon, et a décidé la hausse des droits de douane sur un nombre grandissant de produits chinois. Ceci a amené la Chine non seulement à soumettre les produits américains à des mesures similaires, mais à suspendre les négociations avec les Etats-Unis. Avec la Corée du Nord, Trump a commencé par brandir les menaces, poussant Pyongyang à poursuivre ses essais nucléaires. Ensuite, le président américain a proposé une rencontre avec Kim Jong-un. Les deux hommes se sont réunis à Singapour et l’accord prévoyait que la Corée du Nord renonce au développement de l’arme nucléaire en échange de la levée des sanctions qui lui sont imposées par les Etats-Unis. Pour de tels accords, il est de coutume de fixer un calendrier pour le désarmement, en échange d’un autre calendrier pour la levée des sanctions, mais l’homme doué des deals a insisté sur le fait que la dénucléarisation se termine avant la levée des sanctions. Après des tractations et une nouvelle rencontre avec Kim Jong-un à Hanoi, Trump a menacé de faire de la Corée du Nord un nouveau Vietnam. Trump a suivi la même approche avec l’Iran. Après les menaces, les intimidations et la mobilisation de troupes, Trump a demandé aux Iraniens de décrocher le téléphone pour l’appeler. Téhéran, qui a plutôt coupé tous les ponts, se prépare désormais à la guerre.
Avec la Russie, les relations devaient être excellentes d’après les promesses électorales de Donald Trump, qui a d’ailleurs fermé les yeux sur l’annexion de la Crimée par Moscou. Or, la question de l’ingérence de la Russie dans les élections américaines a réduit à néant la possibilité de cette entente américano-russe destinée à résoudre tous les problèmes mondiaux.
Avec l’Europe, Trump a essayé sans succès d’obtenir plus d’argent de ses alliés de l’Otan qui profitent du « parapluie nucléaire » américain. Le même marché a été fait aux pays amis du Golfe qui ont répondu en signant des contrats d’armes à hauteur de 110 milliards de dollars dont un peu plus d’un milliard a été versé.
Bref, plus de deux ans après son élection, le président Trump n’a conclu aucun des accords promis et, plus grave encore, ses relations avec tous les partenaires qu’il a appelés au dialogue se sont dégradées. La Corée du Nord a amélioré ses relations avec la Corée du Sud, et la Russie et la Chine se sont rapprochées. L’Europe, notamment la France et l’Allemagne, est devenue plus méfiante dans ses rapports avec les Etats-Unis. Décidément, le président Trump n’a montré aucun génie dans le monde des deals, du moins jusqu’à présent ! .
http://hebdo.ahram.org.eg/News/31051.aspx